Livre de Maud Ankoua sur la Spiritualité et le Développement personnel, écrit comme un roman initiatique
Highlights
Avec des yeux d’enfant
«Maëlle, si ta tête et ton cœur sont ailleurs, comment vas-tu faire pour vivre sereinement ce voyage? Quel bonheur vas-tu y trouver? — Oh, Maya, atterris! Je ne suis pas là pour me faire plaisir, c’est pas les vacances! Je viens chercher ce qu’une amie m’a demandé et je rentre en France retrouver ma vie. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, tu vois bien? — Tu es en train de me dire que quelqu’un t’a forcée?» Je soupirai bruyamment. «Maya, tu es intelligente, ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Romane est gravement malade, si ces écrits peuvent l’aider d’une façon ou d’une autre, je me devais de venir, non? — D’accord, mais maintenant que tu as fait le choix d’être là, pourquoi ne vivrais-tu pas cette expérience dans la joie plutôt que la contrainte? — Mais comment puis-je prendre un quelconque plaisir ici? Je ne veux pas t’offenser, mais regarde, seule la misère domine, le froid, la poussière, aucun réseau de communication, une électricité bancale, un confort précaire, une chambre d’hôtel pourrie! J’ai l’impression de revenir plusieurs siècles en arrière! — Tu as raison, les conditions de vie sont différentes de l’Occident, cependant je pense que ton mal-être vient d’ailleurs. — Ah oui, tu crois ça, toi? Et d’où vient-il à ton avis, toi qui as l’air de tout savoir? — Des idées préconçues que tu te fais de cet endroit.» Il est vrai qu’elles n’aidaient pas à embellir le triste spectacle que Maya ne semblait pas voir de la même façon. La serveuse déposa sur la table les deux verres brûlants. Elle s’inclina devant nous et disparut. «Nous sommes samedi, tes collaborateurs doivent se prélasser à l’heure qu’il est. Oublie ton téléphone, il ne te sera plus utile ce soir, tends ton visage aux derniers rayons du soleil et profite de cet instant.» Je bus une gorgée brûlante. Maya avait raison, je n’obtiendrais plus rien de Paris.
Avec des yeux d’enfant
Chaque instant que tu perds à être malheureuse ne te sera jamais rendu. Tu sais où commence ta vie, mais pas quand elle s’arrête. Une seconde vécue est un cadeau que nous ne devons pas gâcher. Le bonheur se vit maintenant. Si tu penses qu’être ici est une obligation, tu vas vivre des moments difficiles ces prochaines heures, car la montagne est un miroir géant. Elle est le reflet de ton âme… Le reflet de ton état d’être. Tu as le choix de saisir l’opportunité qui t’est offerte, d’expérimenter ce voyage autrement, en arrêtant de comparer ce que tu es, ce que tu sais, ta culture, ton niveau de vie, ton confort. Si tu acceptes d’observer, sans juger, avec un regard neuf, en oubliant tout ce que tu as déjà vu, alors malgré toutes ces différences, tu découvriras un monde nouveau dans lequel tu pourras prendre un plaisir supérieur à celui que tu connais.
Avec des yeux d’enfant
— Que dois-je faire? — Abandonner tes certitudes et découvrir chaque chose pour la première fois, comme un enfant qui vient de naître et s’émerveille de tout. — Je crois que je peux y arriver!»
Avec des yeux d’enfant
Maya me proposa de commencer l’exercice: «Mets au défi tous tes sens et écoute le ronronnement de la vie.» Elle se tut et observa. Je posai mon regard sur les couleurs, je sentis l’encens pénétrer mes narines, je tendis l’oreille, attentive à chacun des disciples qui murmurait sa prière. Je souris en me découvrant différente. Tout était nouveau en effet
Avec des yeux d’enfant
Maya me regarda, attendrie. Gênée, je m’empressai de lui poser d’autres questions: «Ils prient toute la nuit dans le noir, sans électricité? — Ne compare pas avec ce que tu connais, oublie les ampoules, imagine un oiseau qui découvre l’endroit, sans conscience particulière. Crois-tu qu’il s’interrogerait sur ce genre de chose? Non, il vivrait l’instant. Continue à observer comme si ton cerveau était vierge. Regarde sans ajouter de réflexion.» Je commençais à comprendre que le jeu n’était pas si simple. À chaque fois qu’une idée me venait, elle était habitée de mes connaissances, de ma culture, de mes croyances. Je ravalai plusieurs questions, car toutes m’éloignaient de l’instant, mais je n’arrivais pas à dissocier le présent d’un souvenir, quel qu’il soit.
Avec des yeux d’enfant
«Ne t’inquiète pas, si tu le souhaites, tu dompteras ton cerveau. Prendre conscience nécessite une seconde quand on est prêt, mais changer des habitudes de plusieurs années prend à l’évidence un peu de temps. — Je ne sais pas si ça me rassure… — Crois-tu qu’en commençant la musculation ton corps se dessinerait après quelques minutes d’effort? Chaque séance d’entraînement contribue à la réussite du projet. L’envie ne suffit pas, mais elle est à l’origine de toute création.»
Pile ou face
— Ton choix sera le bon, si tu le fais pour les bonnes raisons. Celles qui sont guidées par ton cœur. — Je ne comprends pas ce que tu essaies de me dire! — Laisse-moi deviner. Je suis persuadé que tu as fait des études brillantes qui t’ont permis de te servir de ton cerveau correctement. C’est bien utile dans de multiples cas. Mais qu’en est-il de ton cœur? Qui t’a appris à l’écouter? Pour prendre ce genre de décision et n’avoir aucun regret, il ne s’agit pas d’être bon en probabilité, il suffit d’entendre ce battement intérieur. C’est le seul à pouvoir te guider sur le chemin de ta vie, celui qui te correspond, celui qui t’emmènera vers ta réalisation.»
Pile ou face
Son discours, que je n’osai interrompre, me semblait celui d’un gourou sorti tout droit de sa secte, mais sa sérénité m’interpellait. Il rayonnait d’une étrange lumière et sa présence me faisait du bien. Je sentis ma curiosité piquée.
Pile ou face
«Mon cerveau et mon cœur sont deux organes indispensables à ma survie. Je ne crois pas prendre de décision avec l’un d’entre eux en particulier. Chaque option de ma vie est la mûre réflexion entre différentes alternatives. J’ai passé l’âge de foncer tête baissée. — Il n’est pas question d’agir de façon déraisonnée, mais de calmer les hurlements de la panique pour entendre le chant de tes envies. As-tu écouté ce que ton cœur souhaitait ou te laisses-tu berner par le vacarme de tes peurs? — Euh… je ne sais pas, je ne me suis jamais posé ce genre de question. — Le problème est là! Pourquoi es-tu venue? — Ben, tu le sais, pour récupérer cette méthode! — Alors, pourquoi renoncer maintenant que tu es ici? — Parce que je ne devais faire qu’un aller-retour. Mon travail ne me permet pas de rester dix jours, ce serait inconscient de ma part dans une période chargée comme celle-ci.» Je lui montrai nerveusement l’écran de mon portable. «Tu vois bien, en plus, je ne capte toujours rien! — Oui, je vois, mais penses-tu que ton entreprise va s’écrouler en dix jours? — Oui, enfin non… Mais une journée perdue est difficile à rattraper. — Très bien. Alors qu’est-ce qui te fait renoncer au fond?» Je réfléchis un moment. J’avais une idée, mais j’étais mal à l’aise pour l’exposer. «Je ne crois pas être prête sur le plan physique à partir en montagne. Qui plus est, avec des gens que je ne connais pas, pour une destination hasardeuse. — Je comprends mieux ton choix: tu as peur de ne pas y arriver, de te retrouver seule avec des inconnus, d’être déçue et de ne pas rapporter le manuel. Ton cerveau te décourage et trouve les bonnes excuses pour te persuader de rentrer: “Ce n’est pas de ton niveau, tu n’es pas une sportive, mais une intellectuelle, ces gens sont probablement malhonnêtes, et si le livre n’existait pas…” Lorsque ces doutes ne suffisent pas à te convaincre, cette voix insolente utilise d’autres armes comme la culpabilité: “Comment peux-tu laisser tomber tes salariés? Crois-tu que tu as le temps pour ce genre de distraction? Etc.”» Je souris. C’était effectivement ce que j’entendais résonner dans ma tête. «Maintenant que tu as identifié tes peurs, pourrais-tu me dire ce que tu ferais si elles n’existaient pas? Quelle décision prendrais-tu si le parcours était simple et sans effort, que tes accompagnateurs te voulaient du bien et qu’il existait une bonne probabilité de trouver ce manuel? — J’irais certainement, parce que Romane est très importante pour moi et que s’il y a une chance de la guérir, je veux pouvoir la lui donner. Et puis… parce que dix jours de ma vie ne sont rien pour sauver celle d’une personne que j’aime tant.» Les mots sortaient de ma poitrine. Shanti hocha la tête plusieurs fois. Ses yeux fixèrent les miens. «Seul ton cœur est capable de prendre ce genre de décision. En faisant abstraction de tes peurs, tu as entendu sa voix sereine. Pourquoi ne pas tenter cette chance et dépasser tes craintes? Ne risques-tu pas de regretter ton choix demain, assise derrière ton bureau?
Chance ou malchance
«Je ne vois qu’un moyen de savoir jusqu’où on peut aller. C’est de se mettre en route et de marcher.» Henri Bergson
Chance ou malchance
Je détaillai à Shanti l’expérience que Maya m’avait proposée. «Dans un pays comme le Népal, il est facile pour moi de constater la nouveauté, puisque rien ne m’est familier! Ce qui est plus difficile, c’est de ne pas le critiquer! Parce qu’immédiatement je compare avec ce que je connais. Je me rends compte que j’émets un commentaire sur tout. — C’est que ton cerveau a besoin d’être rassuré. Comme tu l’as compris hier, la nouveauté fait peur à l’ego qui critique et se sert de tes facultés mentales pour comparer afin de se rassurer en te ramenant dans sa zone de connaissance. Ce que te propose Maya est un très bon exercice. Oublier tout ce que tu as appris implique qu’il ne t’est plus possible de rapprocher quoi que ce soit. Tu restes ainsi en observatrice de ce que tu vois. Tu ne peux plus juger, puisque rien d’autre n’existe que ce qui est. Il n’y a plus de connu ou d’inconnu, il n’y a que des images qui passent devant tes yeux. — À quoi ça sert? — À ne pas te laisser envahir par des pensées polluantes qui t’empêchent d’apprécier le moment présent. Lorsque tu les élimines, plus rien ne peut atteindre ton bien-être. N’est-ce pas un bel objectif de se sentir bien à chaque instant?»
Chance ou malchance
— Je ne vois pas le rapport avec notre discussion, pestai-je, encore énervée des agissements du chauffard. — Tu étais en train de me dire que certaines situations extérieures pouvaient t’empêcher de te sentir bien. — Oui, et en voilà un exemple parfait! Ce type a troublé ma quiétude par son comportement stupide et irresponsable, et il a eu le culot de nous insulter au lieu de s’excuser. C’est typiquement une situation qui me met en colère. Il y a de quoi, il me semble!» Mon ton devenu sarcastique n’échappa pas à Shanti qui resta calme: «Il y a de quoi en effet. Ou pas! — Ou pas quoi? — Il n’y a peut-être pas de quoi s’énerver. — Attends, je ne te suis plus. Trouves-tu son comportement normal et acceptable? — Normal, non! Mais acceptable, pourquoi pas? — Ah bon! Tu trouves admissible que cet inconscient mette la vie des autres en danger? — Imagine-toi que cet homme ait une raison valable de rouler à cette vitesse en prenant des risques. Il peut avoir reçu un appel urgent, sa femme est peut-être en train d’accoucher, son enfant est tombé malade… — Bien sûr, Shanti, nous pouvons tout inventer, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Arrête d’être naïf! — Et pourquoi pas? Pourquoi ne faudrait-il voir en l’autre qu’un comportement agressif à notre égard? Tentons d’observer les faits… — Les faits sont clairs: un imbécile roule n’importe comment et a failli nous rentrer dedans. Les crétins de ce genre me mettent hors de moi. Point final! — Un homme nous double à vive allure. Surpris par cet acte imprévisible, nous avons eu peur. Tout pourrait s’arrêter là, mais la frayeur provoque en nous des réactions en chaîne, parce qu’il nous faut la justifier. Nous attendons de lui des excuses qui n’arrivent pas, au lieu de cela, il nous accuse de gêner son passage. Après la peur vient un sentiment d’agression, d’humiliation et d’injustice. Crois-tu qu’il a cherché à nous faire du mal?» Je fis la moue, cherchant dans ma mémoire. Shanti reprit ses questions: «Pourquoi avons-nous besoin de nous sentir attaqués? — Comme tu l’as expliqué: son comportement génère des réactions et nous ne pouvons pas tout accepter sans rien dire! — Nous avons le choix de retrouver le bien-être dans lequel nous étions avant les faits, ou d’alimenter notre colère contre cet individu autant de temps que nous le souhaitons, mais la fraction de seconde dans laquelle nous avons eu peur ne peut justifier le long mal-être qui suit. — Je ne suis pas sûre de comprendre. Je suis en colère, c’est normal, non? — Nous sommes seuls responsables de l’état d’esprit dans lequel nous décidons de vivre à chaque instant.»
Chance ou malchance
«Alors, que devrais-je faire selon toi? — Tu pourrais changer d’attitude et ne plus être atteinte par la situation. Une fois que l’accident est écarté, nous cherchons un coupable à notre émotion. Le fautif est trouvé, n’est-ce pas? Mais ne vois-tu pas un autre coupable moins évident à ta colère? — Ben non… C’est de la faute de ce type! — Une seule personne est responsable: c’est toi! — Pardon? Moi? Cet individu a mis notre vie en danger et c’est moi qui ai tort? Ça, c’est la meilleure! — Non, Maëlle, tu n’es pas responsable de ses actes, mais de tes émotions et de ton mal-être. J’ai ressenti, comme toi, la peur de l’accident, puis j’ai cherché à contrôler mes pensées pour ne pas me laisser submerger par des sentiments négatifs qui se retourneraient contre moi. C’est ainsi que j’ai retrouvé mon équilibre. Si nous admettons que le bonheur prend naissance en nous et que rien ne peut le déséquilibrer, nous verrouillons l’accès aux situations extérieures toxiques. Nous observons sans y ajouter de pensées polluantes.»
Chance ou malchance
Shanti sentit mon découragement. Il me raconta une histoire: «Il y avait dans un village un homme pauvre qui avait un magnifique cheval. Le cheval était si beau que les seigneurs du château voulaient le lui acheter, mais l’homme refusait sans relâche: “Pour moi, ce cheval n’est pas un animal, c’est un ami. Comment voulez-vous vendre un ami?” Un matin, il se rendit à l’écurie et le cheval avait disparu. Tous les villageois lui dirent: “On te l’avait bien dit! Tu aurais mieux fait de le vendre. Maintenant, on te l’a volé… Quelle malchance!” Le vieil homme répondit: “Chance, malchance, qui peut le dire?” Tout le monde se moqua de lui. Mais quinze jours plus tard, le cheval revint, avec toute une horde de chevaux sauvages. Il avait fugué et séduit une jument. Il rentrait avec le reste de la troupe. “Quelle chance!”, s’exclamèrent les villageois. Le vieil homme et son fils se mirent au dressage des chevaux sauvages. Mais une semaine plus tard, le fils se cassa une jambe à l’entraînement. “Quelle malchance!”, dirent ses amis. “Comment vas-tu faire, toi qui es déjà si pauvre, si ton fils, ton seul support, ne peut plus t’aider?” Le vieil homme répondit: “Chance, malchance, qui peut le dire?” Quelque temps plus tard, l’armée du seigneur du pays arriva dans le village et enrôla de force tous les jeunes gens disponibles. Tous… sauf le fils du vieil homme, qui ne put partir avec sa jambe cassée. “Quelle chance tu as, tous nos enfants sont partis à la guerre, et toi, tu es le seul à garder ton fils auprès de toi. Les nôtres vont peut-être se faire tuer!” Le vieil homme répondit: “Chance, malchance, qui peut le dire?” Alors cette sortie manquée, chance ou malchance?»
Refus de priorité
Il disparut quelques instants dans la nuit noire au fond du jardin et rapporta un sac qu’il laissa au pied de sa chaise. Il remplit le récipient de trois gros cailloux. «Maëlle, le pot est-il plein?» Je le regardai, interrogative, ne comprenant pas bien le sens de sa question. Sans dire un mot, il sortit de sa besace une généreuse poignée de graviers qu’il plaça avec délicatesse dans le pot de verre. Il le secoua, les petites pierres se glissèrent entre les espaces. Il me demanda à nouveau si le pot était plein. Je me redressai sur ma chaise. Plus impliquée, j’hésitai avant de répondre par l’affirmative. Il attrapa le sac et versa le reste du contenu: du sable combla les trous, puis il réitéra sa question. Je souris, amusée. «Cette fois-ci, je pense qu’il l’est!» Shanti nettoya la table d’un revers de main. «Imagine que ce récipient soit ta vie. Et que les trois cailloux symbolisent les choses les plus importantes pour toi: ce dont tu ne pourrais te passer pour être heureuse. Considère les graviers comme les priorités secondaires, celles qui arrivent juste après l’indispensable.» Je le fixai sans comprendre ce qu’il essayait de me dire. «Enfin, imagine que le sable corresponde à tout le reste: les bonheurs futiles, ceux qui te font du bien, mais qui ne sont qu’un complément de “l’essentiel” puis de “l’important”. — Bon, où veux-tu en venir? — Si j’avais rempli le pot de sable, il n’y aurait plus de place pour les graviers ou les cailloux. C’est pareil pour ta vie: si tu consacres ton temps et ton énergie aux éléments secondaires, tu n’as plus d’espace pour l’essentiel, tu passes à côté de ton chemin. Tu cours après le superficiel en te demandant pourquoi tu n’es pas heureuse.»
Refus de priorité
Je pris ma tête entre mes mains et me mis à considérer le sujet, le regard porté vers le sol. Je savais ce qui habitait mon cœur, mais j’avais trop souffert pour en faire une priorité. La douleur mêlée aux souvenirs troubla ma vue. Je relevai la tête, les mâchoires en appui sur les paumes, mes doigts couvrant mes joues, je laissai les larmes couler sans les retenir et avouai avec tristesse: «Bien sûr, je souhaiterais pouvoir me réveiller chaque matin dans les bras d’une personne que j’aime, avoir du temps pour moi, pour mes amis, ma famille. Leur exprimer mon amour. Je voudrais rire de rien, partager des moments simples, voyager…» Aucun de ces sujets prioritaires ne faisait partie de mon quotidien. Je passais à côté de ma vie
Refus de priorité
Shanti posa sa main sur la mienne et me dit avec compassion: «Alors, arrête de charger ton bocal de sable, Maëlle. Vis tes rêves, prends soin de toi, de ton cœur, de ton corps, de tes envies, des gens que tu aimes. Remplis-toi de ce que tu es et cesse d’avoir peur de souffrir, c’est cette peur qui t’empêche d’être heureuse et t’enferme dans tes blessures.» Je fixai Shanti, en pleurs. Il poursuivit: «Prends le risque de vivre et d’être ce qui t’habite. Emplis ton bocal, caillou par caillou, gravier par gravier, grain de sable par grain de sable en considérant chacune de tes priorités. À chaque fois que tu poses un élément, il doit prévaloir sur tous les suivants. Choisis par primauté la première pierre, puis ajoute la deuxième en te disant que tu ne sacrifieras jamais la première pour la deuxième. Et continue avec le même raisonnement, jusqu’au dernier grain. Mais fais attention à ce que tu veux, car tu risques de l’obtenir!»
Refus de priorité
«Si tu avais une baguette magique, quelle serait pour toi la vie idéale? — Euh… Je vivrais aux côtés d’un homme extraordinaire qui me comprendrait, que je soutiendrais et qui m’épaulerait. Je voyagerais, je découvrirais le monde avec lui! Je partagerais des soirées et des week-ends avec ma famille, mes amis, j’aurais un quotidien simple, rempli de petits bonheurs: une balade à la campagne, un coucher de soleil, un verre de vin, des discussions tardives, de l’attention, de l’amour… Enfin, tout ça, c’est bien gentil, mais ça n’existe que dans les contes de fées! — Non, c’est une réalité pour les personnes qui en ont fait leurs priorités. Ce qui n’est pas ton cas puisque pour le moment, seul ton travail est essentiel.»
