La métamorphose de Franz Kafka est l’une de ces pièces qui vous laisse réfléchir longtemps après l’avoir terminée. Ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme qui se réveille devenu un insecte, mais une réflexion philosophique profonde sur l’aliénation, l’identité et l’absurdité de l’existence humaine.

D’un point de vue existentialiste, la transformation de Gregor Samsa peut être considérée comme une métaphore du sentiment d’être pris au piège dans une vie que nous ne reconnaissons plus comme la nôtre. Combien de fois nous sentons-nous étranges dans nos propres peaux, déconnectés de qui nous sommes, spectateurs de notre propre vie ou de ce que les autres attendent de nous ? Gregor, en devenant un insecte, représente ce sentiment extrême de déshumanisation, de devenir quelque chose qui ne correspond plus au monde, même pas à sa propre famille.

Kafka nous confronte avec une idée clé de la philosophie existentialiste : l’isolement de l’individu. Gregor, dans sa nouvelle forme, est incapable de communiquer, d’être compris ou accepté. Cet isolement n’est pas seulement physique, il est existentiel. C’est ici que résonne la pensée de Jean-Paul Sartre et son idée selon laquelle « l’enfer c’est les autres ». Gregor est rejeté et craint, et bien qu’il reste le même en lui, son apparence le condamne à la solitude et à l’oubli.

De plus, La Métamorphose nous parle aussi de l’absurde, un concept qu’Albert Camus développe dans sa philosophie. La transformation de Gregor n’a ni explication ni sens, et c’est justement le but. Dans un monde absurde, les choses arrivent sans raison apparente et nous, en tant qu’êtres humains, sommes obligés de les affronter sans avoir de réponses. Gregor ne se demande pas pourquoi il est devenu un insecte ; il essaie simplement de s’adapter, de continuer sa vie. Mais finalement, l’absurde l’écrase.

Gregor perd sa valeur aux yeux de sa famille au moment où il ne peut plus travailler ni répondre aux attentes sociales. Sa transformation physique reflète une vérité plus profonde : nous sommes vulnérables à perdre notre place dans le monde lorsque nous cessons de remplir les rôles qu’ils nous imposent.

La métamorphose est un avertissement sur la fragilité de l’identité et la déconnexion entre l’être humain et son environnement. Kafka nous rappelle que, dans ce monde rempli de normes, d’attentes et de jugements, la véritable tragédie consiste à perdre le lien avec notre propre humanité et, dans ce processus, à être oubliés ou écartés par ceux qui devraient nous comprendre.

L’œuvre de Kafka nous laisse une question inquiétante :

Combien de notre identité est définie par les autres ?

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