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Passer en revue les avantages et les idées reçues
Imaginez l’invention du siècle : un fauteuil médical équipé de composants électroniques en parfaite symbiose avec le cerveau et le corps humain. Les scientifiques ont montré qu’il suffit de s’asseoir quelques minutes par jour dans cette chaise pour réduire le stress, la tension, l’anxiété, la dépression, la fatigue, les douleurs, le risque de crise cardiaque et d’AVC, le manque d’attention, le psoriasis, les désordres alimentaires, les dépendances, la solitude, l’asthme et les risques d’accident. Parallèlement, il améliore la performance sous pression, la mémoire, la vigilance, la concentration, l’apprentissage, la guérison, les défenses immunitaires, la gestion des conflits, les relations, etc. Le fauteuil fonctionne avec tous les adultes, partout dans le monde, quelles que soient leurs particularités. Il suffit de s’asseoir. Génial, non ? Eh bien, ce fauteuil existe. En fait, vous n’avez même pas besoin d’un « fauteuil ». Vous n’avez besoin de rien : aucun endroit dédié, aucun équipement, aucun matériel, ni suppléments, ni investissements. Ce fauteuil, c’est la pleine conscience, et elle est bien plus efficace. Et vous savez quoi ? Vous en êtes déjà doté. Vous pouvez vous lancer à tout moment. Nous verrons en détail comment l’utiliser, mais commençons par éclairer certaines zones d’ombres. La pleine conscience n’est pas une croyance : elle est ouverte à tous, indépendamment des religions et des orientations spirituelles de chacun, le cas échéant. Son origine remonte aux pratiques bouddhistes ancestrales, mais elle se base également sur des traditions occidentales et orientales. De plus, l’efficacité des méthodes que je vais présenter a été testée et validée dans des recherches scientifiques. La pleine conscience transcende tous les facteurs géographiques, temporels et idéologiques. Elle est à la portée de chacun. La pleine conscience est en phase avec votre individualité. Vous pouvez la pratiquer seul, à n’importe quel endroit, ou en groupe à un emplacement donné, ou les deux. Vous pouvez l’utiliser ponctuellement, par exemple pour soulager une douleur ou avant un rendez-vous, ou alors régulièrement pour en tirer parti sur la durée, ou les deux. Elle s’intègre facilement aux croyances spirituelles, mais peut également être pratiquée de manière laïque grâce à ses fondements scientifiques. Ou les deux.
Définir la pleine conscience
Qu’est-ce que la pleine conscience ? C’est très simple : la pleine conscience signifie être parfaitement conscient, par opposition à distrait, dispersé ou dissipé. Bref. La pleine conscience, c’est être pleinement conscient. C’est être présent, concentré, efficace et opérationnel sur le plan relationnel. Vous avez peut-être déjà vécu des moments de pleine conscience en regardant votre moitié dans les yeux, en contemplant l’océan, en vous promenant dans les bois ou en écoutant de la musique. Ou alors en étant tellement concentré sur votre hobby que vous ne voyez pas le temps passer. La pleine conscience, c’est quand vous êtes entièrement investi dans l’instant présent. C’est également une méthode que l’on peut pratiquer régulièrement pour améliorer la qualité de vie sur la durée. Jon Kabat-Zinn, figure de proue de la recherche sur la pleine conscience, la définit comme « l’attention objective intentionnellement accordée à l’instant présent ». Il s’agit de se consacrer pleinement au présent, corps et âme, sans aucune interprétation ou explication et sans jugement. Il s’agit de vivre le présent. Cela n’implique pas d’agir, de nier ou de réfléchir : il s’agit d’être pleinement investi. Bien sûr, il est difficile d’éviter ces distractions. Des études montrent que le fonctionnement du cerveau donne lieu à ces décalages, qui engendrent de l’inconfort, de l’insatisfaction et de la déconnexion. C’est tout à fait normal. Cela fait partie de la nature humaine. Mais il est possible d’interrompre ce flux de pensées, émotions et actions qui nous déconcentre. Avec la pleine conscience, on s’investit pleinement. On est impliqué, attentif, vigilant et conscient. On laisse derrière soi les hypothèses et les regrets, on ne se sent plus submergé de travail et on ne redoute plus les défis de demain. On est dans le présent, dans le réel, et on vit pleinement la vie. Même si la vie n’est pas toujours rose. Face à ces difficultés, la pleine conscience nous aide à tirer le meilleur parti de ce que nous vivons, et non pas à éviter la réalité. Ce n’est pas tout : elle donne lieu à un paradoxe intéressant. La pleine conscience est ancrée dans le présent, mais pas de manière statique. Elle est dynamique, avec des effets sur la durée. C’est la deuxième notion importante que vous devez comprendre. En vous entraînant régulièrement à vous concentrer sur le présent,
Connaître les bases de la pleine conscience
Pour certains, il s’agit de la meilleure fin de match jamais vue au cours d’un championnat de basket junior aux États-Unis. En 1983, la Caroline du Nord affronte l’équipe de Houston, grande favorite du tournoi. À 7 secondes de la fin, les 2 équipes étaient à égalité… jusqu’à l’intervention d’un joueur de l’Université de Caroline du Nord (UNC). Un joueur de Houston avait intercepté le ballon, et était sur le point de remporter la partie avec un lay-up. C’était sans compter l’intervention de Dereck Whittenburg de l’UNC, qui saisit le ballon à 2 mains, le faisant rebondir plus près de lui. À 3 secondes de la fin, il tire, à 9 mètres de l’anneau. Un autre joueur de son équipe intercepte le ballon et smashe à la dernière seconde. Ils gagnent le match dans l’hystérie générale. Plus tard, Dereck Whittenburg explique que le coach de son enfance insistait toujours sur les bases du jeu, en lui rappelant de toujours attraper le ballon à deux mains plutôt qu’une. Des années plus tard, sous pression, le geste lui est revenu naturellement. À ce moment charnière, il était pleinement conscient. Quel que soit le domaine et quelles que soient la compétence et la quantité d’expérience, c’est essentiel. Il faut connaître les bases. Il en est de même pour la pleine conscience. Je vais en présenter 4 dans cette formation. Pour les rendre plus claires, nous les appliquerons à des défis concrets. Pour l’instant, voyez-les comme des fondements, des aides pour vous former. Ces bases sont très utiles quand votre esprit refuse de coopérer, en remettant en question tout ce que vous faites au cours de la journée et en vous donnant de mauvaises idées. « Sois jaloux de cette personne ». « Énerve-toi sur ces petits riens ». « Tu n’es pas à la hauteur ». « Ta vie est un échec ». Parfois, ces pensées inutiles nous détournent du présent. Voici comment le neuroscientifique Sam Harris décrit cette voix intérieure. Pour lui, c’est comme s’il était « kidnappé par la personne la plus ennuyeuse au monde, qui n’arrête pas de ressasser les mêmes pensées négatives ». Ces bases ne vous débarrasseront pas de cette petite voix, mais comme nous allons le voir, elles vous aideront à faire marcher votre esprit en votre faveur. Elles vous permettent d’agir de manière réfléchie sans céder aux impulsions. La première base, c’est percevoir. Suivre vos pensées, vos émotions et vos sensations, sans vous laisser emporter ou submerger. Imaginez-vous assis derrière une cascade, face à l’eau qui s’écoule. Vous pouvez la voir et l’entendre, mais vous n’êtes pas dessous.