Esprit positif
«J’ai réfléchi à ce que tu m’as expliqué hier sur les priorités. Tes mots sonnent juste, mais tout ne dépend pas de moi. Un de mes gros cailloux est de vivre l’amour. Et pour ça, il faut trouver la bonne personne et jusque-là, ça n’a pas été le cas. — Tu as raison, les occasions sont déterminantes, mais es-tu ouverte aux rencontres? À tout type de rendez-vous? Tu as mis des noms sur tes priorités, maintenant il te faut changer ton état d’esprit pour accueillir les opportunités sans répéter les mêmes erreurs. Pour recevoir le bonheur, il va falloir penser autrement, être positive, croire en ce que tu souhaites et en la Vie, car tu attires ce que tu es. — Je suis quelqu’un d’optimiste! — C’est un bon début. Mais être positif, c’est s’ouvrir vers l’extérieur. Prenons un exemple: si tu t’apprêtes à demander l’heure dans la rue, te tourneras-tu vers la personne qui est pressée, en pleine conversation téléphonique, ou celle qui te sourit? — Vers celle qui m’accueille du regard, non? Je n’aurais pas envie de déranger l’autre. — Je ferais la même chose! Ce qui n’empêche pas que celle qui est absorbée par son appel puisse être optimiste, non? — Oui, ça y est, je comprends. Mais comment s’ouvrir vers l’extérieur? — C’est avant tout se remplir de l’intérieur. Lorsque tu rumines tes réflexions nocives, tu expires du négatif et tout ton corps exprime cet état: tes muscles se tendent, ton visage se crispe, tu ne peux appréhender les occasions qui se présentent. À l’inverse, quand tes pensées sont positives, ton être se détend, tu deviens accueillante. Les personnes qui te croisent ont envie de venir à toi.»
Esprit positif
«Tu exprimes qu’une de tes priorités est de trouver l’amour, or, je t’entends dire que tu n’es pas faite pour vivre à deux, que ce n’est pas pour toi. Tu as assez souffert. Et tant que tu resteras dans cet état d’esprit, rien ne pourra changer. Le bonheur est à ta porte, mais encore faut-il que tu acceptes de l’ouvrir. — Mets-toi à ma place! J’ai rencontré des hommes qui ne valaient pas la peine que je sacrifie autant de temps. — Alors pourquoi l’as-tu fait? — Parce que je ne m’en rendais compte qu’après la rupture. — Il est important de tirer les enseignements de tes expériences sinon tu es condamnée aux mêmes actions.
Esprit positif
— Ce n’est pas facile de garder un état positif! — Il se travaille comme le corps. Si tu souhaites te sculpter, tu devras exercer chaque jour tes muscles et être attentive à ton hygiène de vie. Ce n’est pas en pratiquant une demi-heure de sport par mois et en ingurgitant des aliments gras que tu obtiendras le résultat escompté. Pour l’esprit, c’est pareil. Il te faut surveiller chaque jour tes pensées en tentant de ne pas te laisser polluer par le négativisme. Être positif, c’est arriver à contrôler nos peurs; croire en nos rêves, les visualiser et laisser entrer les opportunités. Tu as déjà fait le plus important: tu as décidé de la direction en priorisant ta vie. C’est plus simple de prendre la route quand on sait où l’on va.
Esprit positif
«Ne plus désirer l’amour parce que tu as souffert est un choix, mais tu devras renoncer à la priorité de le vivre. Chaque situation n’est-elle pas différente? Chaque personne n’est-elle pas unique? — Oui, bien sûr, mais j’ai l’impression de ne pas savoir m’y prendre et de ne rencontrer que des gens qui me font du mal. — Tu attires ce que tu penses. Ta peur de souffrir ne laisse à personne la possibilité d’entrer dans ton univers. En verrouillant ton accès, tu t’enfermes toi-même.» J’expirai longuement. Shanti avait encore raison: je subissais ma vie à cause de mes barricades. Je me trouvais des excuses pour ne pas l’admettre et me noyais dans le travail pour oublier mes rêves. «Qu’est-ce que je dois faire pour vivre mes idéaux? — Je te l’ai dit: changer ton état d’esprit. Ça veut dire que tu dois contrôler chacune de tes pensées et t’assurer qu’elle est en phase avec ton objectif. Dès que l’une s’égare, tu la reformules pour la remettre sur le droit chemin. Il n’est pas nécessaire d’oublier les douloureuses ruptures précédentes. Tires-en les leçons et arrête de te cacher derrière
Esprit positif
«C’est décidé, je tente de changer mon état d’esprit dès que je rentre à Paris. — Pourquoi attends-tu d’être en France? — Ben voyons, Shanti… ce n’est pas ici que je vais rencontrer qui que ce soit! — Et pourquoi pas?» Je ris aux éclats. «Je parle de ma vie sentimentale. — J’ai bien compris! Le futur n’arrive jamais, Maëlle, seul le présent est réel. Tu veux être heureuse et réaliser tes rêves, alors n’attends pas “plus tard”, change ton état d’esprit maintenant. Sois ouverte aux opportunités et aux rencontres. La vie est l’addition de moments présents. Chaque seconde gâchée est une seconde perdue qui ne se récupère pas.»
Esprit positif
Je compris que mon système de pensées automatiques m’emmenait vers des lieux hasardeux, je devais le recadrer vers mes objectifs.
Esprit positif
admettons que j’arrive à identifier les mauvaises pensées parmi les soixante mille qui traversent ma journée, ce qui n’est pas gagné, comment puis-je les chasser? — Pour chaque pensée négative qui naît, même insignifiante, essaie de la remplacer par une autre positive qui la discrédite, puis accorde plus d’importance à cette dernière. Par exemple, lorsque tu te lèves et qu’il pleut, quel sentiment te vient en premier?»
Esprit positif
Je m’imaginai la scène et la réplique sortit instinctivement: «Encore une journée de m…!» Shanti sourit. «Et tu commences ta matinée sans te rendre compte à quel point cette phrase sabote ton bonheur. — Oui, mais que puis-je faire contre la météo? — Rien! En revanche, tu peux changer ton état d’esprit! L’eau est un élément vital. En te rappelant les bienfaits de la pluie sur les forêts, les pelouses, les fleurs, les champs, l’assainissement des rues et j’en passe, ton ressentiment s’évaporera et tu deviendras reconnaissante pour ce trésor envoyé. Tu te sentiras heureuse et protégée par ces cycles nécessaires à ton équilibre. Tu commenceras la journée en harmonie avec ton environnement. L’agression que tu ressentais en sortant de chez toi se transformera en une prise de conscience. C’est dans l’exercice perpétuel du contrôle de tes pensées que tu suivras ton chemin. — Je ne veux pas être pessimiste, mais soixante mille pensées par jour à identifier, cela me semble impossible! — Regarde la montagne derrière toi, ne l’était-elle pas ce matin?» Je me retournai sur le chemin que nous avions parcouru et fus surprise. «Pas après pas, nous l’avons gravie. Avance, pensée après pensée, tu te retrouveras plus loin que tu ne l’avais imaginé. Sais-tu que 80% des réflexions du jour sont celles de la veille?
Esprit positif
Je ne m’étais jamais aperçue du bourdonnement incessant de ces pensées automatiques. Je tentai d’intégrer cette nouvelle considération en m’exerçant avec les images qui traversaient mon esprit. Je les visualisai, essayant de les surprendre à leur naissance comme un chat tapi guetterait la souris à la sortie de son trou. Mais plus je les attendais, moins elles se manifestaient. Dès que je relâchais mon attention, un flux incessant de scènes diverses reprenait possession de moi: les dossiers qui m’attendaient à Paris, le cancer de Romane, les objectifs de ma vie, puis le travail reprenait le dessus, associé à la culpabilité d’être partie. Et si Romane ne s’en sortait pas, et si l’amour n’était pas pour moi, et si j’étais condamnée à vivre seule, et si… et si… et si…
Esprit positif
Tu peux constater à quel point les pensées peuvent t’enfermer. — C’est étonnant, tant que j’essayais de les observer, elles ne se manifestaient pas. Dès que j’ai relâché la garde, mes automatismes ont repris le contrôle. Les peurs se sont confondues à mes idées jusqu’au moment où tu m’as sortie de cette cage. — Tu viens de comprendre un point essentiel. Lorsque tu restes présente à ce qui arrive, tu vis l’instant. Tu profites des opportunités. Au contraire, dès que tu es prisonnière de tes pensées, elles te transportent dans le passé ou le futur avec toutes les angoisses qui en découlent. — Je ne sais pas à quel moment tout m’échappe, je me retrouve esclave, comme hypnotisée. — Plus tu prendras conscience de tes automatismes, moins ils s’imposeront. L’observation te sort de ce cercle infernal. Dans un premier temps, quelques secondes d’attention suffisent, puis un peu plus chaque jour, et enfin ce processus devient naturel.
Esprit positif
— Quand j’ai commencé à travailler sur mes pensées, je m’étais fixé des points de repère: à chaque fois que je franchissais une porte, je tentais de recentrer mon attention. À la fin de la journée, je me rendais compte que je n’y pensais qu’une fois sur dix, mais avec le temps j’y arrive mieux. Tu peux aussi programmer un signal sur ton téléphone à chaque heure qui te permettra de rester attentive, ça aide aussi!»
Suspendu
«Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse.» Nelson Mandela
Suspendu
“Si la peur frappe à ta porte et que tu as le courage de l’ouvrir, tu t’apercevras que derrière, il n’y a personne.”
Suspendu
«Il m’est impossible de contrôler mes émotions. — Ce n’est pas facile, mais tu peux apprendre. Les peurs naissent de la pensée. Par des exercices réguliers de prise de conscience, tu n’en seras plus le jouet, mais le maître. Si tu observes ce qui arrive, tu peux calmer l’enfant en panique qui est en toi. Nous jonglons entre un double état: l’enfant qui sommeille en nous et l’adulte que nous sommes devenu. Face à nos peurs, c’est le petit être qui domine, nous quittons notre lucidité. Ses émotions négatives l’emprisonnent, jusqu’à ce que l’aîné trouve les paroles rassurantes pour le ramener à la raison. — Comment identifier ces états? — L’enfant vit dans la peur, il manque d’autonomie. Il se nourrit du regard de ses parents. Il se sent abandonné lorsque l’on détourne l’attention de lui. Il cherche l’amour de l’autre, il ne sait pas s’en donner. Le problème vient de son entourage et sa colère est alimentée par son orgueil. L’adulte, lui, s’oxygène seul, il sait se rassurer. Il reconnaît que sa douleur prend son origine dans sa propre création, mais il perçoit aussi les solutions en lui. — Mais comment passes-tu d’une phase à l’autre quand la peur t’aveugle? — J’identifie la situation dans laquelle je me trouve et ne la juge pas. Lorsque l’enfant qui est en moi domine, je le rassure en lui expliquant que je l’accompagnerai jusqu’à la fin de sa vie. Je m’engage envers lui à ne laisser personne lui faire de mal. L’homme que je suis devenu est armé pour le guider.»
Suspendu
Tout à coup, mon cerveau se tut, il ne concevait plus rien, une trappe s’ouvrit au niveau de ma gorge, j’avais le sentiment d’habiter mon corps pour la première fois. Il se passa alors quelque chose d’étrange: je ne distinguais plus la limite entre mon corps et l’eau. Je me mêlais à la sève des montagnes avec laquelle je fusionnais. J’eus le sentiment que mon être se prolongeait dans toutes les directions. Au fur et à mesure qu’il s’étendait à droite puis à gauche, il transperçait le décor au-dessus et en dessous de moi, jusqu’au centre de la Terre, puis ressortait de l’autre côté de la planète pour se fondre dans l’univers. J’eus l’impression de ne faire qu’un avec tout ce qui m’entourait. Je n’avais jamais ressenti cette force en moi, ni même imaginé sa puissance. Je n’arrivais plus à revenir de cette éternité. Toute image disparut. Les battements de mon cœur résonnaient à l’infini, comme si le reste n’existait plus. Affolée par ce qui venait de se passer, je me redressai brutalement. Shanti me sourit. Il savait. J’essayai de lui expliquer, mais les mots ne sortaient pas. Il plongea son regard dans mes yeux troublés. «Nos cerveaux et nos paroles ne pourront jamais raconter, seul notre cœur pourra le vivre.» Je repris mes esprits. «Je n’ai pas rêvé? J’ai eu la sensation de m’être fondue avec l’univers. C’est fou, est-ce l’altitude qui me rend dingue? — Non, c’est la vérité, tu es Tout. Tu viens d’accéder à la source, l’amour dans lequel tu vis. — Arrête, tu me fais peur. Je ne comprends rien de ce que tu me dis. — Parce que encore une fois, tu tentes de rationaliser, or, rien de ce que je t’explique ne peut l’être. Ressens l’harmonie dans laquelle tu te trouvais
Ma chère colère
Crois-tu que tous les hommes noirs sont pauvres et voleurs? Que tous les Italiens sont superficiels et flambeurs? Que tous les Français sont les mêmes? — Non, bien sûr que non! — Alors pourquoi réagis-tu ainsi avec Matteo? — Il me rappelle de mauvais souvenirs. — Si tu veux vivre en phase avec tes priorités, tu devras changer ton état d’esprit et accueillir les nouvelles rencontres sans le poids du passé, sans projection vers le futur. Regarde Matteo comme si tu voyais un être pour la première fois. Oublie ce que tu connais des hommes et des Italiens. Écoute ton cœur, laisse-le te guider
Ma chère colère
Je croisai Shanti. — Bien dormi? — Où est-il? — Qui? — Matteo! — Il est parti au lever du soleil, il y a vingt minutes environ. — Mais pourquoi tu ne m’as pas réveillée plus tôt? — Pourquoi aurais-je dû le faire?» Je sentis ma frustration m’envahir et la colère me submerger. «Mais parce que… Laisse tomber, tu ne comprends rien!» Je m’assis à une table seule. Menkhu m’apporta un copieux déjeuner, mais je n’avais plus faim. Mon cœur était serré et une boule plombait mon estomac. Shanti se servit un café et s’assit à côté de moi. «Tu es en colère après moi parce que tu cherches un coupable. Ton ego ne peut accepter la raison de ton mal-être. — Oooh… ça va avec tes leçons de morale! Et puis… Je ne suis pas en colère. Laisse mon ego où il est et concentre-toi sur la route que nous devrons prendre. — Tu as raison, c’est ton orgueil qui parle, il ne m’intéresse pas. Je refuse de perdre mon temps avec lui. Nous partons dans dix minutes, je t’attends dehors.» Il se leva et sortit aider les deux porteurs à finir de ficeler les bagages. Je sentis ma rage monter. Je me levai et vociférai: «C’est ça, fuis! Tu es lâche comme tous les hommes! Dès qu’il faut assumer ses responsabilités, il n’y a plus personne.» Shanti repassa la tête par la porte et conclut, amusé: «Oups… je me suis trompé, la colère est toujours là!»
Ma chère colère
Ton ego jubile. Il se nourrit de l’attention que tu lui donnes. Tu n’as plus la force d’ouvrir les yeux sur la situation. Il prend toute la place. Tu lui as tenu la porte, il s’est engouffré et l’a refermée à double tour. Il te drogue dès que tu tentes de t’échapper en te laissant assez d’air pour le nourrir. Regarde ta respiration: elle est courte et rapide, ton thorax douloureux. Dans peu de temps, si ce n’est pas déjà le cas, il invitera ta colère à danser avec lui et ensemble, ils trouveront un coupable pour alimenter leur raison d’être. La meilleure façon de t’aider est de me taire.
Ma chère colère
Je rattrapai Shanti et le pris par le bras: «Je suis désolée. Je n’avais pas à te parler comme je l’ai fait.» Il se laissa faire et approuva d’un clin d’œil. Mon estomac se dénoua à la vibration de mes excuses. Mon thorax s’ouvrit et ma respiration s’amplifia.
Ma chère colère
Il prit une grande inspiration et ferma les yeux. Je fis de même. «Encore, insista-t-il en élevant la voix. Ressens leurs énergies en profondeur. Puis expire ta douleur, lâcha-t-il en vidant ses poumons. Inspire leur immensité et expire ta frustration, inspire leur pureté et expire ta colère. Inspire et expire encore…»
Ma chère colère
«Respire, jusqu’à sentir que l’air qui entre soit aussi pur que celui qui sort et que plus rien d’autre que la perfection n’ait besoin d’être expulsé.» J’inhalai jusqu’à ne plus faire de différence entre mes inspirations et mes expirations. «Laisse l’oxygène s’introduire par les pores de ta peau et libère-le par toutes les parties de ton corps. Inspire l’ensemble des montagnes, les arbres, le ciel, l’univers et… expire.»
Ma chère colère
«Comment te sens-tu? — Vide! À l’arrêt. Je ne sais pas comment t’expliquer. — Il n’y a rien à dire, juste à ressentir. Tu viens de vivre comme dans les sources chaudes, l’instant présent, le moment où tu fais taire ton cerveau. Ni passé ni futur, tu empêches tes pensées de t’enfermer. Tu laisses la place à ce qui est d’être! — Je ne peux pas passer mon temps à respirer ainsi. — Tu respires depuis ta venue au monde. Te concentrer un moment te permet de desserrer l’étau qui te comprime. Tu élargis ton champ de conscience, tu libères de l’espace pour accueillir autre chose que ton problème. C’est un bon exercice pour calmer ton agitation cérébrale…
Ma chère colère
seuls deux sentiments racines existent: l’Amour et la Peur. Tu ne peux te trouver dans les deux simultanément. L’état d’amour ne se vit qu’en conscience. Dans ce mode, le contrôle est dirigé par le cœur qui dicte chacun de tes gestes, l’ego ne peut plus s’exprimer. En revanche, à chaque fois que tu laisses ton mental reprendre le pouvoir, il te plonge dans le passé ou le futur. Tu entres dans la zone de peur, le royaume de l’ego. Il invente des stratagèmes pour t’empêcher d’agir, terrorisé par le changement. Tout ce qu’il ne maîtrise pas l’effraye. C’est ce qui s’est produit pour toi hier soir.
Ma chère colère
— Le cerveau est très fin, il t’endort sans que tu puisses t’en apercevoir. Remontons quelques heures en arrière et dis-moi comment tu te sentais dans les sources chaudes. — C’était incroyable, j’éprouvais une force impressionnante en moi. — Tu étais à l’écoute de ton corps, de ton âme, et de ton cœur. Ton mental et ses pensées négatives se sont tus. Te rappelles-tu la suite? — Oui! Nous sommes remontés. La côte que j’appréhendais m’a demandé moins d’efforts que je ne l’imaginais à l’aller. — Là encore, tu étais dans le présent, dans la vibration de ce que tu venais de découvrir. Tu étais remplie d’énergie. Puis tout a basculé. Le mental a repris ses droits. Il t’a entraînée dans ses doutes. — Oui, au moment où nous sommes rentrés. — Et plus précisément? — Je ne me souviens plus. C’est confus.» J’essayai de revivre la scène de retour, mais aucune image n’arriva. Le trou noir. «Je ne sais pas… L’expérience de méditation avec Nick et Abby m’agaçait, je crois.» Shanti s’immobilisa brusquement. «Observe la force et le jeu de ton mental. Tu occultes ce qui pourrait te servir. L’ego est terrorisé à l’idée que tu le fasses taire. Laisse-moi te rafraîchir la mémoire: ton changement d’humeur est arrivé quand tu as fait la rencontre de Matteo. Tu as peut-être eu peur de tomber amoureuse. Ton mental a gardé le contrôle. En te replongeant dans les blessures du passé, il s’est assuré qu’aucun chemin ne pourrait se frayer vers ton cœur. Sont alors remontées à la mémoire tes dernières ruptures sentimentales et ton expérience professionnelle en Italie, empreinte de trahison. Mais ce n’est qu’un stratagème. Tu as refusé en bloc ce que Matteo t’offrait: un sourire, une discussion, un thé. Ton cœur a envoyé de doux signaux, il s’est mis à battre fort au moment où son regard a croisé le tien, mais tu as préféré l’ignorer!»
