Sois
Highlights
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Bhakti-Yoga signifie aimer ou être en dévotion devant sa véritable nature, s’unifier à elle. Votre adoration doit être dirigée vers votre origine et il vous faut devenir un avec elle.
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Tant que vous demeurez dans l’idée « ceci est bien, ceci ne l’est pas ; ceci est à faire, ceci est à éviter » vous continuez à suivre une religion, obéir à un rituel. Quand vous aurez pris conscience de tout cela, dépassez tous ces concepts et alors seulement vous vous établirez dans l’être.
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Il est un verset du saint Tukaram qui dit : « le résultat est déterminé par la puissance de la foi ».
V. : Peut-on dire que seule la foi est agissante ?
M. : La qualité du résultat correspondra à l’intensité de la foi investie, qu’il s’agisse de l’évolution de ce Japa intérieur ou de quoi que ce soit.
V. : Et cette foi est sans cause ?
M. : Sa cause primordiale est la certitude que « je suis ».
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Si votre besoin d’atteindre la vérité est intense, alors le résultat sera rapide.
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Voici ce qu’il faut faire, à la lettre : mangez votre faim d’exister, mâchez sans arrêt celte avidité du « je suis », ce besoin d’être. Demeurez continuellement présent à vous-même, accrochez-vous à ce sens d’être, sans défaillance.
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Le sens du « je suis », le sentiment « je suis » n’est pas fait de mots, il est antérieur à l’émanation des mots. Soyez là continuellement, plongez-vous dans cet état antérieur aux mots, assistez à l’apparition des mots.
V. : Mais quand il faut faire face à une difficulté, un problème, comment faire ?
M. : Quand vous récitez continuellement un mantra et que vous observez, que faites-vous ? Vous consommez votre prana, votre souffle vital, c’est une étape nécessaire. Tout d’abord, effectuez cette répétition intérieure sans son, sans écho mental. En l’effectuant, observez sans arrêt le mantra et ce faisant vous absorberez sans arrêt le prana.
Ce processus vous permettra de vous établir, de vous fixer dans cette certitude « je suis ». Voilà tout ce qu’il faut faire. Vous récitez continuellement le mantra sans le prononcer, vous l’observez sans défaillance et vous absorbez votre souffle vital, voilà le truc.
V. : Mais on ne peut pas tout le temps réciter le mantra, il faut travailler, traverser la rue, dormir…
M. : Si vous le récitez avec intensité chaque fois que c’est possible, si vous ne l’oubliez pas, il ne vous oubliera pas et il se poursuivra de lui-même, il deviendra automatique et vous n’aurez plus qu’à l’écouter intérieurement. Cela se produira spontanément si vous pratiquez. Faites-en votre seconde nature.
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Un homme jamais ne connaîtra la vérité, c’est uniquement le Brahman qui connaîtra le Brahman.
V. : Ce n’est que lorsqu’on devient conscience totale que l’on connaît la conscience ?
M. : La connaissance est déjà là, ce que vous avez à découvrir est l’ignorance. Lorsque quelqu’un vient ici et dit : « je sais ceci, je sais cela », je lui réponds : « c’est deux ou trois ans après votre naissance que vous avez été amené à prendre conscience de votre existence, alors ne me parlez pas de votre savoir. Vous ne savez rien, votre propre existence vous ne l’avez constatée que trois ans plus tard, alors pourquoi parler ainsi ? »
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Croyez-moi, il n’y a pas à travailler, il n’y a rien à faire, qu’à demeurer tranquille. Tant que vous serez absorbé par cet univers du corps et des concepts, les mots défileront sans cesse. Quand vous en serez dégagé, ce flux de mots cessera et vous serez à même d’observer la fin du corps.
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J’ai l’impression qu’il y a une sorte d’élément appelé nourriture avec lequel est formé ce corps nommé corps-nourriture. Si vous êtes plein d’idées fausses, vous accordez alors une existence réelle à ce corps-nourriture mais il me semble que votre enseignement implique que ce corps-nourriture, en fait, n’existe pas – que ce n ’est qu’un concept.
M. : De quel niveau prononcez-vous ces paroles ? Comprenez-vous réellement que ce corps n’est pas actuellement là et que son existence est liée à vos idées ?