Méditer
Remarquer → Accepter → Se concentrer
À sa sortie de prison, Nelson Mandela s’est rendu en France pour la première fois. Face aux journalistes lui demandant s’il préférait voir la tour Eiffel, visiter le Louvre, aller au restaurant ou assister à des concerts, il leur a répondu que ce qu’il voulait avant tout, c’était s’asseoir et ne rien faire. Il a expliqué qu’il n’avait pas eu le temps pour cela depuis sa sortie de prison. Ce n’était pas par fatigue. Il n’a pas dit : « J’ai besoin de me reposer ». Il savait très bien ce que cela signifiait : s’asseoir et ne rien faire. C’est une différence subtile, mais essentielle. Il voulait juste prendre le temps d’être. Nous rencontrons le même problème à l’heure où on nous encourage à en faire toujours plus. Au travail, à la maison : il y a toujours quelque chose à faire ou à refaire. Face à cette surcharge d’actions, nous nous justifions : « Au moins, je ne reste pas inactif ». Ne rien faire est mal vu, c’est une perte de temps, c’est irresponsable. Cette surcharge s’intègre peu à peu à notre personnalité et à l’image que nous avons de nous-même. De « je pense donc je suis », nous sommes arrivés à « j’ai des choses à faire donc je suis ». Nelson Mandela comprenait parfaitement ce paradoxe. En prenant des pauses dans cette vie bien remplie, on améliore son bien-être et son efficacité. J’en profite pour passer à notre 4e base : la méditation, qui nous recentre sur l’être plutôt que sur l’action. Il existe de nombreux types de méditation, mais nous allons nous concentrer sur le plus simple qui englobe tous les avantages mentionnés précédemment et toutes les techniques que nous aborderons. La méditation fait intervenir les 3 premières bases de façon intentionnelle. Voici comment utiliser cette méthode. Installez-vous confortablement et concentrez-vous sur votre respiration. Si votre esprit vagabonde, suivez les 3 bases dans l’ordre. Observez le flux de vos pensées sans vous laisser emporter et sans juger, puis recentrez-vous en vous concentrant sur votre respiration. Chade-Meng Tan donne deux excellents conseils pour se lancer dans la méditation. Selon lui, il y a une méthode facile et une « plus facile ». Pour la facile : concentrez-vous sur votre respiration pendant 2 minutes. Soyez conscient de votre respiration, puis observez le processus respiratoire. Si votre esprit vagabonde, revenez à cet état doucement. Ensuite, la méthode plus facile. Laissez de côté vos tâches pendant 2 minutes. Passez de l’action à l’être. Faites-en ce que vous voulez. Pendant 2 minutes, vivez. Il dit également que vous pouvez alterner ces deux méthodes pendant les 2 minutes. C’est une technique pleine de sagesse. Elle facilite la méditation. Méditer régulièrement sur une courte durée est plus efficace que pratiquer sporadiquement. Même en 2 minutes, vous mettrez en lumière des avantages qui vous motiveront dans vos tâches. Ça a fonctionné pour moi et pour bien d’autres. Pour les personnes plus avancées, on recommande de méditer 2 fois par jour sur de plus longues périodes. Les enseignements et les techniques varient. Mais pour tirer parti de la pleine conscience, il vous suffit d’essayer les méthodes dont nous avons parlé. Au-delà, chaque personne aura des préférences différentes. N’hésitez pas à essayer tout ce qui vous intéresse. La méditation est doublement bénéfique. Elle nous aide à être plus conscients en méditant et elle renforce notre capacité de pleine conscience, même quand nous ne méditons pas. Elle touche tous les aspects de notre vie, que ce soit le quotidien, les situations stressantes ou encore les problèmes monumentaux associés aux organisations et à la société en général. L’anecdote de Mandela en France me rappelle l’observation faite par Blaise Pascal des siècles auparavant : les problèmes que nous rencontrons proviennent de notre incapacité à rester seuls et silencieux dans une salle. Cela fait aussi écho à la maxime écrite par Lao Tseu il y a des siècles. En ne faisant rien, on peut tout faire. C’est exactement ce que disait Mandela. Une action authentique. Une action consciente et mesurée qui s’oppose aux réactions spontanées engendrées par cette voix intérieure qui nous pousse à en faire toujours plus. Nous sommes constamment débordés. Prenez le temps d’être, au lieu de faire. Quand vous méditez ou quand vous prenez le temps de vous asseoir et de ne rien faire, vous en faites déjà beaucoup pour vous aider à mieux agir.
Utiliser la pleine conscience
Imaginez : vous partez en voyage d’affaires en hiver dans une région où il fait très froid. Vous aimeriez bien aller vous promener avant de commencer votre journée. Avant de sortir, vous regardez la température : -20 °C, brrrr ! Mais la journée va être longue et vous n’aurez probablement pas le temps d’aller prendre l’air. Vous décidez de sortir. Vous vous habillez chaudement. Équipé de votre parka, de votre bonnet et de vos gants, vous allez braver le froid. Après quelques pas, quelque chose cloche. Vous mourrez de chaud ! Vous vérifiez à nouveau la température : +7 °C ! Vous pensez l’avoir mal lue avant de sortir de chez vous. Mais il est 7 h 30 du matin, le 22 janvier 1943, et vous vous trouvez dans la ville de Spearfish dans le Dakota du Sud aux États-Unis. Ce jour-là, la température est remontée de 27 degrés en l’espace de 2 minutes. C’est une différence extrême en si peu de temps. Il s’agit d’ailleurs du changement de température le plus rapide jamais observé. Donc, pour vous y adapter, vous enlevez votre manteau. Si seulement vous pouviez faire de même pour toutes les circonstances qui changent rapidement. Pour tous les défis qui émergent en un clin d’œil. Pour les hauts et les bas de votre vie professionnelle ou personnelle. La pleine conscience peut vous aider. Dans les vidéos suivantes, nous verrons comment intégrer la pleine conscience à votre quotidien, au-delà de la méditation régulière. Nous aborderons différentes techniques à utiliser dans diverses situations, au travail comme à la maison. Nous verrons aussi comment gérer les défis et les opportunités imprévus. Utilisez ces méthodes validées par des travaux de recherche en toute confiance. J’ai divisé ma liste de méthodes en 2 catégories, selon les besoins, problèmes et questions les plus fréquents. D’abord, les méthodes pour gérer les expériences désagréables, et ensuite, les méthodes pour mieux s’aligner et interagir avec les autres. Chaque catégorie contient des vidéos courtes expliquant comment et pourquoi utiliser chaque technique. Vous verrez vite qu’elles se complètent entre elles. Après, en cas de besoin particulier, vous pourrez y revenir et les mettre en pratique pour gérer la situation à laquelle vous êtes confronté. Le monde change en permanence. Face aux aléas de la vie qui vont et viennent, la pleine conscience vous offre tous les outils dont vous avez besoin pour relever chaque défi et saisir chaque opportunité.