Ma chère colère
«En te réveillant, tu as eu des remords. Ton cœur pleurait son absence. L’attaque devient une obligation pour l’ego. Ses armes sont imparables: la colère et l’orgueil. Il cherche le coupable ailleurs. Comment avouer qu’il a tort? Jamais! Il te donne la solution: le fautif est celui qui t’a fait mal, c’est Matteo. Le bel Italien s’est envolé sans te dire au revoir! Tu te mets en rogne contre lui. Mais ça ne suffit pas. Un second ennemi serait mieux. Tu m’accuses de l’avoir laissé partir sans te réveiller. La réalité est tout autre. Il n’y a qu’un coupable et il ne sert à rien de le chercher à l’extérieur: c’est ton ego. Tu es complice de ses actes en l’autorisant à guider ta vie.»
Ma chère colère
«Ah! J’ai une autre mauvaise nouvelle! Si à chaque fois qu’une opportunité se présente à toi, tu laisses ton ego la rejeter, ton quotidien te servira des situations plus douloureuses pour honorer ta volonté. Tu as deux solutions: soit faire taire ton cœur et changer d’objectifs, soit garder sous silence ton mental et vivre ce que tu souhaites. Que décides-tu? — Ben, je sais plus! Va doucement, je suis paumée! Et toi, tu ne me ménages pas! — Je ne suis pas là pour t’épargner, mais pour t’aider. Alors, quel choix fais-tu?» Je soupirai. «Je veux rester dans mes priorités, mais comment éteindre mon mental? — En vivant dans le présent. C’est le seul moyen de le calmer. Commence par observer les pensées et les émotions qui arrivent, comme pendant l’expérience des sources chaudes.
Ma chère colère
— Mais dans cet état, je ne peux rien faire de constructif, je ne peux pas passer mon temps en lévitation, à espérer les paroles de mon cœur. — Il n’est pas question de vivre à l’arrêt, mais à l’écoute. En étant consciente de tes pensées, de tes actes et de tes mots, ta vie prend une direction différente, en accord avec ce que tu veux être. Ton pilotage automatique s’interrompt, tu reprends les rênes et cesses de reproduire les mêmes erreurs.»
Carte de visite
«Vous pouvez, sans en être conscient, prendre bien des choses pour votre identité: votre corps, votre race, vos croyances, vos pensées.» Jack Kornfield
Carte de visite
Lorsque tu diriges une assemblée de gens qui boivent tes paroles, lorsque tu conduis la voiture que tout le monde aimerait s’offrir, lorsque tu brilles des plus belles tenues, ne crois-tu pas que tu suscites l’attention et l’envie? — Mais le plaisir matériel n’a rien de malsain! — Je suis d’accord avec toi, la confusion vient du fait que tu ne dissocies plus ce que tu es de ce que tu gagnes. Tu ne sais plus si l’amour que l’on te porte est associé à ta réussite, à ce que tu représentes, ou à l’intérêt que l’on peut tirer de t’avoir dans son cercle de connaissances.
Carte de visite
Crois-tu que ceux dont le succès matériel ne s’impose pas se sentent en confiance dans vos arènes? Je ne crois pas. Ils cherchent désespérément la place que la société ne leur donnera pas. Le paradoxe est que les personnes qui ont atteint la fortune ne se considèrent pas en sécurité. Elles en veulent toujours davantage: plus d’argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance, pensant thésauriser l’amour. Les signes extérieurs de richesse sont les gages de l’amitié que vous recevrez.»
Carte de visite
Pour Shanti, la souffrance venait de notre peur de manquer. En attendant le regard de l’autre, nous nous branchions sur son oxygène sans nous apercevoir que nous respirions l’air impur qu’il expirait.
Carte de visite
pourquoi te sens-tu si fragile? Parce que tu fais tomber un à un les masques que ton ego a placés devant tes yeux pour se protéger. C’est en acceptant cette vulnérabilité que tu sauras qui tu es. Tu te retrouves nue, sans carapace, mais tu ne t’affaiblis pas. Au contraire, tu retrouves l’essentiel.»
Carte de visite
enlever ses protections? Mais c’est impossible pour moi! — Tu ne créeras jamais de costume assez grand pour cacher ce que tu es. Tu portes déjà tous les habits du roi. Pourquoi ne pas révéler fièrement qui tu es? Ne crains pas d’être rejetée ou seule
Carte de visite
Une fois de retour dans ma chambre, je griffonnai quelques notes sur une feuille, essayant de rassembler les échanges avec Shanti. Vivre l’instant présent avec des yeux neufs. Se rendre compte que seuls deux sentiments existent: la Peur ou l’Amour. Le seul coupable de notre souffrance, c’est nous. Ce qui peut sembler négatif ne l’est peut-être pas. Choisir ses priorités et s’assurer que ses pensées sont dans cet axe, en observant ses automatismes. Rassurer son enfant intérieur lorsqu’il panique. Distinguer les messages qui émanent du cœur de ceux qui viennent de l’ego. Supprimer les armures, qui ne protègent qu’en surface, mais finissent par étouffer. Revenir à l’essentiel. S’envoler légère en étant soi-même.
Réalité tronquée
«Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes.» Anaïs Nin
Réalité tronquée
il me demanda d’une voix douce quels étaient mes objectifs de la journée. Surprise par sa question, je pris un moment de réflexion. «Je suis pressée d’arriver au but de ce voyage, de rencontrer le fameux Jason et de récupérer la méthode que je suis venue chercher pour Romane. En plus, Goumar m’a promis une vue exceptionnelle sur les treize sommets les plus hauts de l’Himalaya. J’ai hâte de m’y rendre. Ce sera une sorte d’accomplissement de tous nos efforts, tu ne crois pas?» Mon sage semblait loin dans ses réflexions. «Tu n’es pas d’accord? — Je pense que seul le chemin compte. Le résultat est souvent insignifiant par rapport au trajet parcouru.» Après ce qu’il m’avait enseigné sur le présent, je cherchais d’autres sources de satisfaction à court terme. «Je me réjouis de passer par la forêt de rhododendrons. J’en ai entendu parler. Et toi, quels sont tes objectifs du jour? — Je n’en ai qu’un seul. Il est le même tous les jours: celui d’être heureux. — Et tu y arrives? — Je m’y efforce. Le bonheur est un état d’esprit. Je tente de ne pas me laisser emprisonner par mes pensées. Je me réjouis de cette nouvelle journée qui commence et m’ouvre aux belles surprises qu’elle nous réserve
Réalité tronquée
«Tu imaginais autre chose? — Oui, j’aurais aimé contempler les fleurs, mais ce n’est pas le printemps. — Il n’y a pas de saisons pour les regarder. Je peux te les montrer.» Dubitative, je l’observai. Les yeux plissés, il cherchait au loin dans ce méli-mélo de lianes. Je l’imitai, mais ne vis rien! Je n’étais pas sûre qu’il apercevait quoi que ce soit non plus. Il se concentra puis pointa du doigt la forêt, me parlant de bouquets de fleurs rose saumoné, puis rouge vif, à côté, en forme de trompettes. Je le dévisageai, surprise. Il ne détacha pas ses yeux du paysage. Je cherchai et portai mon attention plus loin. Je ne les voyais toujours pas. «Juste devant toi, là. — Tu te moques de moi!» Je me relevai, vexée. Il m’attrapa la main et me força à m’asseoir. D’un ton ferme, il m’ordonna: «Prends le temps d’examiner les jeunes rameaux pubescents. Vert tendre, ils deviennent brunâtres puis grisonnants avec l’âge. Observe leurs feuilles étroites, persistantes, ovales. — Oui! Les feuilles, je les vois! — Combien mesurent-elles? — Je sais pas… Douze ou treize centimètres. — C’est ça. Elles sont vert clair aux beaux jours, elles foncent en hiver et peuvent virer au rouge comme celles-ci, là, regarde. Les bourgeons floraux se forment à la fin de l’été et prennent une forme arrondie. Ils sont visibles toute la saison froide.» Je remarquai enfin ces boutures, par centaines. «Souvent, les aveugles perçoivent mieux les choses que les voyants. Ferme les yeux et laisse-moi te les montrer. — Ben, si je suis dans le noir, je ne risque pas d’apercevoir quoi que ce soit! — Fais ce que je te dis! Tu peux imaginer leurs fleurs rose fuchsia. Elles mesurent cinq centimètres de diamètre. En forme d’entonnoir évasé ou de cloches étroites, elles se serrent les unes aux autres pour constituer un bouquet.» Shanti marqua un temps d’arrêt pour me permettre de les visualiser, puis reprit en laissant éclore les mots. «Regarde de plus près: dans le réceptacle se pose la fleur composée de cinq pétales enchevêtrés. Ils protègent l’ovaire dans lequel se forme l’ovule. Le stigmate trône au centre. Tout autour, les filets rose clair dansent. Ils offrent leur pollen jaune vif au vent qui se charge de les acheminer à bon port. Tu peux en voir par milliers.» Il se tut. Sa description était si précise qu’à ma grande stupéfaction, les bourgeons s’ouvrirent un à un. Le vert aux accents marron dominant des feuilles et des arbres fit place à ces somptueux bouquets de pétales que mon guide venait de dépeindre. Je n’avais jamais vu de pareilles merveilles ou simplement pris le temps de les regarder une seule fois! Je souris à Shanti. «C’est magnifique!» Nous contemplâmes la forêt fleurie. Le chant des oiseaux amplifiait ce printemps virtuel. Des bruissements successifs s’approchaient, et bientôt tout un orchestre profita de la scène. Le vent au-dessus de nos têtes perçait par intermittence l’épaisse couche d’éricacées pour participer au concert. Le soleil, projecteur naturel, s’intercala entre les branches emmêlées. Shanti me tapota la jambe. Il était temps de repartir pour Deurali.
Réalité tronquée
«Je suis impressionnée par ce que j’ai vu. Tu m’as détaillé avec une telle justesse les rhododendrons, que je les ai vus comme s’ils étaient vrais! — Ne l’étaient-ils pas? Que veut dire «réel» pour toi? — Quelque chose que l’on peut toucher, qui existe vraiment! — Une pensée ne l’est pas? Une onde non plus? Et une vibration, une émotion, un sentiment? — Si! Mais ce que je veux dire, c’est que j’ai imaginé des fleurs, alors qu’il n’y en avait pas. — Mais si, bien sûr! Dans ta réalité, puisque tu les as vues. — Non! Elles semblaient concrètes, mais elles ne l’étaient pas. Shanti, tu le sais! Pourquoi cette mauvaise foi tout à coup? — N’as-tu jamais rêvé ou cauchemardé? Lorsque cela t’arrive, il n’y a pas d’autres vérités. Rappelle-toi, je t’en ai parlé lorsque tu avais peur de traverser le premier pont suspendu. Tu ressens les émotions, ton corps réagit à une situation authentique pour toi à ce moment-là. Ne t’est-il jamais arrivé de te réveiller en sursaut, en sueur après une course effrénée, ou transie de peur, le cœur battant, après une agression? Ta réalité devient alors ton rêve. Tous les symptômes se manifestent comme si tu étais en train de le vivre éveillée, non?
Réalité tronquée
Nos vérités et notre réalité se construisent avec les filtres de notre passé, de notre éducation, et de nos expériences.
Réalité tronquée
Goumar qui examinait le téléphone de dos commença, traduit par Shanti: «Je vois un rectangle gris métallisé d’environ dix centimètres sur cinq, un rond noir en haut à gauche, au milieu le dessin d’une pomme, et, tout en bas, quelques inscriptions avec des chiffres.» Puis Thim, qui ne voyait que la tranche, prit la suite: «Je vois une barre arrondie sur les côtés de dix centimètres. Trois boutons en haut, dont deux identiques et un plus petit.» Nishal qui était face à l’écran énumérait, toujours avec l’aide de Shanti: «Un rectangle noir de dix centimètres sur cinq avec un contour blanc, un cercle argenté en bas, un trait horizontal noir en haut.» Je présentai à mon tour la tranche qui m’apparaissait. Shanti nous laissa finir, puis reprit la parole. «Si je vous demandais d’expliquer à une autre personne ce qu’est un téléphone sur la base de ce que vous venez de voir, chacun aurait une version différente de l’objet, n’est-ce pas? Et pourtant, aucun d’entre vous n’aurait menti?» À l’unanimité, la réponse fut non. «Pensez-vous que quelqu’un a raison ou tort? Selon la place que l’on occupe, notre vision est différente. Il faut garder à l’esprit que la vérité peut dépasser notre angle de vue.»
Réalité tronquée
des descriptions que vous en avez faites tous les quatre permettrait à une personne n’ayant jamais vu l’objet d’en avoir une perception complète? — Non, elle ne suffirait pas à appréhender son utilité et ses fonctions par exemple. — C’est exact, malgré la précision de chacun, nous sommes loin du potentiel qu’il recèle.» Je regardai mon mobile. Il était facile de comprendre la métaphore de Shanti: l’addition de plusieurs évidences n’amène qu’à un résultat partiel. Les trois dimensions n’avaient pas permis de définir correctement l’objet. Il aurait fallu des éléments de connaissance pour apporter un éclairage complet. «Nous pensons détenir la vérité, mais devons faire attention aux certitudes que l’illusion engendre. — Cela voudrait-il dire que notre réalité n’est peut-être pas celle que l’on perçoit? — En effet. Nous devons rester vigilants quant à nos propres discernements.»
Réalité tronquée
«Je ne vais pas te laisser souffrir. Ton mental est réfractaire à tous ces changements. Ton corps réagit, il t’explique le conflit que tu es en train de vivre entre tes priorités et tes peurs. Écoute-le, permets-lui de te raconter ce qu’il subit. Ne t’en veux pas, mais entends ce que tu lui fais endurer. Lâche prise, ne tente pas de tout contrôler, laisse-lui la place de se manifester. Fais équipe avec lui, c’est ton meilleur ami. Il sait te prévenir des dysfonctionnements. Lorsque ton mental s’agrippe à ses “fausses” croyances et que ton cœur te dicte le contraire, le corps se retrouve entre les deux et t’alerte du problème. Accepte simplement ce soir ce conflit interne! Ne te laisse pas berner, tu ne subis pas le mal des montagnes. Entends le message subtil de ton corps. Essaie de rassurer ton cerveau en lui expliquant que tu souhaites qu’il s’épanouisse dans le domaine dans lequel il excelle: celui d’exécuter les choix de ton cœur. Si chacun joue son rôle, vous arriverez à interpréter la plus belle symphonie qu’est ta vie.»
Réalité tronquée
Je scannai mon habitacle pour m’assurer qu’aucun blocage ne se manifestait. L’énergie circulait sans difficulté, plus de douleur. Une superbe équipe en puissance. Je me sentis entière, heureuse, faisant partie intégrante de cet univers que je voyais pénétrer dans tout mon être à travers la perfection de tout ce qui m’entourait. Je mûris chaque seconde aux couleurs du décor. Le soleil apparut. Se fondant au rythme établi, il contribua à l’excellence du moment. Quel miracle!
Réalité tronquée
Mon cerveau, prétentieux d’avoir raflé les prix d’écoles prestigieuses, descendit prestement de son piédestal. Je le consolai: «On a fait ce que l’on a pu avec les moyens que nous avions! — Oui, mais si le cœur s’exprimait, ce serait plus simple. — Pour cela, il faudrait que nous lui en donnions l’occasion. — Une place ne s’offre pas, elle se prend! — Je vois que tu tentes de récupérer ta position, laissons-le nous expliquer sa version.» Mon cœur continua à battre au même rythme. «Je ne vous ai jamais quittés, j’étais présent dans tous vos actes et décisions, même lorsque je ne les approuvais pas. — Mais pourquoi n’es-tu pas intervenu, alors? — J’ai essayé, mais tu parles plus fort que moi. Tu ne peux pas m’entendre dans le chaos.» Mon corps prit la parole, s’adressant au cerveau: «Je tente de t’alerter quand tu pars dans la direction opposée de ton cœur, mais j’ai parfois besoin de m’imposer pour que tu comprennes, comme hier soir. C’est la seule façon que j’ai trouvée de te tranquilliser. — Autrement dit, tout est de ma faute! Tout le monde est contre moi! — Il ne s’agit pas de chercher un coupable. Nous connaissons tous ta valeur lorsque tu n’es pas sous l’emprise de l’ego. Nous avons besoin de toi! Si nous voulons nous réaliser, nous devons travailler ensemble.» Le cerveau se laissa convaincre et ne dit mot.
Belle énergie
«Je ne supporte pas ce genre d’abrutis! — Ne t’es-tu jamais rendu compte qu’après certaines discussions tu perdais ton énergie?
Belle énergie
— Toute attitude générée par le manque induit ce comportement. N’ayant pas trouvé leur source, ce type de personne s’approprie l’oxygène des autres en attirant l’attention à lui, il se régénère. — C’est vrai! En plus de me mettre en colère, ils m’ont épuisée. — Les pessimistes, les négatifs, ceux qui veulent imposer leur point de vue, d’autres qui contredisent tout ce qui est dit, ou ceux qui se victimisent sont des gens énergivores. Ils sont animés par la peur. Tu peux éviter ce genre de situation. Il suffit d’être attentif. Ce type de comportement est facilement repérable et ton corps est un bon indicateur. Lorsque tu sens des tensions, de la crispation, une frustration, tu sais que ton énergie diminue. — N’est-il pas préférable de les fuir? — C’est une solution si tu présumes que tes forces ne suffisent pas, mais moi, je préfère observer sans chercher à donner tort, puis je me recentre pour envoyer des pensées aimantes.
Belle énergie
Tu as la faculté de rester dans le bien-être malgré leurs agissements. En distribuant ton énergie aimante, tu te préserves.
Belle énergie
Ils souffrent d’un manque. La peur nous oblige à agir en défense ou en attaque. Si tu changes ton regard sur eux, tu observeras que rien de ce qu’ils disent n’est tourné contre toi. Tu sembles être la cible, car tu te trouves là, mais ils auraient eu la même attitude avec une autre personne que toi
Belle énergie
— C’est difficile pour moi de ne pas riposter. — Ça l’est pour toute personne qui croit être la cible de l’attaque. Si tu sors de cette idée, en observant les peurs de ton interlocuteur, tu entres en empathie. En étant conscient de ton état d’esprit, tu as les pleins pouvoirs sur la force que tu génères. Le point essentiel est de t’assurer que tu cherches à rester en lien avec l’autre et non à avoir raison.
Belle énergie
Shanti m’invita à me redresser pour faire une expérience. «Ferme les yeux et enchaîne cinq respirations profondes. Pense maintenant au mot “douleur”». Il se tut une minute. «Prononce ce mot trois fois en t’imprégnant des sensations qu’il procure. Peux-tu me décrire ce que tu ressens?» Je pris un moment. «Je sens mon corps se raidir, mon visage se crisper, mon cœur s’accélérer, mon thorax se fermer, mes muscles se tendre, des sueurs…»
Belle énergie
Je réfléchis à la conversation que j’avais eue avec mes deux cons patriotes… euh non! pas de mauvais esprit, Maëlle: compatriotes… Il est vrai que je cherchais à changer leur perception en imposant la mienne. «En modifiant ton état d’esprit, ton énergie attirera des forces de même intensité. — Par la pensée seulement? — C’est un bon début. Toutes les sources chargées d’amour te permettent l’accès direct à cette zone. La musique, l’art, la nature et même un sourire. Lorsqu’une idée naît d’un désir profond, les miracles se produisent. L’univers tout entier met en place les éléments nécessaires à la réalisation de cette volonté. — J’aimerais pouvoir me sortir de mes émotions négatives, mais je n’y arrive pas, tu crois que l’univers peut m’aider? — Oui, si tes mots sont justes et clairement formulés en accord avec tes intentions et celles de ton cœur.