V. : C’est une opinion que je me suis faite après vous l’avoir entendu dire.
M. : Je l’ai dit mais en êtes-vous convaincu ? Avez-vous pris conscience de cela ?
V. : Si c’était le cas, je ne serais pas ici.
M. : Exactement
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Le réel signifie l’état ultime et le premier. C’est l’état le plus ancien, primordial, éternel, absolu. Sur cela est apparu l’état illusoire comme un revêtement, comme un nuage, comme une flétrissure. C’est à cette apparition qu’est liée la constatation « je suis », ses événements, son constant besoin d’aller et venir. Cet état illusoire étant apparu, il doit nécessairement disparaître car il est relié au temps, mais nous sommes émotionnellement attachés à cet état. Emotionnellement signifie la conviction d’être ce « je suis ». Donc, pour que se dissipe cet état illusoire, lié au temps, il faut transcender cette connaissance émotionnelle « je suis ». Tant que ce nuage n’est pas dissipé l’état primordial n’apparaîtra pas. L’état primordial n’est pas à conquérir, il est déjà là, il faut simplement éliminer ce qui fait écran.
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C’est l’illusion initiale, elle possède tous ces noms émi-nents, tous ces titres Yogmaya, Mahashweri… Il ne s’agit pourtant que du pouvoir de Maya. Cet état initial produit sa propre lumière, son propre rayonnement. Dès l’éveil, « l’auto-luminosité » se manifeste et vous percevez un espace. C’est votre lumière qui éclaire l’espace intérieur où apparaît l’espace extérieur. C’est donc bien votre rayonnement, votre lumière qui se répand partout, c’est dans votre lumière qu’apparaît l’espace qui vous entoure, c’est grâce à elle qu’il est perçu. Comme le rayon du soleil est l’expression du soleil lui-même, votre monde ne peut pas exister en-dehors de votre conscience. Il est l’expression de ce « je suis ». Ce monde est votre manifestation.
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Vous avez la certitude d’être. Cette connaissance devient plus tard non-connaissance, ce qui est l’ultime prolongement de la connaissance. Comparons ceci à l’eau. Vous avez un récipient d’eau, vous la voyez, vous la touchez. Elle s’évapore et il n’y a plus rien. Vous pensez probablement qu’elle est détruite mais il n’y a pas eu de mort, pas eu de destruction. L’eau n’est pas annihilée, elle est devenue nuage, abondance, fertilité.
Similairement, quand cette connaissance d’exister devient non-connaissance, elle se fond dans l’Absolu Cet être devient non-être, il n’est plus tangible, mais cela ne signifie pas qu’on l’a tué ou détruit ! Quand le « je suis » se dissout dans l’infini, ce qui était manifesté, perceptible, devient insensible, intangible. Inversement, dès qu’une trace de « je suis » commence à poindre, tout le cosmos soudain est là et dès qu’il disparaît, tout s’efface, tout s’éteint.
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M. : Je dois comprendre la cause de ce principe qui m’a fait perdre mon identité profonde, véritable. Comprendre comment j’ai identifié cela, ici, à ma véritable nature. Qu’est-ce ? Je dois le découvrir, le reconnaître et le dépasser.
V. : Ramana Maharshi dit dans un livre que le « je suis » est la cause de tous les problèmes et qu’il faut remonter en arrière, toujours en arrière pour le dissoudre – et quand vous l’avez entièrement dissout demeure le sens de ce que vous êtes réellement.
M. : Il faut remonter ainsi en arrière, se retirer, s’ame nuiser ou alors comprendre ce qui s’est produit devant. Ce qui doit être compris est le principe-même par lequel vous vous efforcez de comprendre.
Cramponnez-vous à cela, allumez la torche. Ne courez pas avec votre torche derrière l’obscurité. Dès que la torche est allumée, l’obscurité se dissipe, vous n’avez pas à bouger.
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Bodhi signifie la connaissance et Sattva l’essence produite par la nourriture. De Sattva, de l’essence des aliments et du souffle, a surgi ce « je suis ». Dès qu’il y a un corps, il y a ce principe intérieur « connaissance je suis ». En transcendant ce principe intérieur, vous devenez Bouddha.
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Le seul moyen de sortir d’un tourbillon est de se placer au centre, là où il tourne sur lui-même, de plonger et d’en sortir. Il faut se dégager de ce tournoiement d’idées.