Gérer le stress
Comme le dit si bien l’énigmatique Jessica Rabbit : « Je ne suis pas mauvaise, je suis juste dessinée comme ça ». En d’autres termes, un protagoniste à première vue méchant peut juste être incompris. Idem pour le stress : nous sommes conçus comme ça. En acceptant que le stress fasse partie intégrante de notre nature et en apprenant comment il fonctionne, nous pouvons mieux le gérer. Pour assurer la survie des premiers humains, le cerveau a évolué pour prioriser l’attention aux menaces et au danger. Pour simplifier l’explication scientifique complexe de ce processus, voici une explication de Kristin Reiss, spécialiste du cerveau. Nous avons un cerveau intelligent (le cortex préfrontal) et un cerveau de détresse (le système limbique). Confrontés à une menace, par exemple un ours dans les bois, ce qui lui est d’ailleurs arrivé, à Kristin Reiss et à nos ancêtres, le cerveau de détresse prend le dessus et active les réactions de survie. Cela nous a aidés à évoluer. Ces réflexes sont utiles en cas de danger mortel, mais ils ne se sont pas adaptés à la vie moderne. Les réactions restent les mêmes, que vous soyez confronté à un ours affamé ou à un manager mécontent. Nous sommes beaucoup trop stressés, beaucoup trop souvent. Aujourd’hui, les facteurs de stress sont partout, et notre corps a tendance à réagir aux petits aléas du quotidien de manière démesurée. Nous sommes conçus pour pouvoir fonctionner ponctuellement en mode détresse, pas toute la journée. C’est comme si vous essayiez de faire la sieste, mais que l’alarme incendie de votre immeuble se mettait à sonner toute la journée, vous forçant à évacuer le bâtiment. Au-delà des désagréments, de la baisse de productivité et des dysfonctionnements comportementaux, cet état permanent peut entraîner des problèmes de santé graves. Nous devons aider notre cerveau intelligent à reprendre le dessus. De nombreux travaux scientifiques ont prouvé l’efficacité de la pleine conscience dans la lutte contre le stress. Ces études analysent généralement la pratique régulière de la méditation, donc n’oubliez pas de vous exercer ! Mais vous pouvez également agir en cas de crise ponctuelle, quand le stress contamine votre cerveau. Je vais vous présenter une technique inventée à l’origine par Michele McDonald. Elle utilise l’acronyme RAIN, facile à retenir. Chaque lettre représente une étape à suivre dans l’ordre. Un, le R de Reconnaître. Concentrez-vous sur vos pensées, émotions et sensations. Que ressentez-vous précisément ? Identifiez chaque élément : cœur qui bat trop vite, estomac noué, sensation d’être submergé. Deux, le A de Accepter. Après les avoir identifiés, laissez les réactions au stress tranquilles. N’essayez pas de les réprimer ou de résister : cela ne ferait qu’amplifier et prolonger les effets. Ne soyez pas trop dur envers vous-même concernant ces réactions. Elles font partie de notre nature. Ce sont des mesures que notre cerveau de détresse déclenche. Acceptez ces réactions temporaires. Trois, le I de Investiguer. Vous pouvez ensuite commencer à analyser ces sensations. Calmement, demandez-vous par exemple : Que signifient ces réactions ? Que sollicitent-elles ? Pourquoi surviennent-elles maintenant ? Vous vous rendrez peut-être compte que vous avez peur du ridicule, ou que vous craignez de ne pas être à la hauteur. Il est important de comprendre la signification de ces éléments. Ce sont des scénarios liés aux réactions face au stress. Ces significations se superposent au flux de pensées, sensations et émotions que vous ressentez.
Enfin, quatre, le N de Non-identification. Les 3 premières étapes mettent les réactions en perspective. Maintenant, observez comment votre corps et votre esprit réagissent. Comme dans la métaphore de la cascade, vous êtes derrière la chute d’eau, pas dessous. Vous observez le stress, les symptômes et leur signification sans vous laisser emporter par le courant. Il s’agit là de la non-identification : ces symptômes et ces scénarios ne définissent pas votre personnalité. Ils ne font pas partie de votre identité. Ce sont juste de simples symptômes et scénarios. Au lieu de dire « Ma vie est un échec », dites plutôt « J’ai le sentiment d’avoir échoué à cette tâche ». C’est une différence mineure, mais significative. La deuxième option vous donne la possibilité d’agir différemment. La première est fataliste. C’est une vérité inéluctable, une prison dans laquelle vous vous mettez. Et surtout, c’est faux. Biologiquement parlant, ce n’est pas un échec : vous ressentez juste des symptômes et des scénarios passagers. Laissez-les passer. La méthode RAIN vous permet d’éviter de vous retrouver sous la cascade et de vous faire emporter. Elle vous permet de faire le vide et le calme pour utiliser votre cerveau intelligent et mieux réagir, sans laisser la panique prendre le dessus. Recentrez votre esprit stressé avec la méthode RAIN.
