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Renoncez à la superstition, qu’elle soit du sens  commun ou de la religion, car c’est la même chose. Essayez de vous incliner devant l’évidence plutôt que  devant l’Autorité.

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Lorsqu’il était jeune, Bankei (maître Zen japonais du  dix-septième siècle) découvrit dans un texte confucéen la  description d’une mystérieuse « Vertu Lumineuse » et dé­cida de trouver ce que c’était et comment l’acquérir, à  n’importe quel prix. Ayant consulté en vain tous les  maîtres de l’époque, il résolut de chercher tout seul et  entreprit de pratiquer zazen en solitaire (méditation as­  sise dans la position du lotus, le dos droit et les jambes  croisées correctement). Voici un extrait de sa propre  version des faits : « Ayant découvert une grotte dans la montagne, j’y  entrais et m’assis là tout nu, sans me soucier des  aspérités du roc. Il m’arrivait de rester en zazen  pendant sept jours sans manger. Une fois assis, je  m’abandonnais totalement à ma méditation, indiffé­rent à ce qui pouvait arriver, au péril même de ma  vie. Je restais souvent assis en lotus jusqu’à tomber  du rocher, d’épuisement. Comme il n’y avait per­sonne pour m’apporter de la nourriture, je jeûnais  souvent pendant des jours et des jours. » Il continua ainsi jusqu’à perdre tout espoir de vivre,  jusqu’à être presque mort, en fait. C’est alors, et seule­ment alors, qu’il lui apparut soudain qu’il était sur la mauvaise voie depuis le début et qu’il avait dépensé toute  cette énergie pour rien. Il réalisa qu’il était cette Vertu Lumineuse qu’il languissait de trouver. Passant du lan­gage de Confucius à celui du Bouddha, il la rebaptisa le Non-Né, qui est notre Véritable Nature à tous. «Il est  plein de sagesse et de lumière. Comme il n’est jamais né il  ne meurt jamais… Et par lui toutes choses sont bien  organisées». Il se guérit miraculeusement vite et devint i  bientôt un maître Zen réputé. Son thème favori était le . Non-Né, dont chacun pouvait voir qu’il était en lui de­  puis toujours. Il était absurde d’essayer de le gagner, de  l’atteindre ou de le réaliser, cela ne servait qu’à nous  empêcher de le voir. Le Non-Né, la Vertu Lumineuse, |  notre Véritable Nature et notre Guérison 

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qu’est-ce  donc sinon cette Immobilité Absolue classée Force 1 sur  notre échelle de stress? Ainsi cette échelle est inversée,  comme un gigantesque sablier. La Vertu Lumineuse, le Non-Né, le Tao, le Secret de la Vie Sans Stress, l’immobilité Absolue, la Ligne de Base, le | Bout du Monde - quel que soit le nom que vous lui donnez - est en nous. C’est parfaitement évident dès le début, et  toute cette ambition spirituelle, tout cet effort mortelle­  ment stressant pour y parvenir est injustifié et ridicule. Et pourtant, non. Il est tout à fait naturel et normal que  nous commencions tous à chercher dans les hauteurs ce  qu’on ne peut trouver, en fait, que dans les profondeurs

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Les sages authen­  tiques nous mettent sans cesse en garde contre toutes les  formes de surenchère spirituelle et nous conseillent en  particulier de n’accorder aucune attention et de ne sur­  tout pas cultiver les siddhis ou pouvoirs magiques

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comme dans la « Divine Comédie » de Dante, le chemin d’évasion de l’Enfer ne monte pas  pour s’échapper vers l’extérieur, il plonge tout au fond  et passe à travers.

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Votre rôle essentiel est très facile, et c’est le sujet de ce  livre. Vous devez observer consciemment ce petit jeu  d’ascenseur à partir du seul lieu où il n’y ait place pour  aucun jeu, le seul lieu d’où il puisse être observé, de toute  façon: l’Espace Immobile, votre Ligne de Base, le Bout  du Monde, l’Œil Unique qui enregistre en ce moment ces  mots, cet assortiment de synonymes pour le désigner Lui-  même. Autrement dit, c’est par implosion que vous tra­  verserez le stress pour découvrir l’absence de stress. Par la  suite, il vous sera difficile de trouver quoi que ce soit  d’ennuyeux !

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C’est le stress qui construit tout, entretient tout, détruit  tout, délimite tout, paralyse tout, et c’est lui encore qui  est là lorsque tout vous abandonne. Seul, libre de tout  stress, cet inexprimable et inimprimable que VOUS ETES,  d’OÙ VOUS VENEZ, Cela seul ne perd jamais de sa fraî­  cheur, ne se ternit jamais, ne s’use jamais, ne perd jamais  son génie, son dynamisme. Le nom que j’aime lui donner  est celui emprunté à Goethe : Mère Nuit. Non pas pour  m’aider à le comprendre, mais pour me rappeler que je ne  le pourrai jamais.

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