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Laissez vos pensées tranquilles. Vous êtes antérieur à vos pensées, alors comportez-vous en conséquence. « Vous êtes », vous êtes le terrain où poussent ces pensées.
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D’abord, cette présence est apparue et c’est le pivot, la base. Dès que je vois que cette sensation d’exister a surgi sans cause, je vois également qu’elle est à la racine de cette identification avec le corps et l’intellect.
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Prenez conscience d’abord de « je suis », puis devenez le témoin du « je suis » et ce faisant transcendez ce « je suis ».
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M. : Méditez sur ce qui vous permet de savoir que vous êtes, ce qui vous permet de connaître le monde. Considérez ce principe vous donnant la certitude d’exister, ce principe par lequel vous connaissez et vous-même et le monde. Ne vous demandez pas sur quoi l’on médite, soyez le thème même de votre méditation.
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L’ignorant meurt avec une quantité de concepts : il va aller au ciel, en enfer, etc. Comme il meurt accroché à ses concepts, ils peuvent acquérir une forme concrète. Dans ce monde d’ignorance nous sommes liés par les traditions, les rituels, les conventions, les sciences, les idées.
Au moment de la mort, l’ignorant est lié à ses concepts et il se produit ce qui est en concordance avec leur contenu. À l’entité ou au principe qui a découvert tout cela, qui a perçu que même le concept « je suis » est une illusion, rien ne peut arriver. Il a pris conscience de ce qu’était son être et il l’a transcendé.
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Un vieillard dit « je suis un vieil homme », la connaissance de ce vieil homme comprend également « j’ai été un enfant ». Ce je n’est-il pas le même je qui continue depuis l’enfance ?
V. : Oui, le même.
M. : Méditez sur ce je. Qu’a-t-il de commun avec l’enfant et le vieillard ? Qu’est-ce qui est constant ?
V. : Ce que je voulais dire est que je ne suis pas toujours conscient de ce je.
M. : Qui dit cela ? Quel est l’imbécile qui dit qu’il ne le sait pas. Qui peut exprimer cette absence de savoir si ce n’est le savoir lui-même, votre être lui-même ? Un centenaire dira « j’ai cent ans », ce principe « je » du vieillard est le même depuis son enfance, constant, continu. Ce vieil homme marche complètement courbé, est-ce que cela signifie que son être a vieilli ? C’est uniquement du point de vue du corps qu’il pourra dire qu’il a vieilli. Nous parlons d’un sujet élémentaire. Très peu de gens s’efforcent de voir ce qu’est ce « je ». La plupart sont totalement accaparés par le monde objectif. Et pourquoi personne ne se concentre sur la conscience, sur ce sens d’être
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J’entends dire beaucoup de choses. Les gens discutent, contestent, ont des points de vue opposés. Je ne cherche pas à les réconcilier, je les écoute simplement. Je ne pense pas au passé. Les gens racontent tant de choses, revendiquent tant de concepts, de raisonnements. Je dis « oui, oui, très bien » mais je ne m’attache pas à ce qu’ils disent
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Beaucoup de gens très savants versés dans les écritures viennent ici pour parler avec moi. Je ne discute pas avec eux, je ne conteste pas leurs idées, je ne veux pas les ennuyer. Mais, un peu plus tard, je leur dis « tout ce que vous avez dit est vrai mais rappelez-vous d’une chose, ce que vous êtes actuellement, cet état de conscience, est la plus grande des tricheries, il ne durera pas ».
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Certains sages, certains yoguis, ont des pouvoirs. Us peuvent se déplacer par lévitation, disparaître d’un endroit et apparaître soudain à un autre, contrôler leur respiration et avoir accès dans de nombreux mondes. Tous ces pouvoirs existent mais, malgré tout, de tels yoguis n’ont pas une maturité suffisante pour avoir accès au réel.
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Certains estiment être pleinement réalisés et ils viennent me voir pour exposer leur savoir. Je leur dis « très bien, vous avez la connaissance, mais pouvez-vous me dire pourquoi vous êtes venus ici si vous avez compris que toutes choses existent d’abord en vous ? »
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Vous aimeriez perpétuer cette découverte « je suis », vous aimeriez disposer de l’éternité pour y appuyer ce « je suis ». Il est survenu spontanément, spontanément il disparaîtra, vous n’avez aucun pouvoir susceptibles de prolonger ce principe, il vous faut bien le comprendre. Le moment essentiel est celui où vous vous stabilisez dans votre être et le comprenez totalement.