Gérer les peurs et les craintes
Elizabeth Gilbert explique que si vous passez votre main au-dessus d’un aquarium, le poisson ira se cacher pour éviter l’ombre que vous créez. Elle ajoute : « Ce poisson ne sait ni écrire ni chanter. Il ne connaîtra jamais l’amour, la jalousie ou le succès, et son cerveau est aussi petit qu’une tête d’épingle ». Mais ce poisson sait qu’il faut redouter l’inconnu, tout comme nous. Nous l’avons vu, la peur, utilisée ponctuellement et de manière adéquate, nous a permis d’évoluer. Mais aujourd’hui, nous avons plus de peurs et de craintes que nécessaire. Dans cette vidéo, quand je parle de peur, je parle de la peur qui s’installe là où elle n’a pas lieu d’être et qui nuit à notre bien-être. La peur, c’est comme un aquarium. C’est une cage que nous nous construisons, qui limite nos choix et qui nous empêche de vivre toutes les expériences qui sont normalement à notre portée. La peur n’est pas seulement une sensation désagréable : c’est une prison. Comme l’a dit l’écrivaine Marilyn Ferguson, « La peur s’oppose à la liberté ». Peur d’être mal à l’aise, rejeté, abandonné. Peur de manquer des moments, d’échouer, de ne pas être à la hauteur, d’agir bêtement, de devoir changer, de perdre, de manquer une opportunité, de perdre du temps, de gâcher sa vie, de vieillir, de mourir. La vie est plus agréable sans ces aquariums-prisons. De cette manière, vivre avec la peur, ce n’est pas une vie. Cela nous empêche de vivre dans le présent. Au lieu de nous ancrer dans l’instant, la peur nous projette dans l’avenir et ses multiples possibilités que nous redoutons, à tort. Nous sommes angoissés. Nous ne profitons pas du présent. Nous ne profitons pas de la vie. Sans pouvoir gérer la peur de manière saine et efficace, nous revenons aux instincts primitifs de nos ancêtres pour survivre, sans vivre vraiment. Comme le poisson dans l’aquarium, nous craignons ces ombres que nous avons créées. Comme tout cela vient de notre esprit, la pleine conscience peut vous aider. Comme l’a dit le poète Rainer Maria Rilke, « Peut-être que toutes les choses qui font peur sont au fond des choses laissées sans secours qui attendent que nous les secourions ». Cette citation rappelle une technique de pleine conscience efficace contre la peur. Faites une pause et respirez. Ensuite, identifiez la peur. Qu’essaye-t-elle de vous faire ressentir, penser ou faire ? Sans résister, laissez-la vous envelopper. Accueillez-la. Aidez-la. La peur nous suivra toute notre vie : quand elle arrive, accueillez-la comme vous accueilleriez une vieille connaissance. Laissez-la vivre. Mieux encore : voyez-la comme une amie ou un enfant vous demandant votre aide. L’une de mes amies a un fils de 4 ans qui a peur du noir. Elle lui a dit : « Je sais que tu as peur, je suis là pour toi ». « Je serai toujours là si tu as peur ». Une nuit, elle a entendu son fils l’appeler en panique. Il avait fait un cauchemar. Le temps d’arriver jusqu’à sa chambre, il s’était déjà calmé et lui dit : « Merci d’être là pour moi ».
Gérer l’autocritique et les doutes
Le poète romain Perse a dit : « Nous nous soucions du passé au lieu de profiter de demain ». Cela vaut aussi pour le présent, quand nous passons notre temps à penser à nos échecs et à nos défauts. Je ne parle pas des critiques constructives qui vous aident à vous améliorer, mais des critiques constantes qui vous entravent. Je parle des échecs, des rejets et des maladresses qui s’attaquent à votre assurance et à votre estime de vous-même. En plus d’essuyer des échecs, nous sommes assaillis de pensées négatives : « Tu n’es pas à la hauteur ». « Tu ne mérites pas ça ». « Tu n’y arriveras jamais ». « Tu as l’air ridicule ». L’avantage de la pleine conscience est qu’elle permet de penser plutôt à ce que vous diriez à un proche se faisant les mêmes réflexions. Vous ne diriez jamais : « Tu devrais ressasser tes erreurs pour te mettre des bâtons dans les roues », ou « Tu devrais penser plus souvent à tes défauts pour éclipser tes qualités »… Vous ne feriez jamais cela à quelqu’un, alors pourquoi vous infliger ces tourments ? La pleine conscience, c’est pouvoir compatir avec soi-même. C’est agir envers soi de la même manière qu’on agirait face à un proche ou un ami en difficulté. Si vous êtes envahi de doutes et d’autocritique, rappelez-vous qu’il s’agit de pensées qui vont et viennent, et qui peuvent être remplacées par d’autres pensées. Dites-vous ce que vous diriez à un proche : « Tout le monde peut se tromper, ne te focalise pas là-dessus ». « Qu’est-ce que cela t’apprend ? », ou encore : « Mais tu as tellement d’autres qualités ». « Comment vas-tu t’en servir pour progresser ? » Après tout, ce monde manque un peu de gentillesse, non ? Tout commence avec vous. Dans les temps difficiles, faites preuve de compassion. Et comme le dit le Docteur Dan Siegel, « Le bien-être psychologique repose avant tout sur la compassion envers soi-même ». Autrement dit : se sentir bien, être serein, sans dépression, sans honte et sans autocritiques, en bonne santé physique, avec de meilleures défenses immunitaires, avoir un mode de vie sain, manger sainement, etc. Mais on me dit souvent : « Cette compassion envers soi, c’est un peu égoïste, non ? » Voyez comment votre voix intérieure peut vous remettre subtilement en question. Face à trop d’autocritique, elle vous reproche de prendre soin de vous. La manière dont nous nous mettons des bâtons dans les roues est simplement incroyable. Dans cette situation, laissez-vous aller. Observez la gymnastique autodestructrice de votre esprit. Ensuite, respirez et trouvez l’autre voix, celle que vous utilisez pour encourager les autres. Rappelez-vous des consignes de sécurité quand vous prenez l’avion. En cas d’incident, les masques à oxygène sortent automatiquement de leur compartiment. Avant d’aider vos voisins, vous devez impérativement mettre le vôtre. Si vous ne le faites pas, vous serez très vite incapable d’aider qui que ce soit et de l’enfiler vous-même. Dans l’avion comme dans votre tête, chaque instant compte. Quand l’autocritique prend le dessus et s’attaque à votre assurance, la compassion devient votre masque à oxygène, pour vous et ceux qui vous entourent.
