Là où la pratique normale inclut une répétition automatique et satisfaisante d’une certaine compétence, la pratique délibérée consiste à corriger avec attention certains aspects de la pratique, d’atteindre de nouveaux niveaux et de constamment chercher à aller plus loin
La pratique libérée selon Eliott
Bonjour et bienvenue dans la lettre #4 écrite par Eliott.
Temps de lecture : 4 minutes.
Comment j’utilise la pratique délibérée dans la danse ?
Aujourd’hui, j’aimerais parler de pratique délibérée. En effet, en tant que danseur, je suis constamment confronté au besoin de mettre en place un système pour progresser et dépasser mes limitations. Cependant, la plupart d’entre nous, dans nos vies quotidiennes et nos métiers, nous n’avons pas ces systèmes d’apprentissage mis en place. Et à mon sens c’est dommage, car on passe à côté d’une source de progression énorme car il n’y a pas de système défini pour s’améliorer.
Je vais donc partager avec vous les règles que j’applique dans mon apprentissage de la danse, afin que vous puissiez les transposer à vos propres pratiques, que ce soit en tant que polymathe, dans votre création ou votre business.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le pratique délibérée, voici la définition :
Là où la pratique normale inclut une répétition automatique et satisfaisante d’une certaine compétence, la pratique délibérée consiste à corriger avec attention certains aspects de la pratique, d’atteindre de nouveaux niveaux et de constamment chercher à aller plus loin
La zone d’inconfort productive
La première règle, c’est que pour qu’il y ait une pratique délibérée, il faut travailler dans un environnement où l’on est légèrement dans l’inconfort. Autrement dit, la tâche doit être légèrement trop difficile par rapport à nos capacités actuelles. Si on travaille sur quelque chose de trop facile, on ne sera jamais dans cette zone d’inconfort nécessaire.
La zone à viser, la zone de progrès, c’est là où l’on fait 20% d’échecs et 80% de réussites. C’est la zone idéale pour progresser. On peut aller jusqu’à 40 ou 50% d’échecs, mais au-delà, c’est trop : cela signifie que l’on a des attentes trop élevées par rapport à notre niveau actuel et il faudrait alors les ajuster.
En danse, par exemple, je cherche actuellement à apprendre pas mal de figures sur les mains. Comme je n’ai pas de formation de hip-hop ou de gymnastique, je ne peux pas directement réaliser des spins sur les mains. Donc, je me fixe des défis intermédiaires avec environ 80% de chances de réussite, et j’augmente progressivement le niveau de difficulté. Lien: sortir de ta zone de confort
Un feedback clair et sans ambiguïté
Le second point essentiel, c’est d’avoir un résultat très clair : il faut pouvoir savoir précisément si on a échoué ou réussi. Si le feedback de l’action est ambigu, on ne saura jamais vraiment où on en est, et le cerveau ne pourra pas créer les bonnes connexions neuronales pour progresser.
En danse, il est donc important de connaître exactement le mouvement à réaliser et d’obtenir un retour concret. Si je ne réalise le mouvement qu’à moitié, c’est un échec clair et il faut que mon cerveau le comprenne, pour que la nuit suivante il puisse renforcer les connexions nécessaires. Le signal de réponse de l’environnement doit être net et précis.
Un plan d’apprentissage structuré
Enfin, j’ai un plan d’apprentissage pour ma pratique de la danse : je suis conscient de mes limitations à un instant T et je choisis sciemment les qualités que je souhaite développer, comme l’acrobatie ou l’improvisation à partir d’une émotion particulière.
J’instaure des rituels chaque mois pour faire le point sur mes progrès et j’établis un planning d’amélioration. Cela me permet de garder le contrôle sur mon entraînement, en planifiant des sessions en solo en studio pour travailler les techniques et mouvements que je veux maîtriser.
Application à la lecture
On peut appliquer la même méthode à la lecture : définir chaque mois un domaine à explorer, établir un plan de lecture et des créneaux horaires, puis choisir des ouvrages qui soient un peu challengeants, avec 20% de notions incomprises (voire jusqu’à 50%), pour rester dans la zone de progression.
Par exemple, si je veux apprendre la physique quantique, je ne commencerai pas par des études scientifiques récentes, mais par un livre sur les mathématiques pour la physique quantique, voire un livre adapté à mon niveau en maths pour bien comprendre les bases.
Il s’agit ensuite d’avoir un feedback clair : ai-je fait ma session de lecture ? Ai-je compris les concepts ? Si non, ce n’est pas grave : j’essaie de comprendre comment y parvenir, et le cerveau s’occupera de faire le reste pendant la nuit.
Voilà, c’était un modèle mental que je souhaitais partager avec vous. J’espère qu’il pourra vous inspirer.
Source: Eliott Meunier
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