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Quand vous aurez mûri et posséderez la connaissance du réel, ne découragez pas ceux qui demeurent dans l’erreur ou l’ignorance. Ils ne vivent que par des concepts, ils sont maintenus par leurs croyances et leurs espoirs. Sous prétexte que vous avez réalisé votre véritable nature n’allez pas contester leur façon de vivre, n’allez pas leur dire qu’ils vivent dans l’erreur. Les idées et les théories peuvent se concrétiser, devenir tangibles, mais en aucun cas elles ne peuvent être éternelles, laissez à ces ignorants la possibilité de le découvrir.
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V. : N’ayant plus de forme, vous n’avez plus de problèmes.
M. : Cette entité réalisée est pur témoin du monde et de l’ensemble du manifesté, aucun élément du corps ne peut l’atteindre. Elle est témoin aussi de l’être.
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vous faut fouiller, enquêter sur ce que vous êtes. Vous avez la certitude d’être, sur quoi cette certitude est-elle fondée ? Personne ne cherche dans cette direction, personne ne se demande « pourquoi suis-je, comment suis-je, pourquoi cette êtreté, de quoi dépend-elle ?
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Qu’entendez-vous par mort, un mot courant pourtant, une notion courante ? Cette conviction « je suis » a disparu, la certitude « je suis » est partie, voilà ce qu’est la mort !
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Libérez-vous, ne pensez plus à vous-même et vous serez libéré des pensées. Chaque fois que vous voulez penser, vous pensez à quelque chose qui n’est pas vous, même lorsqu’il s’agit d’une noble pensée comme Dieu. Dieu est un mot distinct de vous et si vous souhaitez y penser, très bien, mais pouvez-vous penser à votre être réel ? Là est la question !
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M. : Qui connaît l’être avant la conception et l’être de quoi ? Si vous aviez été conscient de l’être avant la conception vous n’auriez certainement pas souhaité être porté par votre mère.
V. : Je ne me souviens pas.
M. : C’est impossible, il s’agit d’un état sans attention, comment pourrait-il être question de mémoire ! Avec l’être apparaît plus tard l’attention et l’être est déjà présent durant la gestation mais en sommeil. Cette frontière entre l’être et le non-être, cet état limite on l’appelle Mulmaya ou de quelques autres noms glorieux. C’est un état de non-attention – néanmoins, le commencement de l’attention est là. Voici un objet (Maharaj montre son briquet), avant d’exister quel était son nom ? Du non-être à l’être comment a-t-il pu être observé ?
Vous avez simplement senti cette trace de « je suis ». Avant d’observer quoi que ce soit, on éprouve cette trace de « je suis ».
Réaliser cet état antérieur à la conception, quel qu’il puisse être, résider dans cet état éternel est la plus haute réussite. Pour vous aider je fixe un nom à cet état, il est connu comme Parabrahman, l’Absolu
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J’ai des questions étranges à vous poser. Avant ma naissance, ma conception, qui m’a introduit, sous quelle forme ? Mon père ou ma mère ? sous quelle forme ?
Si j’avais un aspect, une forme, une couleur avant la conception, il serait possible de m’introduire dans la matrice, est-ce le cas ? Celui qui résout cette énigme arrive à la conclusion que cet être et tout ce monde manifesté n’ont aucune réalité.
Lorsque l’être était absent, il n’y avait aucun besoin de science, de savoir. Confrontés à une telle question, même les plus grands dieux, Brahma, Vishnou, ont fermé les yeux, sont entrés en samadhi et ont disparu.
V. : Ils n’ont rien fait ?
M. : Que pouvaient-ils faire ? Présentement, vous éprouvez l’être à la suite de votre association au souffle vital. Parce que ce souffle fonctionne, agit, vous savez que vous êtes. Quand cette association avec l’être ne sera plus que ferez-vous ? Pourrez-vous faire quelque chose ?
V. : Que puis-je faire pour obtenir la connaissance ?
M. : Ne faites rien, cramponnez-vous à vous-même, plongez-vous dans cet être, soyez cette êtreté. elle vous dira comment elle se transforme en non-êtreté. Je vous dis donc une seule chose : emparez-vous simplement de cette trace de « je suis », accrochez-vous à elle, contemplez-là, ne faites rien d’autre.