Lâcher prise
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Un jour, pendant l’un de mes premiers cours de ju-jitsu, je m’exerçais contre un joueur expérimenté. Il m’a immobilisé la tête et le cou en m’entourant avec ses jambes. J’ai essayé de les repousser et de me dégager, sans succès. Je lui ai donc tapoté la jambe. C’est le signal utilisé pour demander à un autre joueur de lâcher prise. Il a ri, et je lui ai dit : « Tu m’as bien eu ». Il a répondu : « Non, tu as fait ça tout seul ». Il riait parce que la manière dont j’avais attrapé sa cheville resserrait la prise au lieu de la détendre. Il m’a dit « Bravo, tu as inventé un nouveau mouvement ». Il n’avait jamais vu quelqu’un se laisser piéger avec autant d’ardeur. Ce n’était pas une grande réussite ni une grande nouveauté, comme j’ai pu le constater plus tard. Ce n’est pas nouveau : trop souvent, nous nous accrochons au lieu de lâcher prise. C’est particulièrement difficile quand, comme moi au cours de ju-jitsu, on ne se rend pas compte que l’on s’accroche. Petite question pour vous : Quelles choses laisseriez-vous derrière vous si vous le pouviez ? Ou alors : à quelles choses vous accrochez-vous contre votre gré ? Essayez cette méthode. Quelles pensées ou émotions vous affectent profondément et régulièrement ? Peut-être que vous vous focalisez sur vos erreurs passées, ou sur les défauts de quelqu’un qui vous a déçu… et vous vous sentez blessé ou en colère dès que vous y repensez. Nous sommes tous marqués par des pensées de ce genre. Elles reviennent régulièrement et leur emprise peut durer longtemps, mais avec la pleine conscience, on peut changer de perspective et lâcher prise. Peut-être que ces pensées ne s’accrochent pas à nous : nous nous accrochons à elles, sans le savoir. Il y a une différence subtile, mais cruciale entre identifier ces pensées et s’y accrocher une fois qu’elles apparaissent. Pour utiliser une métaphore : votre pensée est un ballon gonflé à l’hélium qui flotte devant vous. Vous pouvez l’attraper et le tenir longtemps contre vous sans trop d’effort, ou lâcher prise pour le laisser s’envoler. Les ballons, vous en verrez bien d’autres. La pleine conscience, ce n’est pas ignorer ces ballons et faire comme s’ils n’existaient pas, car ils viendront toujours par dizaines, en permanence. La pleine conscience nous aide à choisir lesquels garder et lesquels observer sans les attraper ou les évaluer. Les ballons s’en iront d’eux-mêmes sans aucune intervention de notre part. N’attrapez pas les mauvais qui vous entravent, choisissez les meilleurs qui vous aident. Une autre métaphore pour la route : vous assistez à un concert, et le groupe commence à jouer une chanson que vous n’aimez pas. Vous n’allez pas monter sur scène pour leur demander de jouer autre chose. Vous n’allez pas enregistrer la chanson, quitter le concert et la jouer en boucle tout en vous énervant. Mais bien souvent, c’est précisément ce que nous faisons avec nos pensées et nos émotions. Nous les enregistrons et nous nous les passons en boucle. Ne résistez pas. Ne les ressassez pas. Vous en découvrirez d’autres. Nous nous mettons généralement dans cette situation en résistant à ces pensées intempestives. La résistance peut être utile, mais pas dans ce cas. Le sommeil est un très bon exemple. Si vous n’arrivez pas à dormir, vous n’irez nulle part en vous entêtant et en vous exhortant à trouver le sommeil.
Atteindre le sommet de la performance
Mon ami Jim vit à Colorado Springs, une ville dominée par Pikes Peak, une montagne qui s’élève à 4 300 mètres. Il a 6 enfants, et leur fait tous passer un rite de passage à leurs 10 ans. Ce rite, c’est gravir la montagne. Tous les enfants doivent le faire. La dernière fois, c’était sa fille Amy. Ils arrivent à 6 h du matin, il fait noir et Amy a hâte de se lancer. Ils commencent par gravir une série de pistes accidentées avec un bon dénivelé. Une heure plus tard, ils arrivent à la fin de la piste, et comme ses frères et sœurs avant elle, Amy commence à douter. Il reste beaucoup de chemin à parcourir. L’ascension leur prend 6 h au total, soit plus de 21 km de marche et 2 400 m d’escalade verticale. Avant d’arriver à mi-chemin, Amy pense qu’elle n’y arrivera pas. Elle a des difficultés, elle a peur. Mais Jim l’encourage sans relâche. Il lui dit d’apprécier la beauté du paysage. Il lui dit qu’il est fier d’elle, et qu’elle sera fière de son exploit si elle continue encore un peu. Aujourd’hui, Amy et son père sont au sommet de la performance. Cet exemple nous montre comment la pleine conscience peut nous aider à atteindre des sommets même dans les plus grands défis émotionnels, physiques et mentaux. Le travail de recherche fondateur dans ce domaine a été réalisé par Mihaly Csikszentmihalyi de l’Université de Chicago. Dans les années 70, il a étudié la performance de pointe chez des personnes du monde entier. Depuis, de nombreux chercheurs enrichissent ce travail. M. Csikszentmihalyi appelle cet état de performance le « flow », ou flux. C’est l’état où la performance vient d’elle-même, comme une rivière. C’est un état de pleine conscience. C’est être entièrement concentré sur l’action. Cet état est caractéristique des athlètes, artistes, musiciens, danseurs, écrivains et développeurs au summum de la performance. C’est aussi un état que vous pouvez atteindre dans votre vie personnelle et professionnelle. Voici 4 conditions pour accéder à cet état de flux et de performance optimale. Un : se concentrer pleinement sur une tâche. Attention soutenue. Une seule tâche à la fois et non plusieurs. Prenez du temps et limitez les distractions pour vous concentrer pleinement sur votre défi. Deux : défi de taille, compétence élevée. Si c’est trop facile, on se lasse. Si c’est impossible, on abandonne. Il faut rester dans le courant du flux, avec des défis suffisamment difficiles et une compétence élevée. Trois : définition de la réussite. Définissez avec précision votre objectif. S’il n’est pas clair, vous ne serez pas assez concentré. Pour réussir, vous devez connaître votre critère de réussite. Quatre : retours en temps réel sur la progression. Si vous savez exactement où vous vous situez par rapport à votre objectif, vous pouvez poursuivre sur votre lancée ou faire les ajustements nécessaires pour revenir sur la bonne voie. Pour revenir à mon exemple, Jim a appliqué ces 4 conditions. Il a réservé un jour précis pour l’ascension. Il a choisi un défi nécessitant de la persévérance. Il avait un objectif clair : le sommet. Et enfin, il encourageait sa fille constamment. De plus, il connaissait parfaitement les pistes et leur balisage. Il pouvait encourager sa fille en lui disant qu’elle aurait une belle vue sur la ville quelques mètres plus loin. Nous pouvons faire la même chose qu’eux. Essayez de créer ces 4 conditions pour améliorer votre performance. Cela en vaut la peine.
Une étude de McKinsey a montré que les dirigeants d’entreprise étaient en moyenne 5 fois plus productifs en état de flux. 5 fois ! Le flux améliore la performance, mais pas seulement. Repensez à Jim et Amy. On peut chiffrer la distance parcourue, mais pas la valeur de cette ascension. Amy a appris qu’elle pouvait persévérer pour atteindre des sommets dont elle n’aurait jamais rêvé. Jim a renforcé ses liens avec sa fille et lui a appris à avoir confiance en elle, ce qui l’aidera toute sa vie. Tel est le pouvoir du flux. Comme l’a dit Csikszentmihalyi, ces moments d’immersion et de concentration totales peuvent être les meilleurs de notre vie. Selon votre état par rapport au flux, l’ascension de Pikes Peak peut être un triomphe ou un désastre. Nous aurons tous une expérience similaire au cours de notre vie. Inutile de vous laisser aller ou de souhaiter que tout se passe bien. Prenez l’initiative et préparez-vous à la performance optimale. Utilisez les 4 étapes. Comme Jim, n’attendez pas que la performance tombe du ciel : prenez les devants et créez vos conditions de flux.