Belle énergie
j’essaie! “Je ne veux plus me laisser aspirer par la mauvaise énergie des autres.” — Je te conseille d’une part de ne pas faire intervenir de tierce personne pour ne pas en être dépendante, et d’autre part d’affirmer ce que tu souhaites dans le présent, comme si tu l’avais déjà. Par exemple, tu pourrais dire: “Je suis dans un bien-être parfait et suis la seule à pouvoir modifier cet état.” — Mais comment savoir que la formulation est bonne? — C’est le troisième point essentiel: lorsque tu exprimes cette intention, prends le temps de ressentir les réactions de ton corps. Si le bien-être y est associé, ce désir se réalisera. Si en revanche tu n’arrives pas à te sentir apaisée, c’est que tu n’es pas en accord avec ta volonté profonde.»
Belle énergie
«Un point me chagrine quand même! Je ne me rends pas compte du moment où mes pensées deviennent négatives. C’est après la conversation que je constate mon état d’énervement. Comment fais-tu pour t’en apercevoir plus tôt? — Je tente de m’observer. C’est un exercice de chaque seconde, qui te permet de vivre dans la conscience de tes actes. Essaie de te regarder comme si tu étais à l’écart de la scène, en silence, sans te juger. — Regarder quoi? — Tout! Évalue tes gestes. Parles-tu fort ou avec calme? Sens-tu des paroles bienfaisantes, ou au contraire d’attaque, de défense? Que dirais-tu de l’énergie qui se dégage de toi? Une autre chose importante est d’apprendre à être à l’écoute de ton corps. Tente de mémoriser les sensations que tu as éprouvées lors de l’exercice sur les mots “douleur” et “plénitude” et observe le plus souvent possible ce qui t’anime. Tu sauras dans lequel des deux états tu te trouves et pourras t’immerger dans celui que tu souhaites en toute conscience. — Et le naturel dans tout ça? Si je dois analyser tout ce que je dis… — Au début, il te faudra forcer l’attention, mais avec la pratique, les pensées bienveillantes deviendront une drogue, tu verras. Tu considéreras chaque situation comme une chance de grandir.
Un choix: deux portes
«Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous.» Gandhi
Un choix: deux portes
En bref, il a identifié deux états possibles dans notre quotidien: celui de la Peur et celui de l’Amour. La Peur est un état d’aveuglement et d’automatisme, alors que l’Amour est un état de conscience, d’infini et de lien. L’Amour ne s’exprime que dans le présent, il a tout à offrir. La Peur est conditionnée par le passé ou la projection d’un manque futur: elle n’est rien, c’est une invention du mental.»
Un choix: deux portes
En poussant ses recherches, Jason s’est rendu compte que se plonger dans l’état d’amour permettait de se délivrer des énergies bloquées qui sont à l’origine de la plupart des maladies. Dans le bâtiment supérieur, il héberge depuis plusieurs années une cinquantaine de Tibétains. Ce sont des réfugiés qui ont fui le Tibet, terrorisés par les Chinois.
Un choix: deux portes
Jason a proposé à certains des séances de réflexion, permettant de se libérer de leurs angoisses pour basculer dans ce qu’il appelle l’“état de confiance”. Il a pu observer que leur système immunitaire s’était renforcé. — Et ça marche vraiment? — Oui, les résultats sont stupéfiants: les troubles bénins disparaissent rapidement. Pour les cas les plus graves, une personne sur deux a repris une vie normale, un tiers se sent mieux et continue la démarche, le reste combat encore la maladie et cherche le chemin.
Un choix: deux portes
Les séances de travail reposent sur le principe que seul l’état de confiance peut nous guérir. Nous vivons dans une peur constante, emprisonnés dans nos habitudes conditionnées par notre passé. La première des quatre étapes préliminaires du processus de transformation est de prendre conscience de cet aveuglement. Elle consiste à comprendre que nous avons le choix d’être dans nos croyances réflexes ou dans l’état de confiance.»
Un choix: deux portes
La première partie développait ce que Maya m’avait enseigné à mon arrivée. Shanti avait insisté sur ce thème lui aussi: regarder la vie d’un œil neuf, comme un enfant qui découvre le monde. S’éveiller à ce que désire notre cœur et non pas agir en fonction de croyances automatiques guidées par la peur. Jason avait baptisé cela les «croyances réflexes» – en opposition à l’«état de confiance» –, qui reposent sur des lois universelles inexplicables, mais peuvent être expérimentées à tout instant.
Un choix: deux portes
La logique voulait que lorsque l’on donne quelque chose à quelqu’un par exemple, la croyance réflexe associe cela à un manque possible, car en offrant, on se démunit. Ainsi, nous partageons le moins possible et accumulons des choses inutiles plutôt que d’en faire profiter les autres. Cette croyance s’applique au matériel comme à l’intangible: les futilités dans lesquelles nous nous perdons alimentent l’illusion de notre absence de temps. Or, en retenant ce que nous possédons, nous nous limitons à ce que nous avons, nous coupons la circulation des énergies
Un choix: deux portes
croyance réflexe alimente de nouvelles peurs de perdre ce que nous avons, de n’être jamais satisfaits, de devenir envieux de ce que le voisin a de plus. L’état de confiance au contraire affirme que plus nous donnons, plus riche est notre vie. Le bonheur d’offrir n’a rien de comparable. L’amour ne peut nous démunir, il se multiplie, jamais ne se divise. Lorsque nous partageons notre temps, un sourire, de l’argent, nous accédons à la source intarissable de l’univers. L’état de confiance repose donc sur l’abondance, il prend naissance en nous alors que la croyance réflexe se fonde sur la peur du manque et se nourrit de restes extérieurs.
Un choix: deux portes
Je compris qu’il y avait en quelque sorte deux portes devant moi. J’avais le choix de pousser l’une ou l’autre à chaque instant. Soit j’empruntais celle qui me permettait l’accès à l’Amour, soit celle qui m’enfermait dans le prisme de la Peur
Un choix: deux portes
Jason expliquait que jusqu’à cette prise de conscience, nous fonctionnons par automatisme, dirigés par l’ego qui nous contrôle. Il nous devient impossible de concevoir que la deuxième porte existe, car sous l’emprise de l’ego, la seule hypothèse est l’individualisme.
Un choix: deux portes
Je me sentis perdue à la lecture de cette dernière idée. La suite m’éclaira, mais je devais avant tout comprendre le fonctionnement de l’ego. Jason précisait que ce dernier maintenait son identité en enseignant que le monde était dangereux, et que grâce à sa protection nous avions survécu. Pour cela, il établit ses propres règles, ses mécanismes de défense et d’attaque et nous préserve dans la peur. Plus il crée le manque dans notre quotidien, plus confortable est son argumentaire pour nous maintenir dans l’illusion. Il nous enferme et nous asphyxie dans un univers étriqué. Les pensées négatives, alimentées par notre paranoïa d’un monde extérieur nuisible, prolifèrent et nous cimentent dans notre réalité tronquée. L’arme de l’ego est inébranlable: l’autre est le problème! En se positionnant en victime, il rejette la faute sur la première personne qui passe: «Si je suis malheureux, c’est à cause d’elle»; «Avant de la croiser, qu’elle me dise ceci, ou qu’elle réagisse comme cela, tout allait bien…». L’ego renforce sa position: c’est en raison d’événements extérieurs que je me protège, mes attaques ne sont qu’une réaction à celles des autres. Sa défense se caractérise par la critique et la condamnation pour justifier qu’il n’y a aucune raison d’être dans l’amour, sauf lorsqu’une personne sert ses intérêts. La seule façon d’entrer dans son cercle d’amis est de lui rapporter quelque chose, sinon il exclut. Il juge, blâme et joue avec les sentiments. Il définit si l’autre est aimable ou pas. Il récompense en honorant de son estime lorsque l’autre répond à ses critères de sauvegarde, sinon il punit en la retirant. L’amour inconditionnel est une menace pour l’ego puisque cet état l’obligerait à disparaître. Donc il assujettit, sépare et garde sous hypnose en s’assurant que l’on ne puisse atteindre la seconde porte qui le condamnerait à mourir.
Un choix: deux portes
Je ne voyais pas quelle autre porte s’ouvrait devant moi. Les notes de Jason expliquaient que la seconde issue offrait un monde opposé à la première. Elle partait de l’hypothèse que le bonheur n’était accessible que dans la compréhension de notre interconnexion les uns aux autres. Nous avions l’impression d’être dissociés, mais étions indivisibles. J’avais du mal à comprendre cette alternative. Je visualisais les deux portes, celle de la Peur ou celle de l’Amour, mais je ne saisissais pas clairement ce que signifiait cette dernière. La suite des écrits me stupéfia. Jason insistait sur le fait que prendre conscience n’était pas simple, car nous vivions sous le contrôle de l’ego depuis notre naissance. Commencer à voir que la réalité était ailleurs, c’était admettre que l’ego était une illusion. C’était donc aller à l’encontre de sa préservation. Comment pourrait-il l’accepter sans résistance? L’ego ne juge qu’en fonction de lui-même et de ce qui lui sert. Il nous maintient dans un état d’effroi qui nous restreint à ne percevoir qu’une porte. En l’admettant, nous prenons le recul nécessaire pour voir la seconde. La seconde porte consistait à comprendre que derrière la multitude de visages sur terre, il y avait une seule et même unité. Nous réagissons tous de façon similaire, avec des volontés, des peurs et des besoins identiques, même si la forme paraît différente. Pour apercevoir le choix qui s’offre à nous, il faut enlever les lunettes que l’ego a placées devant nos yeux pour nous rendre compte que nous ne sommes pas dans la réalité, mais dans la vision de ce qu’il veut nous montrer.
Un choix: deux portes
Il est possible de prendre conscience de nos réactions automatiques qui se traduisent par la défense, la culpabilité, l’illusion, la colère, le conflit, l’opposition, la tristesse, la séparation, l’individualisme, la supériorité, l’infériorité, la lourdeur du passé, la peur du futur, le manque et même la maladie, pour faire le choix de vivre différemment par la lucarne de l’état de confiance, de l’unité, de la plénitude, du seul instant réel qu’est le présent, de la justesse de nos agissements, de tous nos mots et de toutes nos attitudes guidées par le cœur.
Un choix: deux portes
Jason recommandait un exercice pour modifier ses habitudes: «Pendant les prochaines vingt-quatre heures, concentre-toi sur les trois idées suivantes: 1) Observe tes pensées, tes intentions et tes volontés et tente d’établir si elles viennent du cœur ou de l’ego. 2) Donne aux autres ce que tu veux recevoir: des sourires, de douces pensées, du temps, de l’écoute, de la compréhension et partage ce que tu aimes. 3) Observe que tout ce que tu donnes à l’autre, tu te le donnes à toi-même, car nous sommes interconnectés.»
Un choix: deux portes
l’ego ne survit que dans l’illusion d’être une entité à part du reste.
Un choix: deux portes
En quelque sorte, je pousse toujours la même porte, celle de la Peur. Tu expliques que j’ai le choix d’en sortir et d’entrer par la seconde porte qui s’offre à moi en acceptant l’hypothèse de l’interconnexion. Ce que tu appelles l’état d’amour ou de confiance! — Pour y accéder, il nous faut lâcher la croyance de la séparation. Nous ne formons qu’une seule et même entité avec tout ce qui nous entoure. — Que veux-tu dire par là? Je suis physiquement différente de toi, des montagnes, des arbres, des pierres, de la table, des personnes… Je suis unique et séparée de toi. — En es-tu sûre?
Un choix: deux portes
«Tu peux changer d’état vibratoire, sortir de ces énergies basses pour retrouver une fréquence plus élevée et te régénérer. C’est la meilleure façon de s’immuniser contre les voleurs d’actifs, les bactéries et les virus. Pour élever tes fréquences vibratoires, prends conscience de ton état d’esprit, tu pourras ainsi mesurer les ondes que tu émets. Ta fréquence vibratoire correspond à ton état de bien-être à un moment précis. Plus tu es en harmonie avec toi-même, en connexion avec l’autre, plus l’amour que tu génères est fort et plus la fréquence vibratoire est élevée. Elle devient optimale lorsque tu accèdes à la fusion avec l’unité. C’est à cet instant que tout est réalisable. Tu entres dans le champ illimité des possibilités.»
Un choix: deux portes
Lorsque tu te sens mal avec quelqu’un, le niveau de vibrations bienveillantes que tu lui envoies est bas. Pour accéder à l’espace illimité, il te faut élever ton énergie. C’est l’échelon maximal sur l’échelle. Il suffit d’une seconde pour y arriver! Le passé est révolu et nous n’avons plus d’impact sur lui. En revanche, le présent nous permet d’agir instantanément. Il suffit d’avoir conscience de notre état vibratoire et des ondes que nous émettons.»
Un choix: deux portes
En arrêtant le mental, les croyances réflexes disparaissent pour ne laisser place qu’à la vérité de l’instant. Tout devient conscient: l’espace entre les mots, le silence entre les sons, la lumière dans l’obscurité… Nous pénétrons dans la vibration du cœur, pour nous fondre dans le seul sentiment réel: l’amour. C’est de cet état que tu peux créer tout ce que tu souhaites en accédant à une dimension plus élevée: celle du champ des possibles.»
Un choix: deux portes
«Lorsque tu atteins cette fréquence vibratoire, les pensées en provenance de ton cœur ont une résonance tellement puissante que ta volonté est exécutée par l’intelligence universelle, cet endroit uni et illimité au-delà des apparences.»
L’unité absolue
«La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent.» Albert Einstein
L’unité absolue
vivons-nous la réalité? N’était-ce pas une vue de l’esprit, de l’ego ou que sais-je encore? — La réalité est complexe, confirma Ayati. Face à une situation, nous ne percevons qu’une petite partie de la vérité, avec les limites de notre vision, de notre perception, de notre compréhension, des dimensions que nous connaissons, de nos croyances, de notre éducation, et bien d’autres facteurs, pour n’en citer que quelques-uns. — Rappelle-toi le test que nous avons fait avec ton téléphone, intervint Shanti. — Lors d’une expérience en laboratoire, j’ai demandé à un individu d’examiner un objet, reprit Ayati. En connectant son cerveau à un scanographe, j’ai constaté que certaines zones s’illuminaient. Jusque-là, rien d’étonnant. J’ai enlevé l’objet de son champ de vision, lui ai proposé d’imaginer ce qu’il venait d’observer. Les mêmes zones se sont allumées. Le cerveau ne fait donc pas de différence entre ce qu’il voit et ce dont il se souvient. Nous activons les mêmes réseaux neuronaux. Ce qui pose une première question sur notre réalité: sommes-nous en train de regarder ou d’inventer?
L’unité absolue
La masse cérébrale traite quatre cents milliards de bits d’informations par seconde, mais nous ne sommes conscients que de deux mille bits
L’unité absolue
nous ne voyons qu’une très faible partie du monde qui nous entoure. Un objet devient réel à partir du moment où l’on y met de la conscience. Ce qui pose une seconde question sur la réalité: la façon dont nous la percevons n’est-elle pas intimement liée à notre connaissance? Nous voyons une chose, puis son reflet dans le miroir de la mémoire. Regarde la table, par exemple. L’image arrive à notre pupille puis à notre cerveau. Nous ajoutons le savoir nécessaire pour considérer que c’en est une. Il s’est passé un moment entre la vision du meuble et la compréhension que nous en avons. Nous ne sommes jamais en perception directe, mais en interprétation. — Autrement dit, nous fabriquons notre réalité à partir de notre connaissance et de nos expériences? — C’est exact,
L’unité absolue
Elle est aussi conditionnée par nos émotions.
L’unité absolue
L’hypothalamus, une toute petite zone du cerveau, fabrique des substances chimiques, appelées peptides, qui se rassemblent pour créer des hormones neuronales correspondant à chaque sentiment vécu. — Comme la colère? La joie? — Oui, la tristesse, la frustration, la jouissance, le plaisir… En fait, dès que nous éprouvons une émotion, les peptides constitués sont déversés dans le sang pour s’acheminer auprès des cellules visées. Chaque cellule est dotée de milliers de récepteurs ouverts au monde extérieur. La substance diffusée dans le corps envoie un signal au récepteur qui capte l’information et déclenche une série de réactions biochimiques pouvant modifier la cellule. — Comme si elle avait une conscience? — Parfaitement. Elles sont vivantes. Leurs récepteurs les font évoluer et les réinventent selon les sentiments les plus courants de notre vie. Les pensées et les ressentis sont interconnectés à ce réseau neuronal. Le cerveau est donc en constante construction. Il change chaque seconde en fonction des renseignements qui lui parviennent. C’est ainsi que nous créons nos modèles de vision du monde extérieur. — Ce qui veut dire que pendant que tu me parles, mon cerveau se transforme et élabore de nouvelles connexions? — C’est juste. Il enregistre, renforce un modèle existant sur ces thèmes, ce qui modifie sa structure. De plus, il traite l’information qui arrive en y ajoutant une intelligence particulière. Suivant ton interlocuteur, le cerveau libère les émotions concernées.
L’unité absolue
Les cellules nerveuses qui s’animent ensemble collaborent. Lorsque nous répétons des comportements identiques tous les jours, les neurones créent une relation durable qui détermine notre personnalité. Si je me mets en colère, ou que je souffre, ou que je me sens brimé au quotidien, je renforce ce réseau neuronal. — Mais comment arrêter ça? Sommes-nous condamnés à ces automatismes? — Non! Nous avons la faculté de casser nos représentations. En changeant nos croyances, il nous est possible de remplacer nos modèles par d’autres.»
L’unité absolue
«Tu m’as expliqué les trois premières étapes du processus de transformation: la première en prenant conscience que nous avons le choix à chaque seconde de pousser la porte de la Peur ou celle de l’Amour, la deuxième en élevant son état vibratoire pour se connecter à l’énergie pure: l’espace où tout est création, le champ de tous les possibles, et la troisième en comprenant qui nous sommes et comment nous fonctionnons. Quelle est la dernière? Ayati m’a parlé de quatre étapes.
L’unité absolue
Apparemment, depuis une décennie, les médecines alternatives utilisaient l’énergie vitale pour soigner différents types de maladies. Les fréquences élevées réussissaient à dissoudre la matière, comme certaines tumeurs qui ne sont qu’une solidification d’autres, plus basses. J’étais stupéfaite.
L’unité absolue
Nous nous sommes basés sur les hypothèses suivantes: un, la science permet d’observer que ce qui nous semble solide n’est que du vide. Deux, nous savons que notre corps est composé à plus des deux tiers d’eau, une molécule constituée d’oxygène et d’hydrogène, eux-mêmes des atomes, dont le vide représente 99%. Elle réagit sous l’influence des pensées. Trois, le cerveau se recrée via les informations que nous lui envoyons et les pensées que nous formulons. Je me suis attardé sur la pensée puisqu’elle est le centre du sujet et me suis rendu compte que seuls deux états existaient: la Peur et l’Amour. Toutes nos réflexions prennent racine dans l’un ou l’autre. La peur entraîne la tristesse, la colère, l’agressivité et bien d’autres émotions qui ont un effet désastreux sur notre corps. En revanche, les pensées générées dans un état d’amour permettent l’harmonie du corps, la réconciliation, l’unité, le bien-être. Nous avons réfléchi à un protocole de guérison basé sur la conscience de ces deux manières d’être, des actes qui en découlent et les incidences directes sur notre santé et notre vie.»
L’unité absolue
Pour accéder à la transformation, il m’a fallu prendre conscience que j’étais malheureux, et ça n’a pas été si simple de me l’avouer! Bien sûr, je connaissais des moments de plaisir éphémères, mais plus rien ne me faisait vibrer durablement.
L’unité absolue
je sentais au fond de moi quelque chose qui n’allait pas. Je ne savais pas quoi, mais je ne me reconnaissais plus dans ce monde agressif. La morosité ambiante me touchait. Je ne retrouvais pas ma nature profonde dans ce combat.
L’unité absolue
J’avais la chance de m’offrir ce que je souhaitais, j’étais entouré d’amis, ma vie sentimentale me convenait, ma santé était bonne. Mais
L’unité absolue
Je n’arrive pas à sortir de ces tensions, mais je voudrais moi aussi changer! — Tu es donc prête pour la transformation qui commence au moment où nous souhaitons voir notre vie évoluer. Après avoir pris conscience que nous nous sommes enfermés seuls dans une prison, et que nous avons le choix d’en sortir, il nous faut maintenant les clés. C’est ce que Jason t’expliquera demain.»
