Ode aux mots, poésie
Les mots ne sont pas innocents Les mots ne sont jamais anodins.
Ils filent parfois comme le vent, légers et fugitifs, mais ils peuvent aussi graver des traces aussi profondes qu’un ouragan.
En un instant, ils construisent des mirages ou brisent des certitudes.
Ils élèvent les âmes ou les précipitent dans l’abîme.
Ils sont la promesse d’une joie éclatante ou le poids d’une peine silencieuse.
Les mots sont des semences, et chaque phrase qu’on prononce est un champ qu’on sème.
Parfois, deux mots semblent semblables, des “synonymes” nous dit le dictionnaire, mais il suffit de les entendre pour sentir la différence.
Un mot mal placé, et la vérité chancelle.
Mal utilisés, ils trahissent la pensée, forcent l’idée à se tordre, détournent le sens, manipulent les cœurs.
Les mots ne sont pas des parures, ni de simples outils.
Ils sont la substance de nos rêves, les briques invisibles de la pensée humaine.
Ryszard Kapuściński l’avait bien compris : “Les guerres ne commencent pas avec les armes, mais avec les mots.”
Avant le fracas des bombes, il y a le tumulte des discours.
Le langage de la haine précède toujours les éclats de la violence.
Les mots ne sont ni innocents, ni impunis.
C’est pour cela qu’ils exigent de nous respect et vigilance.
Si nous ne respectons pas les mots, c’est nous-mêmes que nous trahissons.
José Saramago, ce maître des mots, nous l’a enseigné :
“Les mots ne sont pas une chose inerte qu’on manipule à sa guise.”
Ils méritent d’être pensés avant d’être dits, car chaque mot qui quitte nos lèvres est une part de nous qui s’en va.
Ils ne sont pas là uniquement pour “communiquer”, mais pour témoigner de ce que nous sommes.
José de Sousa Saramago (Azinhaga, 16 novembre 1922-Tías, 18 juin 2010) était un écrivain portugais. En 1998, il a reçu le prix Nobel de littérature. Source
Bas de page
Liens : Vérifie l’étymologie des mots