Renforcer la compassion
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Dans ses mémoires, l’écrivaine Caroline Paul dit : « On ne peut jamais connaître quelqu’un complètement ». De toute façon, mieux vaut aimer. La pleine conscience inclut une pratique de méditation axée sur la compassion : l’amour bienveillant. Pour commencer, pensez à une personne qui vous est chère avec compassion. Souhaitez-lui du bonheur, la santé et de la sérénité. Étendez ensuite votre attention à davantage de personnes, toujours plus. Vous pouvez même penser à l’échelle du monde entier. Répétez-vous la même chose, souhaitez-leur du bonheur, la santé et la sérénité. Cela peut sembler étrange aux débutants. Après tout, on n’améliore pas la vie des autres avec un simple souhait. Rendons-nous le monde meilleur avec notre seule volonté ? Qui sait ? Mais la compassion a d’autres avantages. Elle vous permet d’élargir votre perspective, d’interagir avec les autres de manière plus authentique et profonde, de vous débarrasser de la négativité, de remonter le moral des autres et d’aider les gens en difficulté. C’est une attitude dont on peut être fier. Il faut propager la compassion. Pas besoin d’être un idéaliste pour la développer individuellement. Elle est objectivement utile. Partout, tout le monde peut souffrir des difficultés, des catastrophes, des maladies, de la douleur, du chagrin, de la trahison, de la peur, du deuil et de la mort. C’est un fait, et face à ce fait, quand vous en avez conscience, vous pouvez facilement vous sentir submergé. Cette souffrance est partout, de notre famille au monde entier. Mais alors, comment vivre notre vie face à autant de souffrance ? Compte tenu des difficultés auxquelles chacun de nous est et sera toujours confronté, nous pouvons choisir d’agir avec plus de compassion. Je ne suis pas bouddhiste, mais je trouve cette citation pleine de sagesse : « Agir dans la joie face à la souffrance du monde ». Je me rends compte combien il est inutile de redouter ou d’ignorer cette souffrance, cela n’aide personne. Mais en faisant preuve de compassion dans les moments difficiles, je m’aide et j’aide les autres. Voici un exemple. Tara Brach raconte l’histoire d’un homme au supermarché. À la caisse, il est derrière une femme avec un bébé. Il s’énerve en se disant qu’elle aurait pu aller à la caisse prioritaire. Mais là, la femme montre le bébé à la caissière, qui s’extasie devant sa petite frimousse. Il en a marre, il est énervé, mais comme il pratique la pleine conscience, il respire profondément et se concentre sur la scène. Il y voit de la joie. Quand arrive son tour, il dit à la caissière que le bébé était vraiment mignon. Elle lui dit : « Merci, c’est ma fille ! » Elle explique que son mari est mort récemment et que sa mère vient la voir un petit peu tous les jours pour qu’elle puisse passer un petit moment avec sa fille au travail. Au lieu de la frustration, le client a choisi la compassion et profite de ce moment de bonheur partagé avec la caissière, qui lui est reconnaissante. Cela me rappelle la citation du Dalaï-Lama qui dit : « Pour faire le bonheur des autres, agissez avec compassion ». Pour être heureux, agissez avec compassion. Les études l’ont montré. Les recherches ont identifié un lien clair entre la compassion et la santé, le bien-être et la vie sociale. Mais qu’en est-il de la compassion envers les individus qui ont fait des choses horribles ? Je n’en sais rien, et je trouve cela difficile. Mais je trouve que Joseph Goldstein a dit des choses intéressantes concernant la compassion envers les terroristes ayant tué des innocents. Selon lui, nous pourrions souhaiter à ces individus d’être libérés de la haine, de l’ignorance et des facteurs qui les poussent à agir ainsi. Comme il le dit, c’est une possibilité. Mais pour la plupart d’entre nous, le défi est d’éprouver de la compassion pour nos semblables, pour ceux qui nous ressemblent, tout en faisant au mieux avec ce que nous avons pour nous améliorer, parfois sans succès. C’est simple, mais c’est parfois difficile. Vers la fin de sa vie, Aldous Huxley a dit : « Il est embarrassant de se rendre compte qu’après avoir passé sa vie à étudier la condition humaine, le seul conseil qui nous vienne à l’esprit soit : “essayez de faire preuve d’un peu de compassion” ». Je ne pense pas que ce soit un échec, c’est très profond. Plus le temps passe, plus je vois mes erreurs et mes défauts, et plus je comprends les tragédies et les difficultés des autres : face à cela, j’apprécie toujours plus les moments d’amour, de joie, de bonheur et de partage qui peuvent sembler si rares et brefs. Chaque jour, nous croisons sans le savoir des gens en détresse, des gens qui souffrent. Mais nous n’avons pas besoin de les connaître pour faire preuve de compassion.