À partir de maintenant…
«Avoir la foi, c’est monter la première marche, même quand on ne voit pas tout l’escalier.» Martin Luther King
L’unité absolue
Les moments de bonheur sont brefs, je retombe dans un mal-être dès qu’une situation ou une personne me contrarie.
À partir de maintenant…
une création commence par une idée à un moment précis et présent. Au plus profond de nous, nous savons que notre pensée résonne, et que le rêve n’est pas loin. Mais il est souvent difficile de passer à la réalisation. Pourquoi? Parce que l’ego freine, il nous décourage. Ses arguments paraissent tellement sensés que saisis par le doute, nous préférons oublier nos aspirations. — Oui, enfin… Nous avons quelques obligations dans la vie, qui nous empêchent de les réaliser! — Non! Rien ne peut bloquer un désir qui émane du cœur, excepté l’ego. Et c’est un fin négociateur, il sait nous ramener à “sa raison”. Le conflit interne commence: “Je sais qu’il faut que ça change, mais je n’ai pas d’autre choix que continuer comme ça, je ne vais pas faire de mal à mes enfants, à mon conjoint, à X ou Y, et puis… je ne suis pas très chanceux, ni très doué, il vaut mieux laisser tomber…”; “Évidemment que je sais ce que je veux, mais c’est trop tard ou c’est trop tôt…”. La transformation comprend deux stades. Le premier est d’être déterminé à voir les choses différemment!
À partir de maintenant…
Nous construisons et renforçons notre système de croyances par notre éducation, notre culture et nos expériences. Nous intégrons comme une vérité les phrases qui nous sont répétées: “La vie est dure et injuste”, “Elle n’est que combat”… Nous agissons par automatisme. Nous reproduisons les cycles antérieurs en nous angoissant pour l’avenir. Notre mental nous projette dans un temps décalé. — Tu deviens libre au moment précis où tu deviens conscient, intervint Shanti. C’est dans cet espace que tu pourras prendre les décisions avec un regard neuf sans le poids du passé, sans culpabilité ni projections sur l’avenir. — C’est exact, reprit Jason. Tu t’offres la liberté de voir les autres et les faits tels qu’ils sont, en te détachant du prisme de la peur. C’est ainsi que tes pensées automatiques s’arrêtent et que tu accèdes à tes rêves en connexion avec l’instant. C’est simple: en sortant de nos croyances, le processus se met en place. — Pourrais-tu me citer une croyance? — “J’ai peur de l’échec”, par exemple. — Mais… c’est une réalité! Qui n’en a pas peur? N’en as-tu jamais connu? — L’échec n’existe que dans le monde de l’ego, car il est source de jugement. Alors que ce sont les expériences qui nous permettent de grandir et d’apprendre. C’est en acceptant l’épreuve que nous accédons à nos rêves. Crois-tu que nous marcherions aujourd’hui si nous n’étions pas tombés mille fois? L’équilibre ne se trouve qu’après plusieurs chutes. Ce n’est pas un échec, c’est le processus normal de l’apprentissage.
À partir de maintenant…
«J’ai un rhume récurrent les premiers jours de janvier. C’est devenu une coutume, au point que j’emporte toujours quelques médicaments en prévention quand je pars. — Tu vis ce que tu crées. Chaque année, tu visualises ton inflammation avant qu’elle n’arrive, alors elle se manifeste. — Ben, non! Je ne fais pas exprès de tomber malade! — Je n’en doute pas, mais tu l’as inscrit dans ton système de pensée. Pour arrêter le processus, il faut stopper cette croyance en contrôlant ton mental. À chaque fois qu’une idée ne te convient pas, ne la rejette pas, mais annule-la par une image opposée, puis valide à voix haute ce que tu transformes. Par exemple, lorsque tu te remémores ce rhume de l’année précédente et que tu imagines que tu n’y couperas pas cette année, observe cette réflexion et reprogramme-la. Tu pourrais te visualiser guérie puis affirmer: “Je commence l’année en pleine santé. Aucun virus ne peut m’atteindre. Je laisse les médicaments dans le placard.” — Et tu crois que ça suffit? — Oui, intervint Shanti, c’est la même chose que l’esprit positif, nous en avons déjà parlé.
À partir de maintenant…
Tes croyances reproduisent ton rhume chaque année, pourquoi ne pas considérer qu’elles fonctionnent dans l’autre sens? Si tu décides fermement quelque chose, tu l’obtiens. Si tu souhaites attirer du positif, sois positive dans tes pensées, dans tes mots, dans tes actes. N’as-tu pas dans ton entourage des personnes qui ont une chance inouïe? — Si, je pense à un collaborateur, il ne lui arrive que des choses incroyables. Il est toujours là au bon moment. — L’entends-tu se plaindre, juger ou critiquer? — Il ne manquerait plus que ça, il a tout! Une femme qui l’aime, des enfants adorables, un job fructueux dans lequel il s’épanouit… À chaque fois qu’il se passe quelque chose de bien, c’est pour lui. Ce serait malvenu qu’il se lamente! — Nul n’est plus chanceux que celui qui croit en sa chance. Tous les êtres humains vivent des déceptions et des souffrances, mais tu remarqueras que ceux qui attirent la chance ont eux-mêmes une attitude positive envers la vie. C’est un cycle vertueux que chacun peut mettre en place. D’autant plus vertueux que lorsque nous réussissons quelque chose, nous prenons confiance en nous, la crainte s’éloigne et nous tentons davantage de choses. De la même façon, chacun a la possibilité de s’enfermer dans ses croyances négatives alimentées par ses expériences passées. La peur nous tétanise et nous bloque dans un cercle vicieux. Nous attirons alors ce qui nous hante. Ta pensée présente enclenche le processus constant de ta réalité. C’est ce que j’appelle la loi de l’attraction. Tu attires ce que tu es.
À partir de maintenant…
Je ne suis pas sûre que ta théorie convienne à tout le monde. Je pense à un ami d’une gentillesse profonde, il est toujours là pour aider, mais il ne lui arrive que des malheurs. Si la loi de l’attraction s’applique comme tu viens de me l’expliquer, il devrait mériter la paix et l’harmonie or, ce n’est pas le cas. — Elle fonctionne lorsque ta pensée, tes actes et tes envies profondes sont alignés sur la même vibration. Si ton ami agit par obligation parce qu’il ne sait pas refuser une demande, ses choix diffèrent de ses intentions, et la magie n’opère plus. — Pourquoi ferait-il cela? — Pour être aimé par exemple. Il pourrait souffrir d’une blessure profonde, qui l’amène à croire que pour être apprécié, il doit aider l’autre au point d’oublier ses besoins. Crois-tu que ses actes sont en phase avec ses rêves? — Non, effectivement, il m’a souvent dit qu’il ne savait pas dire non, ce qui génère des conflits dans son couple. Sa femme et ses enfants lui reprochent son absence, il passe son temps à rendre service. — Sa difficulté à refuser provoque les demandes qu’il appréhende. Il finit par s’oublier.
À partir de maintenant…
Le processus paraît simple à comprendre, mais difficile à appliquer, car nous ne pouvons pas identifier tout ce qui est inconscient. C’est pourquoi il est essentiel de se confronter à nos envies, nos frustrations, et d’écouter notre voix intérieure pour apprendre à harmoniser nos énergies afin d’aimanter ce que l’on veut au plus profond de nous. Le souhaites-tu vraiment? — Oui, je suis prête, mais je ne sais pas comment m’y prendre. — La première chose est de formuler ce que l’on vient de se dire en visualisant ta vie comme si elle était déjà une réalité. Essaie en commençant ta phrase par “À partir de maintenant, je…”.»
À partir de maintenant…
«À partir de maintenant, j’ai confiance en la vie, elle me présente les opportunités et je les saisis. À partir de maintenant, j’accepte de me tromper, l’erreur fait partie de la transformation. À partir de maintenant, j’attire ce que je pense, si mes pensées sont positives, le positif arrive à moi, si en revanche mes pensées sont négatives, le négatif arrive à moi. À partir de maintenant, je suis consciente des deux portes devant moi. À partir de maintenant, je suis moi!» Jason attendit un instant, puis déclara: «Te voilà partie dans le processus de transformation!»
À partir de maintenant…
nous sommes tous des élus, nos ressources sont illimitées. Mais souvent, nous nous perdons en route, hypnotisés par des futilités, et ne retrouvons plus le chemin de la créativité. Nous oublions notre essence, nous n’entendons plus nos signaux ni nos codes. Alors nous naviguons en solitaire, dans un brouillard épais, en nous laissant endormir par le marketing qui donne un sens, même éphémère, à notre quotidien. Il existe en nous une petite flamme qui nous rappelle que nous ne sommes pas dupes. Face à notre miroir, nous savons que nous nous mentons, mais comment retrouver le chemin? Comment m’avouer que je me suis égaré durant toutes ces années, que j’ai combattu des tempêtes pour avoir ce que j’ai aujourd’hui et que ma bataille n’a servi à rien?»
À partir de maintenant…
«La première chose est de ne jamais se juger. Tout ce que j’ai pu faire m’est utile pour comprendre. Accepter la transformation et le changement, c’est aussi admettre son passé avec bienveillance. Nos anciens combats nous ont permis un entraînement non négligeable. Je suis ce que je suis, conscient de mes forces et de mes faiblesses avec de nouveaux objectifs. Il ne sert à rien de se positionner en victime ou d’avoir des regrets. Nous avons vécu en phase avec nos buts précédents. — Tu avais peur de tomber amoureuse, tu es donc restée seule pendant cette période, intervint Shanti. Tu voulais gagner de l’argent, tu t’en es donné les moyens en travaillant de façon acharnée. Tu souhaites autre chose, tout est possible si tu le décides. — Oui, ton potentiel est illimité, Maëlle.»
À partir de maintenant…
«Guide-moi. Je ressens ce que tu dis, je fuis ce que je désire parce que je le crains. J’en ai assez de vivre comme un automate, mais je n’arrive pas à différencier ce que je suis intrinsèquement de ce que l’on attend de moi. Comment dissocier mes envies de mes obligations, de mes peurs dont je ne suis pas consciente pour certaines?» Jamais je n’aurais pensé un jour avouer ce genre de choses. «Admets la situation. Celle de ne pas savoir ce que tu veux au fond de toi. — Mais alors, rien ne change? — Si, au contraire, accepter ce qui est donne accès à la vérité. — Je ne comprends pas, tu me disais tout à l’heure qu’il fallait créer sa vie en imaginant la suite, en se visualisant dans ce que l’on souhaitait à l’instant présent. — Accueillir ce qui est te permet ce processus de changement, car il t’affranchit du poids du passé, de la peur, du jugement et de la panique du futur. Ta volonté est de changer, de te connaître pour te libérer de tes réactions automatiques. Tu es déjà en route vers cette flamme intérieure. Sois attentive aux coïncidences de la vie et laisse faire l’univers, qui agira selon les lois de l’attraction. Plus tu seras lucide en observant ce qui est, sans juger, moins ta perception interviendra, plus vite la magie opérera.
À partir de maintenant…
— Tu veux dire que mes émotions tronquent mes réactions? — Bien sûr, car la neutralité de chaque chose ou de chaque situation est abolie par nos projections affectives, éducatives, socioculturelles et même religieuses. Un problème pour certains peut être un défi pour d’autres, un jeu ou une expérience pour d’autres encore. Si nous réussissons à déconnecter notre perception de l’événement, nous pourrons plus facilement réfléchir à la solution. Nous avons tous en nous un endroit où le savoir est illimité, une partie de nous qui nous rappelle que nous sommes, au-delà de nos apparences, connectés à quelque chose qui nous dépasse. — C’est-à-dire reliés à… Dieu? — Appelle-le comme tu le souhaites, je n’aime pas mettre de nom sur ce qui est infini.
À partir de maintenant…
Se brancher à cette source interne nous permet d’avoir accès à tout notre potentiel de création. — Une fois que j’accepterai ce qui est, tu penses que je saurai ce que je désire créer? — Oui, tu commenceras à entendre cette petite voix. N’as-tu jamais eu d’intuitions? Les suis-tu? — Pas toujours, mais il est vrai que souvent je le regrette, car elles se vérifient. — Nous préférons demander conseil à notre entourage, en déléguant notre vie. Si j’échoue, j’ai déjà le coupable!» L’ironie de Jason ne m’échappa pas. «Je ne suis pas toujours mon instinct, mais j’assume mes choix. Je calcule les probabilités de réussite et décide de me lancer ou pas. — La rationalisation est une autre façon de fuir nos intuitions. Dans le monde occidental, nous négligeons les coïncidences, comme tout ce qui émane de l’hémisphère droit de notre cerveau: la créativité, le sens artistique et l’intelligence globale. Nous avons privilégié l’utilisation de notre hémisphère gauche, siège de la logique et du raisonnement, pensant que c’était le seul utile pour résoudre les problèmes. C’est pourquoi nous sommes démunis face à la maladie, car les statistiques ne peuvent rien pour nous. Accéder à l’essence de toute chose nécessite de dépasser la compréhension. La guérison revient à comprendre qu’il y a un espace en nous de perfection. Il suffit de le ressentir pour le retrouver immédiatement.
À partir de maintenant…
La maladie vient de notre perception de manque exogène. La santé représente le parfait dialogue entre nos cellules et notre environnement. En augmentant notre niveau de conscience, nous élevons nos fréquences et renforçons notre système immunitaire.
À partir de maintenant…
Il nous est difficile d’atteindre l’énergie universelle, qui donne accès au champ illimité des possibles. Or aujourd’hui, nous prenons conscience de l’existence de mondes parallèles qu’il nous est impossible de voir, mais que nous pouvons ressentir. C’est de cet endroit que naissent les intuitions. Nous entrons dans une ère inédite, celle de l’énergie pure: le champ de fréquences supérieures. Dans cet espace, notre âme prend le dessus sur nos automatismes et déprogramme, une à une, nos cellules avec de nouveaux codes qui nous libèrent des mémoires polluées. Nous parvenons à une autre compréhension: nous expérimentons l’unité dans une dimension vibratoire unique en comprenant que la dualité n’est qu’illusion. Nous commençons à tester une forme de communication novatrice: l’intuition où les pensées se manifestent en connexion avec l’énergie universelle. — Peut-on y accéder dès maintenant? — Elle est là, nous y sommes déjà, même si nous ne la voyons pas, nous pouvons la percevoir, en écoutant ce qui se passe en nous. Comme je viens de te le dire, sois attentive aux signaux qui émanent de ton cœur face aux personnes que tu croises, aux lieux qui t’apaisent, aux remarques qui te blessent, écoute le message qu’ils t’apportent et prends-les au sérieux. Si tu comprends que ton dessein est bien plus large que toi et que tu fais partie d’un tout, tu sauras que ce qui se produit est le fruit de ta semence dans la matrice globale. L’univers répond à tes attentes à chaque instant.
À partir de maintenant…
— Faire confiance à ce qui arrive me semble impossible dans le monde dans lequel je vis. Je dois programmer, je ne peux pas me permettre de m’affaiblir en lâchant le contrôle. — Prends le risque. L’ego ne t’offre aucune protection, juste des strates d’illusion qui te plombent et te contraignent à rester figée au sol. Enlève l’armure, et par tes failles, la lumière trouvera le chemin. — Accèdes-tu à cette dimension? — Je m’y efforce, je suis attentif et je formule cette volonté. Je me répète tous les jours les affirmations suivantes: “Je crois en moi, et je sens ma puissance illimitée”; “J’écoute les signes qui me guident”; “J’obtiens ce que je veux, je mérite le meilleur”. Ces déclarations m’aident à ne pas fléchir quand mon ego tente d’interagir. Puis je me pose la question la plus précieuse: qu’est-ce que je souhaite créer dans ma vie?
Kilomètre Zéro
«Le fait de renoncer à cette rencontre hypothétique m’attriste. La raison m’oblige à rentrer, mais j’entends une petite voix intérieure qui me supplie de rester. Je ne sais pas comment te l’expliquer!» Shanti se leva, me tapota l’épaule et conclut d’un ton satisfait: «Tu as ta réponse!» Il me laissa seule.
Kilomètre Zéro
Je le savais au fond de moi: cette petite voix intérieure dont m’avait parlé Jason la veille avait toujours été là pour moi. Je la fuyais de peur d’avoir à assumer les conséquences de mes choix. Mais aujourd’hui, j’avais envie de la suivre, même si elle me semblait déraisonnable. Pour la première fois, j’aspirai à lui faire confiance. Une force me poussait, il était temps d’essayer quelque chose de nouveau: je devais respecter mon rêve. Ces pensées m’apaisèrent. Shanti m’avait enseigné à écouter mon corps. Je pris un moment pour percevoir ses réactions. Il était détendu, je me sentis soulagée. J’avais opté pour la bonne décision.
Kilomètre Zéro
Nous entreprenons ce détour pour trouver un enseignement particulier. Je serai satisfaite lorsque nous ferons sa connaissance, enfin… s’il existe! — C’est un problème récurrent dans notre monde moderne, le résultat! Se fixer une direction peut être utile, mais en se focalisant sur l’objectif, nous en oublions le voyage. Notre obsession du résultat engendre notre peur de l’échec. Nous souffrons de l’incertitude jusqu’au moment fatidique: soit nous atteignons notre but, en fixons un suivant et nous inquiétons de nouveau, soit nous n’y arrivons pas et nous effondrons dans les affres du naufrage en renforçant l’idée de notre faible valeur. L’objectif devient donc un traumatisme. Le résultat n’est qu’un fait, un bref instant entre deux voyages. Crois-tu que le bonheur dépend d’un moment aussi court?
Kilomètre Zéro
— Tu veux dire qu’il ne sert à rien de savoir si nous allons rencontrer ce sage ou pas? — Ce que je t’explique, c’est qu’il est inutile de se polariser sur l’issue. Ni toi ni moi n’avons de certitude sur cette rencontre. La meilleure façon de le trouver est d’être en alerte à tout ce qui arrive. Mais quelle qu’en soit la finalité, l’objectif est de prendre du plaisir à chaque seconde, ainsi le voyage sera une réussite. Le bonheur ne réside pas au kilomètre final qui n’existera jamais, mais au kilomètre zéro, qui commence à chaque instant.»
Kilomètre Zéro
Je souris, parcourue d’un frisson d’admiration. Shanti avait raison, j’envisageais des scénarios et créais mes problèmes: avais-je pris la juste décision? Et si on ne trouvait pas ce sage? Et si Matteo n’était pas la bonne personne? Et si, et si, et si… Après tout, profitons de l’instant! Je me sentis soulagée. «Finalement, c’est simple, il suffit de lâcher la pression autour du résultat et d’arrêter d’y penser! — Ou de le déplacer. Si tu considères que ton objectif est d’être heureuse, alors comprends que chaque seconde est le résultat. Il n’y a pas de différence entre le chemin et son but. — C’est malin ça! Le résultat est déjà inclus à chaque moment dans le trajet. — Oui. Le fait de rencontrer cette personne ou pas ne peut avoir d’incidence sur notre état de bien-être. Ton bonheur prend racine en toi au kilomètre zéro. Rappelle-toi de cela, c’est l’unique secret.»
L’intuition
Matteo me prit par les épaules. Il voulait tout savoir sur moi, tout ce que je pouvais lui dévoiler. «Ça tombe mal, je suis dans le brouillard! Shanti m’a fait prendre conscience de mon absence de repères. Il est difficile de te dire aujourd’hui qui je suis. C’est confus. — Bienvenue dans le monde de la transformation! — Oui… ça promet! La semaine dernière encore, j’avais le sentiment d’avoir des certitudes, mais elles se sont envolées une à une. Si peu de temps pour tout bousculer, je n’en reviens pas moi-même. Le paradoxe est que je me sens vulnérable, mais plus solide. — Sûre de rien, mais confiante? — Exactement… Le contrôle m’échappe, mais j’ai le sentiment que tout s’ordonne.
L’intuition
Tout ce que tu as vécu a permis l’accès à ce que tu réalises en ce moment
L’intuition
Nous sommes là où nous devons être
Cocktail
Sais-tu pourquoi tant de relations sentimentales si fortes au départ se finissent en déchirures sordides?» Je haussai les épaules. «Nous attendons de l’autre qu’il comble nos carences, n’est-ce pas? Tant que nous ne travaillons pas sur nos besoins non satisfaits, nous projetons sur l’être aimé nos attentes, au point de l’idéaliser. Il se donne le rôle de répondre et d’alimenter nos dysfonctionnements. Nous entrons dans une relation de dépendance mutuelle qui finit souvent par une catastrophe lorsque la magie disparaît. — L’attirance ne s’explique pas. Elle naît d’un coup de cœur pour quelqu’un sans que l’on puisse la contrôler. — Pas tout à fait. Notre éducation, nos premières amours, les gens que nous avons fréquentés, notre histoire personnelle influencent notre image de l’être idéal
Cocktail
les endorphines, les neurotransmetteurs du plaisir. Lorsque l’on tombe amoureux, douze régions de l’encéphale s’activent pour délivrer ces molécules chimiques euphorisantes. Un cocktail magique, proche de certaines drogues comme l’héroïne ou l’opium. C’est pourquoi nous nous sentons “pousser des ailes”. — Un cocktail magique? — Oui, une surproduction d’hormones comme les amphétamines, stimulant l’activité cérébrale, diminuant le sommeil et la faim, ou la dopamine provoquant l’hyperactivité et l’ivresse. Mais aussi la phényléthylamine, qui suscite l’euphorie, la NGF1, une des protéines qui augmentent au début d’une relation et qui ne durent, au mieux, qu’un an, ou encore la lulibérine, l’hormone du désir,
Cocktail
— Le cerveau reçoit des signaux positifs et amplifiés de notre vision de l’objet de nos désirs. Ses défauts s’effacent pour laisser place à un idéal rayonnant qui nous attire vers lui. L’être aimé devient le centre du monde. — Oui, c’est bien ça! Je me suis laissé aveugler. — Puis l’acte sexuel ainsi que le plaisir renforcent la libération des hormones. L’état de bien-être est à son paroxysme,
Cocktail
«Mais le cerveau s’habitue aux décharges répétées. Les récepteurs disposés sur nos neurones perdent leur sensibilité aux différentes hormones. Lorsque la potion miraculeuse s’estompe, au bout de six mois à trois ans, l’entièreté de la personne aimée se manifeste. La passion du coup de foudre finit par passer et vient le moment de l’amour raisonnable et sincère. — Ou de la rupture pour ceux qui ont du mal à vivre sans ressentir ces sensations.
Cocktail
L’amour naît du véritable travail sur soi, dans l’acceptation de ce que l’on est, de ce qu’est l’autre et du soutien mutuel. Tant que tu auras peur, tu ne pourras pas aimer. Tu alimenteras la colère, tu seras prisonnière de l’ego qui t’empêchera de chérir.»
Cocktail
Pour se sentir aimé, il est indispensable de s’apprécier soi-même. Pour donner quelque chose, il faut le posséder. Tu ne peux pas offrir ce que tu n’es pas, n’est-ce pas? Tu ne peux pas recevoir ce qui ne vibre pas comme toi. Pour vivre l’amour, il est nécessaire de se débarrasser des strates qui l’empêchent de s’exprimer, c’est-à-dire des émotions négatives
Cocktail
Pour vivre l’amour, il faut commencer par comprendre ce qu’il est. Pour beaucoup, il se caractérise par une attirance entre deux individus au point de ne songer qu’à cette autre personne. — C’est cela en effet. Je ne pense qu’à lui. — Tu ne vis qu’une version limitée de l’amour et tu es condamnée à une instabilité. Tu cherches à combler tes manques et ta solitude en possédant l’objet de tes désirs. Jusqu’au moment du faux pas. Lorsqu’il ne satisfait plus tes attentes, tes sentiments se transforment en haine
Cocktail
Tu donnes et retires ton affection comme une récompense ou une punition. L’amour n’a rien à voir avec cela. Il est inconditionnel. Lorsque tu auras réglé tes blessures, tu pourras offrir et partager ce que tu es. C’est un leurre de croire que quelque chose d’extérieur à toi te rendra heureuse. Tu le seras parce que ton bonheur sera plein en toi. — Comment faire pour se remplir? — L’amour est partout. Dans chaque chose, dans chaque être, en chacun de nous. Notre peur vient du fait que nous l’ignorons.
Cocktail
— Le passé m’a enseigné d’être sur mes gardes, ce qui m’évite de reproduire les mêmes erreurs. — Laisse-moi te donner trois clés qui m’ont permis de changer la vision de mes relations avec les autres: la première est que tu n’es jamais victime du monde que tu vois. Pour accéder à la paix intérieure, il est nécessaire de le regarder avec bienveillance et non pas comme une menace. Ne garde de tes expériences passées que l’amour. Le reste est inutile et ne fait qu’encombrer l’esprit de fausses croyances. Le passé tronque la vérité par des filtres de peur. — J’ai déjà entendu cela en effet. Nous avons le choix de regarder le monde avec Amour ou avec Peur. — En effet, mais dans les deux cas, nous sommes acteurs et responsables et non pas opprimés
Cocktail
— Pensez-vous que je me positionne en victime par rapport à Matteo? — Bien sûr. Ta victimisation te fait croire que tu as une bonne raison d’être en colère après lui. — Avouez quand même que son comportement est décevant! Il m’a oubliée pour je ne sais quelle première venue. — En es-tu convaincue? — Je le suppose, répondis-je comme une évidence, en expirant mon désespoir. — Tu me permets une transition directe vers la deuxième clé: arrête toute supposition! Lorsque j’ai pris conscience que j’interprétais tout ce que faisaient ou pensaient les autres, j’ai compris que je perdais une grande partie de mon énergie. Je croyais à mes hypothèses comme une réalité, créant des problèmes inexistants. J’en voulais aux protagonistes de mes scénarios, préférant médire plutôt qu’éclaircir la situation. As-tu vu Matteo en compagnie d’une autre femme ce soir? — Non, mais il paraît qu’elles ont la réputation de distraire les hommes dans ce village. — Ce n’est donc qu’une supposition, n’est-ce pas? Attends de connaître la vérité au lieu d’interpréter. L’esprit humain est fascinant: il nous est plus facile de justifier notre mal-être par l’accusation d’un comportement extérieur que d’accepter l’incertitude!»
Cocktail
«Comment faire pour sortir de là? — C’est l’objet de la troisième clé. Je me suis délivré de ce besoin de justifier lorsque j’ai arrêté de juger tout ce qui se produisait. Je passais mon temps à arbitrer tout ce qui arrivait: ceci est bien, cela est mal. Je statuais aussi sur les autres, leurs qualités, leurs défauts. Je portais un regard critique sur ce qui me gênait ou m’imposait une frustration, n’est-ce pas? Pour retrouver un état de bien-être, il est indispensable de regarder le monde avec bienveillance, en se libérant du jugement. C’est ainsi que nous sortons du besoin d’avoir raison.» Je me pris la tête entre les mains et massai mes tempes. Il me semblait impossible de ne pas porter de jugement sur quoi que ce soit. «C’est un exercice de chaque instant. Lorsque tu te surprends à critiquer, remplace cette idée par une autre bienveillante. Lorsque tu ressens l’agressivité de ton interlocuteur envers toi, observe son signal de détresse et rassure-le en lui envoyant des pensées d’amour au lieu d’attaquer. Notre nature profonde est de nous aimer les uns les autres, n’est-ce pas?»
Le miroir
Tu n’es pas victime du monde que tu vois… Arrête toute interprétation… et ne juge pas ce qui se produit… Tu ressentiras la paix qui t’habite derrière l’agitation de tes tourments
Le miroir
Nous vivons un immense paradoxe. La science démontre que nous sommes liés. Or notre système de pensée automatique nous incite à chercher la différenciation, ce qui conduit à l’illusion dans laquelle nous évoluons. Arrêtons de chercher à nous comparer les uns aux autres. Au contraire, prenons conscience de notre égalité. L’individualisme nous conduit à trouver des subterfuges pour nous placer dans l’échelle du respect que l’on a de l’autre ou qu’il peut avoir de nous. Comme l’argent, la taille, le poids, le sexe, la couleur de peau, le pays d’origine, l’âge, l’instruction, l’éducation, la façon de se vêtir, de penser, de raisonner, de bouger… La liste est infinie, puisque l’on passe son temps à l’affiner! Or nous ne pouvons pas mesurer deux choses parfaitement égales puisqu’elles ne font qu’un, n’est-ce pas? Comparer nous enferme dans la croyance du manque. C’est une vision erronée! L’unité, au contraire, nous offre l’abondance, la perfection, la prise de conscience que nous avons tout, et qu’il ne peut rien nous manquer, puisque nous sommes illimités et pleins.»
Le miroir
nous devons abandonner nos automatismes de séparation, pour intégrer notre lien à toute chose et à toute personne. La clé du changement réside en une idée simple: raisonnons en termes de similitude. Entraînons-nous à passer de la recherche de différences à la recherche de ressemblances. Posons-nous les questions suivantes: qu’est-ce qui est semblable, dans ce qui nous paraît si différent? Plutôt que de laisser l’ego critiquer l’autre en se rassurant sur ses dissemblances, notre objectif est de chercher nos points communs pour entrer en harmonie
Le miroir
Attendez! Je ne suis pas d’accord, nous fonctionnons différemment les uns des autres, non? Certaines de mes réactions ne se manifestent pas chez d’autres et réciproquement, affirmai-je. Par exemple, une remarque va me blesser alors qu’elle ne vous toucherait pas, car votre passé, votre vécu, votre sensibilité et même votre environnement sont différents du mien. — Apprenons à lire que ce qui nous fait mal est une zone d’ombre en nous non réglée, n’est-ce pas? Rien de l’extérieur ne peut m’atteindre, lorsque j’ai résolu mes problèmes. Seul l’ego peut être offensé et assaillir en retour. — Je ne distingue pas toujours les agissements de mon ego, avouai-je. — L’ego est facile à repérer, il te donnera toujours raison. Il juge et condamne. Nous avons tous la même dynamique. Lorsque j’agresse quelqu’un, je souffre de mon attaque sur moi-même. Ce que tu fais subir à autrui, tu te le fais subir. Nous sommes une seule et même entité. — Ça me rappelle mes cours de catéchisme: “Aime ton prochain, comme tu t’aimes”, lançai-je désabusée. Je suis athée et cette relation à Dieu ne me parle pas!
Le miroir
Tu n’as pas besoin de croire en Dieu pour comprendre la physique
Le miroir
Avant que le Big Bang ne se produise, il y a quatorze milliards d’années, tout était un, n’est-ce pas? Selon moi rien n’a changé, tout est interconnecté. L’espace entre nous n’est qu’une illusion de l’esprit.
Le miroir
L’ego ne survit par définition que s’il est séparé du reste. Nous pensons être dispersés, mais c’est une impression. Nous n’avons jamais quitté l’unité. La physique nous le démontre
Le miroir
C’est pourquoi toute action de notre part a une conséquence sur ce qui nous entoure et sur nous-mêmes.»
Le miroir
«Chaque fois que j’ai peur, que je juge, que je médis, je suis sous l’emprise de mon ego, n’est-ce pas? Je tourne le dos à la connexion. Je veux rester unique.»
Le miroir
«Pour retrouver l’harmonie entre les êtres, il suffit d’accueillir l’autre comme un cadeau, car il m’ouvre les portes de la compréhension en étant mon miroir.»
Le miroir
«Vous voulez dire que lorsque nous sommes blessés par quelqu’un, ce n’est qu’une illusion. L’autre n’est que le reflet de ce que nous n’avons pas réglé? — Parfaitement! Je ne suis jamais contrarié pour les raisons auxquelles je pense. Je me suis rendu compte que les circonstances extérieures impactaient mes ressentis. Le monde était la cause de mes humeurs. Je ne vivais qu’en réaction à ce qui m’entourait. Par exemple, quand il faisait beau, je me sentais bien, quand il pleuvait, je me sentais triste. Si quelqu’un me souriait, je me sentais aimé, si au contraire il était distant, je me sentais agressé. Si un collaborateur me faisait un compliment, la joie m’animait et je l’estimais davantage, si en revanche il me faisait une critique, j’attaquais à mon tour.» C’est ce que je vis aussi, pensai-je. «Alors je me suis demandé si mon hypothèse n’était pas fausse. Qu’en serait-il si je la changeais en considérant que les événements extérieurs ne sont que le reflet de ce que je suis? Lorsque nous sommes sereins et heureux, le monde semble bienveillant, tout nous réussit, la chance est de notre côté. À l’inverse, quand nous sommes englués dans nos craintes, le monde nous paraît morose et les personnes agressives. Nous avons le sentiment que tout s’acharne contre nous, n’est-ce pas? J’ai donc compris que mon quotidien était le reflet de mes pensées et de mon état d’esprit. Dans les deux cas, il est important de constater que nous sommes connectés dans un sens ou dans l’autre à un fait ou un individu. Dans la première hypothèse, nous sommes passifs, en réaction, nous subissons et mettons en place notre système de défense en considérant que l’extérieur guide notre vie. Dans la seconde, nous sommes actifs et responsables de ce qui nous arrive, nous devenons conscients que notre bien-être dépend de nous et d’aucun autre élément extérieur. Il n’y a plus de coupable à trouver ailleurs.
Le miroir
Mais ne croyez-vous pas que certains cherchent à nous faire mal?, interrogeai-je. — Oui, bien sûr, vu de la fenêtre de l’ego! — Si j’admets la preuve scientifique: l’autre n’est qu’une partie de nous-mêmes et vice versa. Il n’y a donc plus d’autres, il n’y a qu’un, c’est bien ça?», analysa Matteo. Chikaro approuva de la tête. «Si nous ne sortons pas du prisme de l’ego, il nous est impossible d’approcher la vérité, car il nous maintient dans l’apparence de la séparation. C’est ce que nous vivons, n’est-ce pas? Si je change cette hypothèse en considérant que nous n’avons jamais quitté l’unité parfaite comme nous le démontre la science aujourd’hui, tous les autres deviennent des miroirs, des cadeaux pour me mettre face à mon propre inconfort. Je peux ainsi travailler sur mes peurs et mes carences. — Ce qui voudrait dire que nous vivons dans l’ignorance depuis des milliers d’années. La notion d’unité paraît folle, elle est si loin de ce que l’on perçoit. Je comprends la démonstration scientifique, mais peut-on vraiment sortir d’habitudes ancrées depuis si longtemps? — Les questions auxquelles nous devons répondre sont: suis-je prêt à voir les choses autrement? Ai-je envie de ne plus être moi en tant qu’individu? Je regarde avec le filtre de ma particularité plutôt que celui de l’amour, comment vais-je pouvoir lâcher cette perception? Est-ce mon désir? Souhaitons-nous vivre dans la peur avec toutes les réactions qui en découlent ou voulons-nous retrouver la paix?» De l’inquiétude traversa mon esprit. «On est condamné à mourir pour expérimenter cette nouvelle dimension? — Lorsque tu te réveilles le matin, tu ne meurs pas, tu prends conscience que ton rêve fait partie de toi, mais que tu n’es pas ton rêve, n’est-ce pas? C’est la même chose dans cette hypothèse: en te réveillant, tu te rendras compte que tu es dans l’unité. Ce que tu crois être la réalité dans la division n’est en fait qu’un cauchemar. Tu n’as pas besoin de mourir pour te tirer du sommeil, il suffit de prendre conscience, puis de rééduquer ta vision.»
Le miroir
«Lorsque nous poussons la porte de la Peur, c’est comme si nous nous étions endormis dans l’unité absolue et que nous évoluions dans un monde d’illusion. Nous sommes en train de vivre un rêve, or nous pensons que c’est la réalité.»
Le miroir
«Quand nous rêvons, qu’y a-t-il de plus réel? Nous ne pouvons nous en rendre compte qu’au moment du réveil, n’est-ce pas? Réalité d’un côté, illusion de l’autre. Nous ne percevons que des apparences, car le voile qui est devant nos yeux est imposé par l’ego. Il nous empêche l’accès à ce que nous sommes, pour sa propre survie. Il nous tient à l’écart de la réalité
Le miroir
Chaque contrariété est un enseignement sur ce que nous devons travailler. L’ego rétorque en premier à tous les problèmes en rejetant la faute sur un coupable. Il a tort, mais nous le suivons. C’est pourquoi la douleur persiste. Elle se manifeste chaque fois qu’un phénomène similaire se produit. Or, le chemin du bonheur ne peut passer par l’autre, parce que changer l’autre répond aux besoins primaires de l’ego: le contrôle et la domination. Lorsque quelque chose n’est pas comme “je” le souhaite, “je” devient frustré. L’ego conclut qu’étant parfait, le problème ne peut venir que de l’extérieur.
Le miroir
— Lorsque quelqu’un m’agresse ou me blesse, le problème vient bien de lui, pourtant. — Considère que l’autre représente la perfection au même titre que toi. Si quelque chose te fait souffrir, il faut résoudre le conflit de l’intérieur, n’est-ce pas? C’est la même chose que de tomber en panne sur l’autoroute et de s’efforcer de trouver des excuses externes au véhicule. Tu pourras accuser la météo, l’état de la route, la conduite de ta femme ou de ton mari, les passagers, le concessionnaire ou qui tu veux, mais si tu ne te concentres pas sur ta voiture, elle ne repartira pas pour autant. Quel est l’objectif? Cherche-t-on à se dédouaner du problème en arguant que nous ne sommes pas responsables de la situation ou souhaitons-nous faire redémarrer le véhicule?
Le miroir
Se sentir similaire à l’autre nous permet d’abolir le mécanisme de dominant/dominé. Supérieur/inférieur. En regardant ce qui est, sans jugement, nous comprenons par un jeu de miroirs ce que nous souhaitons développer en nous. — Il est difficile de ne rien juger. Lorsque je rencontre quelqu’un, je ressens si ça colle ou pas. Je sais qu’avec certains, ce n’est pas la peine de perdre de temps. — Je pourrais aussi le formuler différemment, n’est-ce pas? Certaines personnes me renvoient vers mes problèmes non réglés. Elles me sortent de ma zone de confort alors que d’autres au contraire me recentrent. Nous avons trois types d’attitude face à une nouvelle rencontre. Soit nous ressentons une profonde attirance, soit un rejet immédiat, soit de l’indifférence.
Le miroir
L’individu qui nous inspire de l’antipathie fait appel à ce qu’il nous est laborieux de reconnaître chez nous. Imaginons que je ne supporte pas les personnes qui me prennent de haut et qui savent tout sur tout. Peut-être n’ai-je pas réglé mon complexe d’infériorité, il m’est difficile d’admettre que j’aimerais m’imposer davantage dans une conversation avec leur facilité. Ou bien je ne tolère pas les individus sans gêne. Pourquoi ne pas m’avouer que ma rigidité m’enferme dans ma prison? Je souhaiterais pouvoir m’autoriser plus de liberté, mais mon éducation me l’interdit.
Le miroir
L’attirance immédiate fonctionne de la même façon. Ce qui nous attire chez l’autre est une partie de nous-même à l’état embryonnaire. Ce que nous désirerions faire grandir, mais dont nous ne trouvons pas encore le chemin, n’est-ce pas? Ce qui résonne en moi est l’expression de ce que j’aimerais au plus profond de moi. Les gens que nous respectons sont souvent ceux qui nous servent de modèle dans la vie. En prenant conscience que ce qui nous attire en eux est une partie de nous, nous visualisons la direction à prendre pour atteindre nos objectifs.»
Le miroir
«J’accueille l’autre comme le plus beau des cadeaux, car il m’offre mon miroir. Il est le révélateur de ma conscience. Ce que l’on croit être des différences avec l’autre ne sont que nos similitudes et nos zones d’ombre. Mes actions et mes pensées ont une résonance directe sur l’autre qui me reflète. Je peux me voir tel que je suis sans jamais plus me mentir.