Aider les enfants et les jeunes
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Comme on le dit, les enfants, c’est l’avenir. Un jour, un ami ayant 3 enfants m’a dit en plaisantant : « Si c’est le cas, avec les miens, le monde n’est pas tiré d’affaire ». Les enfants peuvent effectivement être difficiles à gérer, comme nous le verrons. Mais en pratiquant la pleine conscience, vous pouvez sensiblement aider les jeunes de votre entourage. Une étude de la Harvard Business Review a montré que les enfants étaient très affectés par le stress professionnel de leurs parents. La pleine conscience peut les aider. Une étude de l’UCLA a par exemple montré qu’elle améliorait les compétences parentales, et le comportement des enfants. Ils s’entendaient mieux avec leurs frères et sœurs, étaient moins agressifs et plus sociables. Juste parce que leurs parents pratiquaient la pleine conscience. Actuellement, des travaux de recherche analysent des méthodes de pleine conscience que les parents, les encadrants et les enseignants pourraient transmettre, pour aider les enfants à mieux gérer le stress et les conflits, à avoir plus d’assurance, à mieux communiquer, à mieux interagir, etc. Appliquons cela aux enfants et aux jeunes de votre entourage. Les méthodes dont nous avons parlé peuvent être adaptées à ces personnes. C’est assez facile, en fait. Demandez-vous comment vous pourriez les présenter d’une manière intéressante, attrayante et utile pour eux. Attention, les enfants sont facilement distraits : vous devez garder leur attention en les divertissant ou en les captivant. Commençons par un exercice d’écoute. Avec votre enfant, prenez une minute pour écouter. Dites-lui d’écouter tous les bruits qui vous entourent. Demandez-lui ce qu’il a entendu. Le résultat peut être surprenant. Les enfants écoutent et pensent de manière très différente. L’un de mes amis a une fille de 5 ans. Quand il lui a demandé ce qu’elle entend, elle n’a pas décrit avec des mots ou des concepts. Elle imite le son des oiseaux, des moteurs de voiture et du vent dans les arbres. C’est une performance. Mon ami et sa femme sont musiciens, donc peut-être que leur fille a l’oreille musicale aussi. La respiration peut aussi être adaptée facilement. Le Docteur Dan Segal propose l’activité des Trois respirations. Prenez une pause et respirez 3 fois. Un, deux, trois. Demandez à votre enfant ce qu’il a ressenti pendant ces respirations, et parlez-en. Vous pouvez faire des exercices similaires en mangeant ou observer ce qui vous entoure en vous promenant à la campagne ou en ville. Si votre enfant a des difficultés à l’école ou à la maison, le Docteur Kristin Race propose une variation des Trois respirations. Prenez votre enfant dans vos bras, et respirez 3 fois ensemble. Ce lien vous rapproche, et rassure votre enfant tout en lui apprenant à se recentrer à l’aide de sa respiration. Ensuite, encouragez la gratitude. Aidez les jeunes de votre entourage à mieux apprécier les personnes et leur vie en général. La gratitude ouvre de nombreuses portes. Elle aide les jeunes à s’épanouir. Ils sont plus performants à l’école, plus heureux et accomplis, et interagissent mieux avec les autres. Chaque jour, demandez à vos enfants quelles personnes les ont aidés, si leur journée s’est bien passée, etc. Y a-t-il des gens à l’école ou des membres de la famille qu’ils voudraient remercier aujourd’hui ? Vous pouvez utiliser des questions similaires pour les aider à renforcer leur compassion ou à la mettre en pratique. Je connais quelqu’un qui disait toujours la même chose à ses enfants en les déposant pour le 1er jour d’école. Cherche celui qui n’a pas d’ami et dont tout le monde se moque. Deviens son ami, et invite-le à la maison après l’école. Quelle belle leçon de vie. Enseignez les méthodes de pleine conscience aux jeunes. Ils comprendront mieux le fonctionnement de leur esprit, leurs sentiments et leur comportement, et seront plus à même d’utiliser leur esprit à leur avantage. Cela les aide à construire leur avenir, et peut-être le nôtre par extension.
Aider les leaders
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Mark Bertolini était directeur d’Aetna, entreprise du classement Fortune 100. En 2004, il a eu un grave accident de ski. Le cou brisé, paralysé du bras gauche, il souffre aujourd’hui de douleurs chroniques. Il dit : « C’est comme si on me brûlait le bras en permanence avec une torche ». La douleur n’est jamais partie. Il souffre encore aujourd’hui. Il a essayé tous les traitements et toutes les méthodes alternatives, et ses collaborateurs lui ont conseillé d’arrêter de travailler. Mais il ne voulait pas baisser les bras. Il s’est alors tourné vers la méditation, la pratique de la pleine conscience et le yoga, qui l’ont aidé à poursuivre son travail. Mais il est allé beaucoup plus loin que cela. Il ne se serait jamais douté qu’il deviendrait un meilleur leader. Mais c’est ce qui est arrivé. En pleine crise économique, la pleine conscience lui a permis de garder la tête froide et d’inspirer ses collaborateurs avec son leadership éclairé. Ses efforts ont payé : il est devenu PDG en 2010. Fort de son succès, il a organisé des programmes de pleine conscience dans son entreprise qui ont permis à ses employés de réduire leur stress et de gagner en productivité. L’entreprise a réalisé un ROI de 11/1 avec ces programmes. Des initiatives similaires ont été déployées dans de nombreuses sociétés du classement Fortune 500. Bill George, enseignant en Leadership éclairé à Harvard et membre du conseil d’administration de Goldman Sachs, a dit : « En intégrant la pleine conscience en leadership, on est conscient de son impact sur les autres. On peut observer et vivre chaque moment tout en adoptant une vue à long terme sur ses actions ». C’est exactement ce qu’a vécu Mark Bertolini dans l’hystérie générale causée par la crise : ses collaborateurs désorientés avaient besoin d’un leader à la tête froide capable de les guider. Bill George explique également que « la pratique régulière de la pleine conscience aide les leaders à se concentrer et à prendre des décisions éclairées, à transformer leur organisation de manière créative, à être plus à l’écoute de leurs équipes et de leurs clients et à donner vie à leurs idées avec assurance ». D’ailleurs, j’utilise la plupart des méthodes présentées dans ce module dans le cadre de mes sessions de coaching avec les dirigeants. Cela les aide à mieux gérer le stress, la pression et la peur, à être plus confiants et à gagner la confiance des autres, à gérer les personnes difficiles et à bien équilibrer leur travail et leur vie personnelle. À la maison comme au bureau, ils sont plus épanouis. Mark Bertolini est un homme exceptionnel sur de nombreux plans, mais tous les leaders pratiquant la pleine conscience peuvent faire de même. M. Bertolini vous le confirmerait. Ne faites pas comme lui. N’attendez pas pour vous lancer dans la pleine conscience. Nous attendons toujours trop longtemps. M. Bertolini utilisait la pleine conscience non pas pour être un meilleur leader, mais pour soulager sa douleur. C’est là le miracle de la pleine conscience. Elle va bien au-delà du défi que nous nous fixons. Après tout, on pourrait aussi dire cela des leaders, non ? M. Bertolini l’a fait. En se rendant compte des avantages, il a aidé les autres à devenir plus proactifs grâce à la pleine conscience. Vous aussi, vous pouvez le faire. Appliquez la pleine conscience à vos interactions professionnelles. La pleine conscience améliore le leadership. N’attendez pas le dernier moment pour la mettre en pratique, préparez-vous dès maintenant à relever les défis et saisir les opportunités.