Le miroir
nous confondions l’amour avec l’illusion de l’ego qui se sert de l’autre pour combler ses besoins. L’ego utilise les sentiments comme une récompense ou une punition. Il scanne ce qui lui manque et l’idéalise chez l’être aimé. Pour vivre l’amour, il faut être lucide de ses carences et bannir ses peurs.»
Le miroir
Il m’a donné trois clés de compréhension pour sortir de la souffrance: la première est que nous ne sommes jamais victimes du monde que l’on voit. En identifiant nos peurs, nous nous rendons compte qu’elles tronquent la réalité de notre perception puisqu’elles ne sont qu’illusions. Nous sommes donc victimes de notre perception. La deuxième clé est de cesser toute supposition face à une situation. En attendant d’avoir des explications tangibles, il faut bannir toute interprétation intermédiaire. La troisième clé est de ne rien juger de ce qui se produit. En nous libérant de la critique et en acceptant l’autre dans son ensemble, la connexion entre les êtres devient indestructible
Le miroir
Partant du principe que rien n’est séparé, ni les êtres ni les choses, et que nous ne formons qu’un, il nous a mis face au paradoxe que nous vivions. Nous ne pouvons être heureux dans l’illusion de la séparation, puisqu’elle n’existe pas
Le miroir
nous devons admettre la réalité et agir en conséquence
Le miroir
nous devons nous concentrer sur la recherche de nos similitudes et non plus de nos différences, ces dernières étant illusoires. Une apparence que l’ego entretient pour assurer sa survie. En cherchant les ressemblances, nous retrouvons notre essence. Les douleurs ressenties au contact de tierces personnes ne correspondent qu’à nos problèmes non réglés. L’autre est notre reflet. Il est un cadeau de la vie, il nous offre la compréhension de nos zones d’ombre.»
Une zone d’ombre
«Si tu rencontres un individu de valeur, cherche à lui ressembler. Si tu rencontres un individu médiocre, cherche ses défauts en toi-même.» Confucius
Une zone d’ombre
Je savais que la séparation serait dure. Je m’interdis d’y penser, appliquant les enseignements de Shanti. Je ne voulais pas gâcher les dernières heures avec Matteo et l’ensemble de ma petite tribu. Je revins à l’instant présent
Une zone d’ombre
Elle accéléra son débit de paroles, je m’accrochai à un terme puis un autre pour réconcilier ses propos, mais ses larmes diluaient ses mots à peine audibles. Elle me perdit au début d’une interminable tirade. Je la dévisageai, consternée, déverser sa misère. Elle ponctua son monologue d’un «Vous me comprenez, vous, j’en suis sûre, vous êtes comme moi!». Non seulement je ne comprenais rien, mais en plus elle m’oppressait. J’aurais voulu lui dire à quel point la situation était ridicule. J’essayai de rester calme en me remémorant les paroles de Shanti: «Cherches-tu à rester en lien avec l’autre ou à avoir raison?» J’arrêtai de la persuader du caractère insignifiant de l’incident. Elle avait besoin de se plaindre, elle trouvait en moi une bonne âme pour l’écouter. Mon attention se porta sur les hommes qui s’affairaient à réparer les dégâts, ce qui m’apaisa. J’en oubliai ma pleurnicheuse, qui me rappela vite à sa triste réalité: «Il faut être folle pour venir s’enterrer ici. Qu’est-ce qui m’a pris de le suivre? De toute façon, là ou ailleurs, je ne suis bonne à rien!» Elle se leva, me salua et regagna sa chambre. Cette femme avait réussi en cinq minutes à m’enfermer dans un mal-être abyssal
Une zone d’ombre
Je l’avais laissée parler sans intervenir, mais son négativisme et sa victimisation m’étaient insupportables. Shanti s’approcha de moi, je lui expliquai la conversation et l’état dans lequel je me trouvais. «Le fait de ne pas chercher à avoir raison t’a permis de garder ton énergie. Tu peux te féliciter d’avoir pris conscience de cela. — Je me sens oppressée alors que tout allait bien avant cette discussion avec elle. — Si tu ressens un malaise, c’est que son attitude a touché quelque chose en toi. J’ai réfléchi à votre rencontre avec Chikaro. Il a raison, sa théorie est fondée. L’autre est le reflet de nous-mêmes. Nous devons chercher les similitudes à la place des différences. — Je ne suis pas d’accord. Cette femme a gémi sans la moindre pudeur. Je ne crois pas être comme elle. M’as-tu déjà entendu m’apitoyer? Je mets un point d’honneur à ne jamais le faire. — Pourquoi ne te plains-tu jamais? — Parce que ça ne sert à rien! — Pour certains, c’est une façon d’attirer à eux l’énergie. Mais ce qui est important est de comprendre pourquoi tu es touchée par ce type de comportement. — Je ne sais pas, je déteste les plaintifs. — Peut-être que c’est une partie de toi que tu nies. “L’autre est le reflet de nous-mêmes” ne signifie pas que nous lui ressemblons en tout point, mais que ce qui nous agace dans ses agissements est une zone d’ombre que l’on appréhende d’approcher, en nous. Parce qu’elle nous fait souffrir, on préfère l’ignorer. La douleur peut ressurgir lorsque tu y es confrontée. N’aurais-tu pas subi ce genre de comportement jeune? — Je ne vois pas. — Peut-être que la plainte était bannie par tes aînés? Ou qu’un proche utilisait ce mécanisme pour exister et justifier son mal-être?» Je réfléchis un moment. «Ma mère a fait une dépression pendant dix ans après le départ de mon père, mais elle avait une bonne raison, il l’avait quittée sans un mot pour une gamine de vingt ans de moins. — Avait-elle tendance à se plaindre auprès de toi? — Oui, elle était triste, c’est normal après un tel choc! — Je ne la juge pas, Maëlle, mais tu devrais réfléchir au fait qu’à cette période, tu te sentais peut-être obligée de l’écouter et de la porter. Lorsque tu croises une situation similaire, cette obligation renaît et te met dans une zone d’inconfort. L’autre est un miroir de nos propres fonctionnements et dysfonctionnements, il nous permet de révéler ce que nous avons cherché à enfouir ou à nier. — C’est effrayant! — Non, au contraire, plus tu prendras conscience de tes blessures, plus tu laisseras ton potentiel s’exprimer. Chikaro a raison: l’autre est un cadeau extraordinaire, il nous permet d’accéder à ce que nous refusions de voir.»
Une zone d’ombre
«Nous avons passé notre enfance, notre adolescence, notre vie de jeune adulte et enfin d’adulte à nous construire une image idéale en refoulant les côtés noirs de notre personnalité. Lorsque l’une de nos caractéristiques ne nous plaît pas, nous la dissimulons. Notre profonde croyance que l’amour ne pourra nous être offert qu’en échange d’un comportement parfait nous pousse à bannir des parties de ce que nous sommes. Lorsque quelqu’un met en avant l’un de nos défauts, il nous est plus simple de l’accuser pour ne pas être démasqué. Nous attendons de notre interlocuteur la même chose: un comportement irréprochable. Si tel n’est pas le cas, nous nous appliquons à le lui faire remarquer par le jugement, la critique ou le rejet. Une grande partie de notre énergie est consacrée à masquer nos faiblesses.
Une zone d’ombre
La pression dont nous nous affligeons pour garantir la meilleure image de nous-mêmes nous prive de l’accès au bonheur. Nous sommes en quête permanente de la reconnaissance, seule source d’oxygène que nous ayons trouvée. Nous développons notre intolérance, notre sens critique et notre besoin d’être différents. Nous aiguisons notre susceptibilité et nous sentons offensés par les remarques ou l’absence de gratitude. Lorsque l’autre agit en résonance avec ce que nous tentons de refouler, il nous met dans une zone d’inconfort, nous préférons le voir comme un ennemi plutôt qu’une ressemblance avec ce que nous n’avons pas réglé. — Je comprends, mais je ne suis pas consciente de ce que j’ai enseveli. — As-tu une profonde volonté d’y arriver? — Oui, bien sûr. — Comme te l’a dit Matteo, l’envie de changer est le point de départ de la transformation. — Mais toi? Comment fais-tu pour travailler sur tes régions douloureuses? — J’essaie d’identifier le mal-être face à mon interlocuteur. Je décèle jour après jour ce qui me gêne, en quoi son comportement m’a heurté. Quelles remarques ou attitudes m’ont blessé? Qu’est-ce que je n’arrive pas à lui exprimer? J’écris ce qu’il est pénible de m’avouer.» Shanti sortit un petit carnet noir de sa poche. Il l’ouvrit et me montra une colonne. «Je note mes succès ici.» Il tourna une page. «Ce qui m’est encore difficile sur celle-là.» Il retourna le livret à la fin. «Ou impossible là. Au fur et à mesure, mes problèmes se révèlent, je peux travailler sur eux avec une attention particulière.
Une zone d’ombre
Ce n’est pas plus compliqué que de chercher les différences qui nous séparent, et bien moins nocif que de médire. Le plus complexe est de sortir de nos habitudes automatiques pour entrer dans la réflexion de nos similitudes. Il suffit de se poser les bonnes questions à chaque rencontre
Une zone d’ombre
— Tu as raison, je vais essayer! — Non, si tu le souhaites, pense à bien formuler ton désir! — À partir de maintenant, je suis attentive à la zone d’inconfort que l’autre me renvoie et je cherche en moi ce que je ne voulais pas voir jusque-là. Je m’accepte tout entière comme je suis! — Félicitations, Maëlle. Je n’ai rien à ajouter!»
Trahison
«L’expérience, ce n’est pas ce qui nous arrive, c’est ce que nous faisons avec ce qui nous arrive.» Aldous Huxley
Trahison
«Maëlle, je sais que l’enfant qui est en toi a besoin d’être rassuré. Il trouve des excuses pour préserver sa position de victime. Mais puis-je parler à l’adulte?» Je baissai les yeux. «Oui, je suis en colère, mais j’ai mes raisons, je viens de vivre l’enfer! Je me suis fait avoir par mon amie. Je ne comprends pas pourquoi elle a cherché à se moquer de moi.» Je lui narrai la scène du matin, le téléphone de Matteo, le message de Laura, les échanges avec Romane. Il m’écouta en silence. Je stoppai net mes explications en le fixant, terrifiée. «Et toi? Tu étais au courant bien sûr! — Non, je t’assure!» Shanti semblait sincère. Il partit échanger quelques mots avec Thim et Nishal avant de revenir vers moi. Il n’obtint rien de plus. Matteo avait juste remis la lettre à Thim en lui faisant promettre de me la donner. «Quelles que soient les raisons, tu as le choix de sortir de cet état ou d’y rester. Toi seule décides du temps que tu vas passer dans ce mal-être. — Je n’y arrive pas, j’ai été trompée. Mon corps me fait mal, mon estomac est lourd d’un poids que je ne peux supprimer. Je souffre tellement que j’ai envie de crier! — Toutes les douleurs que tu décris sont alimentées par ta colère et tes croyances. Si tu sors de cette mauvaise énergie, tu retrouveras le calme. À moins que tu préfères y rester un instant. — Bien sûr que non! Mais je me sens prisonnière. Je me retiens pour ne pas les injurier. Ce sont les seuls mots qui me viennent, mes pensées sont incontrôlables, tout comme mes émotions. — Respire et prends un peu de recul. Tu n’as aucune certitude sur ce que tu avances. Attends les explications de ton amie et celles de Matteo. Tu prendras ta décision lorsque tu auras toutes les informations. Pour Matteo, il va falloir patienter, puisqu’il n’a plus de cellulaire et il ne reste rien de la lettre qu’il t’a laissée.» J’esquissai une moue d’approbation.
Trahison
Shanti insista pour que je demande une explication. La voix de son répondeur m’était insupportable. Je soupirai. Après le bip, je vociférai: «Tu t’es bien foutue de moi! Je suis au courant de tes manigances avec Matteo. Arrête de te cacher derrière ta messagerie. Aie au moins le courage de tes actes. Rappelle-moi!» Je raccrochai, encore plus énervée. «Bon, même si le ton n’y est pas, tu as fait ce qu’il fallait. Maintenant, tu peux rester dans ta colère ou en sortir. Que décides-tu? — Je ne crois pas avoir de choix en de pareilles circonstances, mais si tu as la solution pour me délivrer, je t’écoute. — La seule façon est de te libérer de tes pensées agressives. — Avoue qu’elles sont justifiées! — Tout dépend de ton objectif: souhaites-tu avoir raison ou retrouver la sérénité? — Je ne sais plus… — Penses-tu que les images d’attaques envers Matteo ou Romane te soulagent? Il est difficile de voir clair lorsque l’on se sent offensé. Tu es emprisonnée dans tes ressentiments. La peur, l’agressivité, la colère sont des sentiments de défense, tu le sais. En prenant conscience qu’en agressant l’autre, tu te fais du mal, tu sortiras de cet emprisonnement. Remplace ces sentences par des paroles aimantes.
Trahison
Que t’ont-ils fait? N’es-tu pas en train d’interpréter? Rappelle-toi, quand tu étais partie à la rencontre de Chikaro avec Thi Bah, tu imaginais que Matteo s’amusait avec d’autres filles. — Oui, mais là, ce n’est pas la même chose, tu vois bien! — Non, je n’ai pas de certitude et préfère ne pas faire de supposition tant que les explications ne sont pas claires! — C’est limpide! J’ai fait confiance une nouvelle fois et je me suis fait avoir. — Tu t’en veux donc à toi-même? — Oui, t’as raison, je ne suis qu’une imbécile! — Pourquoi rejeter la faute sur eux, alors? Ils ne t’ont obligée à rien. — Où veux-tu en venir? À me mettre tout sur le dos? Tu ne penses pas que je suis assez mal comme ça? — Tu peux t’en prendre à tout le monde, mais la colère que tu éprouves est envers toi, pour avoir accordé ta confiance une nouvelle fois, tu viens de me le dire. — Oui, j’y ai cru. Tout semblait magique. J’ai eu envie d’aimer une nouvelle fois. — Tu n’as rien à regretter. Tu as vécu des moments d’émotions. À revivre, ne le referais-tu pas? — Ah, non! J’ai tellement mal que je trouve que c’est cher payé. — Sais-tu ce qui te fait si mal? — Oui, la trahison. — Alors, ce n’est qu’un problème d’ego attaqué! Tu guériras vite, en prenant conscience que Matteo ne correspond pas à ce que tu souhaites.» Shanti réfléchit: «En réalité, tu pleures sur tes illusions, ton futur qui s’est envolé avec lui.» Je me tus un instant, revivant les dernières heures dans les bras de mon bourreau. «C’est vrai. Nous avons passé la nuit à parler de nos projets. Quand je pense qu’il me mentait… C’est insoutenable!» Je m’effondrai en larmes. «Le futur est un poison au même titre que le passé. S’accrocher à une illusion, qui par définition n’existe pas, voue à la souffrance. Tu paniques parce que l’avenir que tu imaginais ne te paraît plus possible. Vivre dans un autre temps que le présent est un subterfuge de l’ego. Tu pleures sur ton mirage. C’est une vision irréelle de l’amour. Tout comme ces personnes qui, une fois mariées, se sentent en sécurité. — Le mariage est un acte d’engagement, je suis la première à le prôner. — Oui, s’il est vécu avec la force du présent, pas comme la certitude d’un avenir assuré. Malheureusement, il nous faut une rupture radicale comme une perte d’emploi, une rupture sentimentale ou une maladie grave pour nous ramener à la réalité. La douleur associée est liée à la panique de ne plus visualiser d’avenir. Vivre sans se projeter dans le futur nous semble impossible, or c’est le seul moment réel.»
Trahison
Tu veux dire que ma douleur est liée à mes projections et à mes espoirs anéantis? — Oui, en remplissant notre futur, nous passons à côté du bonheur qui nous entoure. Nous préférons alimenter nos angoisses associées aux pensées hypothétiques: et si je restais seule toute ma vie; si je n’étais pas faite pour l’amour; si je ne retrouvais pas de travail; si j’avais une maladie; si, si, si… — Mais lorsque la situation est insoutenable? Comme là… — Ce n’est pas le présent qui te fait mal, c’est la perte de tes illusions. Lorsqu’un changement arrive, nous pouvons trouver les ressources nécessaires pour saisir l’opportunité de l’instant et repérer le chemin qui nous fait vibrer. Nous savons qu’il est impossible de construire sur des apparences, mais nous continuons à nous y accrocher comme une certitude. La vie se charge de nous le remémorer, c’est tout. Non pas pour nous faire payer quoi que ce soit, mais parce que nous ne pouvons pas continuer à nous mentir. Il y a une partie de nous qui se réveille et nous rappelle à la réalité.
Trahison
J’ai voulu donner ma confiance, j’ai ouvert la porte de mon cœur et offert mon amour. Résultat: je me fais larguer sans explication avec en prime ma meilleure amie pour commanditaire. Je les hais tous les deux! — Crois-tu que l’amour peut se transformer en haine? — Oui! Dans ce cas-là typiquement! — Tant que tu le conjugueras au passé ou au futur, tu ne pourras pas en faire l’expérience, car il naît dans l’instant présent. — Mais comment faire? Sans espoir d’une vie meilleure, il n’y a plus de raison de vivre. — Au contraire, en profitant du présent, tu accueilles ce qui est
Trahison
Je suis conscient que supprimer le futur est difficile, car là où ton énergie était concentrée à s’imaginer un monde virtuel, il te faut accepter le néant. Mais si tu accèdes à cette seule réalité, tu banniras les désillusions de ta vie.»
Trahison
Je soupirai. J’en avais assez d’écouter ses grandes phrases: et le «présent», et le «futur», et les «illusions», et les «peurs», et l’«ego». Il n’y avait pas à tergiverser, Matteo était un beau salaud et ma superamie du même acabit. La philosophie ne pouvait rien pour moi! Je me pris la tête entre les mains, prête à hurler pour faire taire mon guide. Mais alors que je le fixais, je me rendis compte qu’il était silencieux et que le vacarme provenait de mes pensées agitées
Trahison
«J’ai mal, Shanti, je n’arrive pas à me libérer de cette douleur. — Sors de ta prison! Tant que tu te persuades d’être la victime, je ne peux rien pour toi. Fais taire ton mental et nous pourrons discuter.»
Trahison
Je savais au fond que Shanti avait raison, je ressassais mon histoire, prisonnière de mes pensées. Je me rappelai ses mots, pris le temps de trois grandes respirations, puis me tournai vers lui. «Je suis prête, je t’écoute.» Shanti s’assit près de moi, les mains croisées sur ses jambes. «Accuser Matteo ou Romane de ta souffrance t’éloigne de la solution, car tu sais que le problème est en toi, et la clé également. — Je me rends compte que je ne mérite pas l’amour. — C’est que tu ne t’aimes pas. — Si, bien sûr! Enfin… je ne sais pas en fait! — Tu te juges comme tu le fais avec les autres. Tant que tu es en manque, tu ne pourras aimer. Tu sauras ce qui est bien pour toi à partir du moment où tu te feras confiance. C’est ainsi que tu vivras en phase avec tes désirs profonds, sans crainte du rejet. Lorsque tu entreras en amitié avec toi-même, tu n’auras plus peur d’être seule. — C’est vrai, je me sens si seule. — Sais-tu qu’il existe une personne dans ce monde qui ne t’abandonnera jamais? La seule qui sera toujours près de toi, c’est toi! Prends soin de toi, regarde-toi avec affection, en comprenant tes faiblesses et tes forces sans te juger. Commence par t’aimer du plus profond de ton être et tu pourras chérir quelqu’un sans peur. Tu te sens seule, parce que tu te délaisses. Aie confiance en la vie. Tu as émis tes souhaits, sois sûre que la matrice universelle œuvre pour toi. Tu vis ce que tu dois vivre, tu rencontres les bonnes personnes au bon moment pour atteindre tes objectifs. Tu es aimée bien au-delà de ce que tu peux imaginer. Tu es sur ton chemin.»
Trahison
Je te donne mon collier, car il m’a porté chance et permis de ne manquer de rien. Lorsque j’avais mal, il m’a réconforté. Il te sera plus utile qu’à moi. — Je ne peux l’accepter, Thim. C’est ce que tu as de plus précieux!» Shanti m’avait expliqué que ce pendentif était la seule chose qui lui restait de sa mère. «Non, ce que j’ai de plus cher, c’est mon cœur, mais je ne peux pas te le donner. Alors je t’offre ce qui m’a permis d’y accéder. Quand je pensais à ma mère, mon cœur vibrait. Quand je serrais fort la pierre dans ma main, je sentais mon cœur déborder de joie. Quand j’étais triste et que je tenais la kyanite, mon cœur se réchauffait. Lorsque j’étais perdu et que je ne savais plus où aller, il suffisait que je me concentre sur mon collier et les idées venaient à moi. Alors j’ai compris qu’il m’avait montré le chemin de mon cœur. Maintenant, j’y vais tout seul, je n’ai plus besoin de lui. Même si je te donnais mon cœur, il ne te servirait à rien, puisque c’est le mien. Tu dois apprendre à repérer la route vers le tien et ce bijou va t’y conduire.» Je le serrai contre moi, ne pouvant retenir mes larmes. «Merci, Thim, tu es une personne unique. Je te promets d’en prendre soin. — Non, ne t’y attache pas. Lorsque tu auras trouvé le chemin, offre-le à quelqu’un d’autre.»
Le pardon
«En présence d’une grande déception, nous ne savons pas si c’est la fin de l’histoire. Cela peut être précisément le début d’une grande aventure.» Pema Chödrön
Le pardon
«Crois-tu que nous devons souffrir pour être heureux? — Non. La souffrance n’existe pas sans la pensée. Un événement est un fait, nous pouvons l’observer, puis nous détacher. — Je n’arrive pas à contrôler mes pensées. — C’est pour cela que tu as mal. Tu les laisses infecter la situation. Décris-moi ce que tu ressens.» J’inspirai une grande bouffée d’air. «J’ai le cœur lourd, la gorge serrée, une respiration saccadée. Je n’ai plus d’énergie, j’ai envie de pleurer, je me sens fatiguée… Puis la colère monte, j’aimerais que ce cauchemar s’arrête et que Matteo me prenne dans ses bras. Je vois son visage, me remémore tout ce que nous avons vécu ces derniers jours. Plus j’y pense, plus j’ai mal.» J’expirai toute ma misère. «Bien. Maintenant, je te propose d’être attentive à toutes tes pensées, quelles qu’elles soient, pendant une minute et de me les décrire à haute voix. Guette-les une à une comme un prédateur devant sa proie et nomme-les-moi.» Je me concentrai sur sa demande, mais j’étais comme dans un trou noir, rien ne sortait. «Comment te sens-tu? Tu n’as plus les douleurs dont tu me parlais il y a quelques minutes? — Euh… non, je dois avouer que je ne les ressens plus. Ah si! Mon cœur se serre à nouveau quand l’image de Matteo apparaît. — C’est parfait, Maëlle. Qu’en conclus-tu? — Que j’ai mal quand je pense à lui, mais ça, je l’avais compris! — Ce que j’essaie de te démontrer, c’est que la souffrance ne peut se révéler sans la pensée, car elle n’est qu’une projection de ton imagination. Lorsque tu la traques, elle ne se manifeste pas et toutes les sensations douloureuses associées disparaissent. — Je ne peux pas passer mon temps à examiner ce qui me traverse l’esprit. — Pourquoi pas? Trouves-tu plus confortable de laisser tes pensées automatiques contrôler ta vie? Fais ton choix. Mais je le répète, aucune souffrance n’existe sans la pensée.
Le pardon
— Tu veux dire qu’à chaque fois que la douleur revient, il me suffit de traquer mes préoccupations pour qu’elles s’évanouissent? — N’est-ce pas ce que tu viens de vivre? — Et ça marche à tous les coups? — Essaie dès que tu as mal et tu auras la réponse.»
Le pardon
“Que pourrais-tu vouloir que le pardon ne puisse donner? Veux-tu la paix? Le pardon l’offre. Veux-tu le bonheur, un esprit tranquille, une certitude quant au but et un sentiment de valeur et de beauté qui transcende le monde? Veux-tu sollicitude et sécurité, et la chaleur d’une protection sûre pour toujours? Veux-tu une quiétude qui ne peut être dérangée, une douceur qui ne peut jamais être blessée, un bien-être profond et durable et un repos si parfait qu’il ne peut jamais être contrarié? Tout cela et plus, le pardon te l’offre. Il étincelle dans tes yeux quand tu t’éveilles et te donne la joie avec laquelle tu commences la journée. Il détend ton front pendant que tu dors et repose sur tes paupières, de sorte que tu ne voies pas de rêves de peur et de mal, de malice et d’attaque. Et quand tu t’éveilles à nouveau, il t’offre encore un jour de bonheur et de paix. Tout cela et plus, le pardon te l’offre (…) Que voudrais-tu que le pardon ne puisse donner? Quels autres dons que ceux-ci valent d’être recherchés? Quelle valeur imaginaire, quel effet banal ou quelle promesse passagère, qui jamais ne sera tenue, peut contenir plus d’espoir que ce qu’apporte le pardon?
Le pardon
C’est un texte magnifique. Mais ce n’est pas si simple de pardonner, constatai-je. — Ce n’est pas si compliqué. Tu as compris que nous pouvions regarder par le prisme de l’Amour ou de la Peur, que l’autre était le reflet de nous-mêmes, que nous ne faisions qu’un. Si tu fais le choix du bonheur, le pardon en est la clé. Nous ne pouvons y accéder que dans la paix, puisque c’est la seule réalité possible. Lorsque nous quittons cet état, une multitude d’émotions naissent guidées par la peur qui tronque nos perceptions. Le pardon ouvre la porte de la guérison. Il nous libère de notre aveuglement. En supprimant les filtres de la rancœur, le pardon nous sort de la confusion. La clémence conduit à comprendre nos erreurs de jugement. Elle nous met face à nos responsabilités: nous ne sommes pas innocents, nos interlocuteurs ne sont pas coupables. — J’aimerais pouvoir pardonner, mais la douleur persiste. — Comme te l’a expliqué… euh… le Japonais dont tu viens de me parler à l’instant, chaque contrariété est une opportunité pour comprendre. L’ego répond en premier à tous les problèmes, or il a tort et nous le suivons aveuglément. C’est pourquoi la douleur persiste. — Romane et Matteo m’ont trahie, quand même! Je ne suis pas responsable. En quoi mon ego entre-t-il en jeu? — En supposant que ce soit le cas, en quoi devrais-tu être affectée? La situation est un fait. Pourquoi te sens-tu attaquée? Qu’est-ce qui te fait peur? En quoi ton bien-être doit-il être contrarié?»
Le pardon
«Écoute ton ego, il fredonne les mêmes notes dissonantes!» Elle prit une voix machiavélique: «“Je suis malheureux parce qu’il fait froid, parce que l’ordinateur ne démarre pas, parce qu’untel m’a ignoré, parce qu’il m’a agressé, parce que je ne suis pas invité dans cette réunion, parce qu’elle me trahit…” Tu vois bien, il trouve des excuses pour renvoyer la faute sur l’autre! Il cherche des stratagèmes pour contrôler les situations et les personnes. Il se méfie de ces individus si différents de lui. Tu ne l’entends pas te murmurer: “Il n’y a qu’à regarder autour de nous, tous ces égoïstes qui me veulent du mal. Je serai heureux le jour où telle personne réagira mieux, le jour où la météo s’arrangera…”»
Le pardon
À toi de choisir: abandonner l’ego ou le suivre. Souffrance ou félicité? — Je fais le choix du bonheur, j’en ai assez! — Alors le pardon est le plus beau cadeau que l’on puisse se faire, c’est l’accès à la vérité. Se pardonner de ne pas toujours décider de la bonne option et excuser d’avance l’autre d’être dans la peur.
Le pardon
Si nous cherchons à l’extérieur quelqu’un à critiquer, à juger, à haïr, c’est pour ne pas endosser notre responsabilité. Mais si nous actons que la séparation est une illusion, alors il n’y a plus rien à pardonner. — Attends, je ne te suis plus. Tu me dis qu’il faut pardonner, mais qu’en réalité il n’y a rien à pardonner? — Bien sûr! Et c’est ça que je n’avais pas compris: la clé est le pardon inconditionnel. Si nous sommes une unique vibration et si tu regardes par le spectre de l’unité, il n’y a pas eu de mal. Nous cherchions au mauvais endroit en répondant aux mauvaises questions: pourquoi l’autre nous fait-il souffrir? Ou… qu’a-t-il fait de mal? Or le sujet est de comprendre ce que mon interlocuteur touche en moi. Qu’est-ce qui n’est pas résolu chez moi pour que son comportement ou ses mots m’atteignent? Au lieu de se placer en victime et trouver en face le bourreau, positionnons-nous comme le responsable de notre douleur et déchiffrons pourquoi notre interlocuteur nous renvoie cette souffrance. — Je comprends mieux ce que Chikaro essayait de me dire lorsqu’il insistait sur le fait que celui que l’on considère comme l’ennemi est un cadeau précieux. Il nous ouvre les portes de ce que nous devons résoudre en nous pour être heureux, afin de dépasser les barrières de nos croyances. — Tu vois bien, le pardon n’est plus un acte généreux de notre part envers l’autre pour ce qu’il aurait fait de mal, mais la compréhension qu’il n’y a pas eu de mal, car la douleur ne vient pas de lui, elle vient de nous-mêmes. Ça commence par un jugement et ça finit par un remerciement.
Le pardon
le pardon traditionnel repose sur le fait qu’un mal existe et que j’ai la générosité de te pardonner. La clé du bonheur est fondée sur le fait qu’aucune erreur n’est possible, c’est simplement une vision tronquée de mon esprit d’avoir cherché un coupable à l’extérieur de moi, c’est ça? — Je le crois en effet! — Laisse-moi résumer ce que j’ai compris. Un, je ne veux plus souffrir. Mon problème vient-il vraiment de la situation avec Matteo et Romane? Cette prise de conscience permet de ramener le sujet sous la lumière de ma responsabilité. Je ne suis plus une victime, je deviens actrice de mon bonheur. Deux, l’attaque que j’ai ressentie est celle que je me suis faite à moi-même! Si je quitte le royaume de l’Amour, je m’inflige la douleur. La colère que j’alimente est mon propre choix. Je reconnais que j’étais tétanisée par mon passé et mes relations amoureuses. J’appréhendais cette trahison. Trois, j’apprécie le cadeau que l’on me tend. Je peux percevoir les deux portes qui s’offrent à moi. Abandonner mon ego pour vivre le bonheur que je recherche. Quatre, j’approche la joie qui m’habite et partage mon amour inconditionnel. Nous ne pouvons pas nous séparer. Il n’y a rien que je puisse faire pour m’exclure de l’unité. Se pardonner, c’est s’apercevoir que nous ne sommes jamais sortis de cette grande vibration, car c’est impossible et alors, il n’y a plus rien à pardonner puisque seul l’amour existe. Il n’y a donc pas eu de mal.» Tout était clair. Nous échangeâmes un regard ému.
L’envol
Je m’étais fait avoir comme la dernière des imbéciles, mais je ne ressentais plus d’amertume ni de colère. Plus de peur, plus de vide. Je me remplissais d’autre chose de plus sécurisant: je me sentais aimée. J’avais l’impression de renaître ou simplement de naître. J’entendais la vie autour de moi et en moi. Des notes sortaient des temples voisins qui s’étiraient dans le ciel. Toutes mes certitudes s’étaient envolées en dix jours, mais j’éprouvais une confiance inébranlable
L’envol
Tous tes pas suivront les miens et réciproquement. Rappelle-toi, quand deux atomes liés se séparent, tout ce que fait l’un, l’autre l’imite au même moment à l’identique à des millions de kilomètres. Le reste n’existe pas.
L’envol
Tu vois que le problème n’est qu’illusoire, puisque nous sommes ensemble. Ta projection t’emmène dans la peur, mais je suis là avec toi pour toujours. Nous ne sommes pas seuls, mais accompagnés. Nous ne risquons rien, nous sommes aimés d’un amour inconditionnel. Il suffit de se relier les uns aux autres pour le sentir. Fais confiance à cette matrice universelle, ressens la paix qui est en toi et entends résonner l’immensité dont tu fais partie. Le bonheur se trouve là.
L’envol
Shanti m’accompagna jusqu’à la salle d’embarquement. Il me prit dans ses bras: «Comment te remercier? — Me remercier? Tu plaisantes, c’est à moi de le faire et je ne crois pas qu’un mot puisse être à la hauteur de ce que je ressens. Tu as changé ma vie comme personne n’a su le faire. — Tu m’as offert le plus beau cadeau qui soit, Maëlle: celui de pouvoir t’enseigner l’amour. Transmets tant que tu pourras ce que tu es, par chacune de tes pensées, chacun de tes gestes, chacune de tes actions. L’offrir est le plus précieux des présents que tu puisses te faire autant que d’écouter l’amour qui t’est prodigué.» Je ne pus retenir mes larmes. Chacun de ses mots touchait mon âme. Je sentis pour la première fois que je ne faisais qu’un avec l’autre. Je le regardai, il avait compris. «Tu sais que nous ne nous quittons pas, je te tiens la main, tu tiens la mienne pour toujours.» Je le serrai fort et ressentis son cœur contre le mien, cet amour que je n’avais jamais éprouvé, le seul qui soit.
Un nouveau départ
Un texto de Romane interrompit mes pensées. «Demain chez Angélina pour notre brunch annuel? À 11 heures? Je t’embrasse… tendrement.» Elle était gonflée! Après tout ce qu’elle m’avait fait, elle ne croyait quand même pas que j’allais la revoir! Je sentis ma colère latente, je l’observai monter. Mon corps se raidit, mes mâchoires se crispèrent. Mon ego avait repris le contrôle. J’expérimentai l’autre porte, celle de l’Amour: n’avais-je pas envie, au fond, de comprendre ses motivations, ses douleurs, ses peurs plutôt que de me venger en la supprimant de ma vie? Ne voulais-je pas connaître sa version au lieu de m’en tenir à mes interprétations? Bien sûr que si. Mon corps se détendit et je ressentis une libération. «J’y serai, je t’embr»… Je m’arrêtai et effaçai les lettres après la virgule. Non, je ne l’embrassais pas! C’était déjà généreux d’y aller! Mes mâchoires se crispèrent à nouveau. Je grognai: «Tais-toi, cher ego!» N’étais-je pas heureuse de recevoir son message? N’étais-je pas soulagée au fond? N’avais-je pas envie de rester en lien avec elle? Je repris mon texto. «J’y serai, je t’embrasse moi aussi.» Mon corps se détendit. *
Un nouveau départ
Shanti avait raison, le monde n’avait pas changé, c’était mon regard sur lui qui s’était transformé. Je ne pus m’empêcher de croire aux théories de la physique quantique qui démontraient que la pensée influençait le résultat. J’espérais, en soufflant mes plus belles énergies sur ces inconnus, toucher l’une ou l’autre de leurs cellules et faire qu’ils se sentent mieux un instant.
Un nouveau départ
Avais-je été trahie? J’avais fait confiance à des personnes qui m’avaient fait du bien. Elles m’avaient ouvert les portes d’un univers auquel je n’aurais pu accéder si vite sans elles: celui du royaume de mon cœur, celui du bonheur! Alors je te pose la question, ma chère colère, mon tendre orgueil: avais-je été abusée? J’observai mes deux acolytes disparaître, puis tenter de revenir: «Il t’a quand même promis monts et merveilles alors qu’il était marié. Il s’est servi de toi et en a bien profité. Tu n’es pas rancunière! — Il ne m’a pas forcée. À refaire, je recommencerais!» Mon orgueil prit ma colère par le bras et lui glissa à l’oreille: «Laisse tomber, tu vois bien qu’elle ne nous comprend pas!» Je les regardai s’éloigner en souriant et leur envoyai des pensées de bonheur et de paix à eux aussi!
Et pour finir…
J’aime à croire qu’un jour, nous saurons marcher les uns avec les autres. Je me suis dit que si chacun donnait la main à quelqu’un d’autre, alors ensemble, nous pourrions faire de ce monde un lieu meilleur où il fait bon vivre dans une douce harmonie. J’ai besoin de vous pour que ce rêve devienne notre réalité. Si vous croyez comme moi que le bonheur est un choix, alors il est de notre responsabilité d’aider ceux qu’on aime à se réaliser! Prenez quelqu’un par la main et enseignez-lui l’Amour, devenez son «Shanti», aidez-le à trouver son chemin et proposez-lui de tenir la main d’une autre personne en ne lâchant plus jamais la sienne. Très vite, nos mains se relieront autour de la Terre pour faire de cette planète l’œuvre que nous aurons réalisée. N’essayez pas de convaincre les autres, montrez-leur l’exemple, inspirez-les, c’est en rayonnant que votre lumière guidera leurs pas… Avec tout mon amour. Maud
Remerciements
livre, mais je n’avais aucune idée de la façon de procéder. J’ai commencé à griffonner quelques phrases, puis une page, deux, trois… une dizaine… une centaine, jusqu’à finaliser la version auto-éditée que j’avais envie d’offrir à toutes les personnes qui font que je suis celle que je suis (aux membres de ma famille, à mes amis, à ceux que je croyais être mes ennemis et qui m’ont enseigné mes zones d’ombre…), pour les remercier des cadeaux qu’ils m’avaient faits durant toutes ces années. Mais ces amis ont eu envie de le partager à leur tour et mon cadeau est devenu une aventure humaine qui me dépasse… Alors à toi, Claire Champenois, qui a su me bousculer et m’encourager avec bienveillance. À vous, mes premiers lecteurs et amis chers: Isabelle Battesti, Murielle Blanc, Sarah Denis, Katell Floch, Line Kairouz, Vanessa Martinez, Corinne Moustafiadès, Brigitte Ory, Frédéric Pénin, Thierry Polack et Philippe Wehmeyer, qui m’avez tant aidée de vos critiques constructives, motivantes, de vos partages jusqu’à la logistique et la distribution. À toi, Christophe Charbonnel, mon ami d’enfance que j’aime comme un frère (et tu sais que je pèse mes mots), qui a été là dans tous les moments importants de ma vie. Tu me le prouves une nouvelle fois, dans ton implication dans ce projet: de la réalisation à la production de mon site Internet (www.maud-ankaoua.com). À vous mes amis, ma chère famille et belle-famille, qui nappez mon cœur de votre douce lumière. À vous, mes neveux et nièces, filleuls et petits-cousins (Célestin, Chloé, Coline, Flavie, Juliette, Ladislas, Lilly, Nicolas, Oscar, Valentin et Victoire), qui me montrez souvent le chemin de la spontanéité. Et enfin à vous deux, les piliers de ma vie, mes deux gardes du corps qui équilibrez mon quotidien: Toi, Stéphane Ankaoua, mon frère, mon confident, qui me tient la main depuis ma naissance. Je t’observe guider mes pas avec tant d’amour. Tu as toujours su trouver les mots justes pour me garder debout dans les moments difficiles et te délecter de mon bonheur en y mêlant le tien. Et, toi Delphine Guillemin, qui a cru en moi comme personne et m’a donné la force indispensable par tes regards, tes mots, tes gestes quotidiens, tes conseils, pour réaliser ce rêve. Et puis cette version auto-editée s’est retrouvée dans les mains d’une femme qui a conduit Kilomètre Zéro au sein des éditions Eyrolles, qui a pris les risques de lui offrir une chance d’être édité, diffusé et commercialisé à grande échelle. Alors Marguerite Cardoso, merci du fond du cœur pour votre audace, et votre courage, merci pour votre confiance qui m’a portée, chaque fois que j’ai franchis le seuil de votre bureau, merci de m’avoir accompagnée pas après pas avec tant d’humilité et de m’avoir ouvert votre royaume en me présentant une équipe d’exception avec qui j’ai pris un immense plaisir à travailler: Rachel Crabeil, Géraldine Couget, Marion Alfano, François Lamidon, Claudine Dartyge, Aurelia Robin, Nathalie Gratadour et toute son équipe commerciale (que je m’apprête à rencontrer avec émotion).