Créer des liens
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Le 14 février 1990, nous avons vu pour la première fois quelque chose d’entièrement nouveau. Une chose si minuscule, mais si importante. Une chose qui a poussé beaucoup de gens à repenser à ce qui nous lie aux autres et à notre place dans l’univers. Nous en reparlerons bientôt, mais laissez-moi d’abord vous rappeler les principes de la pleine conscience concernant les liens. La compassion crée des liens invisibles avec les autres quand nous acceptons les différences et les défauts de chacun. Ceux qui pratiquent la pleine conscience savent que la compassion peut aussi créer des liens bien plus larges. La pleine conscience est ouverte à tous. Elle transcende les religions, les croyances et les orientations spirituelles. Beaucoup de belles choses ont été dites sur ces liens qui nous rapprochent des autres. Par exemple, John F. Kennedy a dit : « Notre premier lien, c’est d’habiter tous ensemble sur cette planète. C’est de respirer le même air. C’est de vouloir donner un avenir à nos enfants. C’est d’être mortels ». On a beau l’oublier ou le nier, ce lien existe bien. D’autres pensent qu’il existe encore plus de liens qui nous unissent à nos semblables et à d’autres choses. Comme l’a dit Carl Sagan, si vous voulez faire une tarte aux pommes à partir de rien, il vous faudra d’abord créer l’univers. Tout est lié. À partir de là, même les choses les plus infimes peuvent avoir des liens importants et une signification propre. Un brin d’herbe par exemple. L’écrivain Henry Miller explique qu’en se concentrant sur toute chose, même sur un simple brin d’herbe, on prend conscience de l’incroyable immensité de l’univers. Il rejoint Sagan sur ce point. Pour créer un brin d’herbe, il faut d’abord créer l’univers. Cela m’évoque cette citation de Walt Whitman qui dit : « Je crois qu’une feuille d’herbe n’est en rien inférieure au labeur des étoiles ». Le lien est bien plus vaste ici. Nous voici donc le 14 février 1990, jour où l’humanité a pu se rendre compte du bien-fondé de cette perspective. Nous revenons aussi à Carl Sagan. C’est grâce à lui qu’a été prise la célèbre photo « Un point bleu pâle », qui représente la Terre. Après plusieurs années dans l’espace, la sonde Voyager 1 s’apprêtait à quitter le système solaire. Sagan a demandé à la NASA d’utiliser le système photographique de la sonde pour photographier la Terre, à une distance de 6 milliards de km. Sur cette photo remarquable, la Terre n’est qu’un petit point. Elle est insignifiante, comme un petit pixel. Un grain de sable perdu dans l’infinité de l’univers, éclairé par les rayons du soleil. Cette photo invite à la réflexion. Voici ce qu’en a dit Carl Sagan. « Vue d’aussi loin, la Terre peut paraître insignifiante, mais il n’en est rien pour nous. Regardez encore ce petit point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Sur lui se trouvent tous ceux que vous aimez et que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. […] Tous les saints et pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu ici, sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil ». On ne s’en rend pas compte en se levant le matin pour aller au travail, mais par une belle nuit étoilée sans nuages et sans éclairage urbain, on pense différemment et on se questionne sur la place de notre planète dans l’univers. C’est comme un test de Rorschach pour évaluer notre perspective. Que voyez-vous ? Sommes-nous isolés, sur notre petite planète vulnérable ? Ou sommes-nous liés à un tout beaucoup plus vaste ? Je l’ignore, mais je sais que la pleine conscience nous invite à réfléchir à notre place dans tout cela. À aller au-delà de notre individualité et à nous ouvrir à toutes les implications de cette infinité de liens. C’est une belle pensée. Nous sommes le fruit du labeur des étoiles. J’aime beaucoup ce que dit Alan Watts à ce sujet : « Que ressentez-vous en regardant les étoiles ? Par une nuit étoilée sans nuages dans le désert ou à la montagne, vous prenez conscience de l’immensité de l’univers. Nous nous sentons si petits, mais c’est une erreur. Nous sommes aussi liés à cette immensité qui fait partie intégrante de ce qui nous rend uniques ». Si cela résonne en vous, tant mieux. Si cela vous laisse de marbre, soit. Comme je l’ai dit, la pleine conscience est en phase avec votre individualité. Tous ses avantages s’offrent à vous et rien qu’à vous. Pas besoin d’acheter ou de croire quoi que ce soit, ou d’obtenir la permission de qui que ce soit. Elle vous permet de créer des liens aussi vastes ou étroits que vous le souhaitez, si vous le souhaitez. Elle transcende les jugements et les croyances. Elle n’exclut pas, elle crée des liens.
Conclure sur la pleine conscience
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Matthieu Ricard, biologiste devenu moine bouddhiste, est considéré par les scientifiques comme l’homme le plus heureux du monde. Mais il ne le revendique pas lui-même. En méditant sur la compassion, les parties de son cerveau liées au bonheur ont atteint des niveaux d’activité dépassant toutes les mesures jamais documentées dans ce domaine. Et ce, avec une activité négative minimale. Comme le montrent les études scientifiques, M. Ricard explique que « notre esprit nous accompagne toute la journée ; il peut être notre meilleur ami ou notre pire ennemi ». J’en arrive donc au 1er des 3 points principaux à retenir pour cette fin de formation. Un : soyez clément envers votre esprit. Acceptez ses particularités et ses défauts. Acceptez qu’il soit impossible de se débarrasser complètement du stress et des pensées négatives. Personne ne peut le faire. Sans la perfection, ne pas être à la hauteur n’est pas un échec. C’est très important. Si votre esprit vous déçoit, ne soyez pas déçu. Faites preuve de compassion. Vous n’avez qu’un esprit. Deux : mentorez votre esprit. En pratiquant la pleine conscience, vous saurez exactement quand votre esprit dévie de vos objectifs. Cela vous permettra d’agir de manière éclairée pour vous recentrer sur votre personnalité et vos bonnes intentions. Avec la pleine conscience, vous choisissez d’agir, au lieu de réagir. Ne vous contentez pas de suivre votre esprit : mentorez-le. En cas de réticence, ne vous fâchez pas, cela ne mène à rien. Ne lui donnez pas les rênes non plus. Mentorez-le. Vous avez tout ce qu’il faut pour le faire. Utilisez les bases présentées dans cette formation. Percevez. Acceptez. Recentrez-vous. Méditez. Utilisez la pleine conscience pour gérer ponctuellement les expériences désagréables, renforcer votre alignement personnel et mieux interagir avec les autres. C’est ainsi que l’on mentore son esprit. Faites-le régulièrement, comme l’explique le point suivant. Exercez votre esprit. Jusqu’à récemment, on pensait que le cerveau adulte ne pouvait pas changer. Ce n’est pas le cas. Le Docteur Richard Davidson a étudié l’activité de M. Ricard dans le cadre de ses recherches sur le fonctionnement du cerveau, et il a été inclus dans la liste des 100 personnes les plus influentes du magazine Time. Les neuroscientifiques disent : « Des neurones qui s’excitent ensemble se lient entre eux ». Il est maintenant évident que la pleine conscience aide à recentrer et renforcer ces liens qui pilotent nos pensées, émotions et actions. Comme le dit le Docteur Davidson : « L’esprit influe sur le cerveau, qui change et influe ensuite sur l’esprit ». C’est l’une des grandes découvertes des temps modernes, car elle est de grande valeur et elle est à la portée de tous. Qui que vous soyez, où que vous soyez, vous pouvez la mettre en pratique et en tirer parti à long terme. Ces avantages sont à votre portée, mais vous devez faire l’effort de pratiquer et de vous exercer régulièrement. Intégrez la pleine conscience à votre routine. Chaque minute de méditation et de pratique vous aidera aujourd’hui et demain, si vous êtes régulier. Faites preuve de compassion. Mentorez votre esprit. Exercez votre esprit.