Persuader et Convaincre pour une meilleure Communication
Être synthétique
La synthèse, c’est le rouge, le rouge, c’est la couleur de la force, du courage, du dynamisme, de l’impulsion, c’est la couleur de celles et ceux qui foncent. La parole rouge, c’est la parole synthétique. Elle va droit au but, elle ne se perd pas dans les détails. C’est une parole assumée et décidée. C’est synthétique. C’est la parole qui s’intéresse au « quand ». Quand est-ce qu’on fait les choses ? La parole rouge va donc ressembler à ça. « Bien, alors, on passe maintenant en phase deux du développement du nouveau logiciel. Vous savez ce que vous avez à faire. Je ne reviens pas dessus. On termine cette phase deux à la fin du mois prochain pour passer ensuite à la phase de test. C’est clair pour tout le monde ? » On le sent, non, que le : « C’est clair pour tout le monde ? » n’attend pas vraiment de réponse. Quand j’écoute quelqu’un qui va droit au but comme ça, je sais que je suis entre les mains d’une personne qui a une solution pour chaque problème. Qui va vite, qui est efficace. Je me sens pris en main. La parole rouge, c’est la parole de celle ou celui qui prend la tête du groupe et qui se donne pour mission d’emmener le groupe au résultat. Alors, évidemment, le revers de la médaille, c’est que la parole synthétique peut finir par être brusque si elle n’est pas teintée des autres couleurs. Une parole rouge foncé risque de se transformer en ça : « Je veux que d’ici vendredi, vous soyez capable de me donner une roadmap pour l’installation du nouveau logiciel et que ceux qui me disent que les équipes n’adhèreront pas à ce nouveau fonctionnement se débrouillent pour qu’elles y adhèrent. Fin de la réunion ! » Évidemment, quand on se prend ça, on peut se dire : « Enfin, il pourrait avoir un peu de considération pour nous, enfin, c’est hyper violent. » Peut-être que la parole aura atteint son but à motiver les troupes à fournir une roadmap, mais par peur. Et à quel prix ? Celui de la perte de confiance, celui des émotions négatives, celui qui, à terme, devient un véritable danger pour l’entreprise. Visez la synthèse de la parole rouge, mais ne soyez jamais, jamais brusque.
Être rigoureux
Le bleu est une couleur froide, c’est la parole rigoureuse, froide, sans fioritures, elle est préparée, méthodique, précise, on sait exactement de quoi il retourne, c’est rigoureux. C’est la parole qui s’intéresse au « comment », comment on va faire les choses dans le détail, comme ça. « Vous allez tous recevoir par e-mail avant mercredi prochain, la notice d’utilisation du nouveau logiciel. Nous visons une adoption par l’ensemble des salariés pour la fin de l’année avec reprise intégrale de toutes vos données existantes. Vincent, Karim et Nathalie assureront une permanence dédiée à la prise en main à partir du 16. » Je l’écoute et je me dis que cette personne est compétente, qu’elle sait de quoi elle parle, elle a tout vérifié, à la fin, il y aura pas d’erreur ou d’approximation. Face à un groupe, la parole rigoureuse, la parole bleue va se mettre à distance pour valoriser les faits, les analyses, la précision. Malheureusement, la parole bleue qui était rigoureuse peut apparaître carrément rigide quand elle devient bleu foncé. « Sur le nouveau logiciel qui sera donc dans sa version 1.03, il sera nécessaire de vous enregistrer. Il y a 17 champs à renseigner. Nous allons détailler champ par champ les valeurs autorisées, le nombre de caractères à ne pas dépasser et les messages d’erreur que vous pourrez éventuellement recevoir sur chacun de ces champs. Je vous demande bien entendu, avant la première utilisation lundi, de vous référer au document Notice d’utilisation sur l’intranet en tapant cette adresse que j’ai indiquée ici sur ce PowerPoint. » Oui alors, la parole bleue est souvent soutenue par un PowerPoint encore plus bleu. Et là, on se dit : « Où est-ce qu’il veut en venir ? » Hein et très vite, on se dit : « Euh, quand est-ce qu’on va déjeuner ? » Notre bleu a perdu absolument tout le monde à force de détails qui le rassurent lui quant à sa capacité à donner toute l’information. Soyez rigoureux, mais gardez-vous bien de la rigidité.
Être connecté
Quand je vous dis « vert », vous pensez à la nature, vous pensez calme, repos, stabilité, équilibre. La parole verte, c’est la parole connectée, elle est souriante, à l’écoute, interactive, c’est un vrai moment de partage, c’est connecté. C’est la parole qui s’intéresse au « pourquoi », quel est le sens profond de ce que l’on fait. La parole verte se présente comme ça : « On a vraiment eu à cœur avec le nouveau logiciel de gestion des congés de faire en sorte que la saisie et la signature soient beaucoup plus confortables pour vous pour que vous ayez le moins de choses à faire et donc, que vous puissiez profiter de vos vacances avec sérénité. » Je l’écoute et je passe un bon moment, je me sens considéré, je vois que l’on prend en compte mes besoins, je suis dans un petit cocon. L’oratrice verte ou l’orateur vert ne se met pas en avant dans le groupe, mais fait en sorte de faire partie intégrante de ce groupe pour lequel il ou elle veut le meilleur. Alors, le problème, c’est que la parole verte qui était connectée peut devenir vert foncé et peut apparaître timide. Voici par exemple la parole verte de celle ou celui qui doit redescendre des concepts auxquels il adhère pas. « Euh, je vais essayer de vous parler un petit peu de l’utilisation du nouveau logiciel. Donc euh, ben désolé si je m’emmêle un peu les pinceaux, c’est encore tout frais hein, c’est… c’est ni bien ni mal en fait hein comme changement, vous allez voir, c’est… hmm… c’est un peu différent en fait. » Là, on se dit : « Hou-là, là, cette personne n’assume pas du tout ce qu’elle est venue nous dire, ça commence vraiment mal ! » Et on perd la confiance et on n’adhère pas au projet. Oui, il est essentiel d’être connecté, mais la parole timide vous fera perdre, en capitales, CONFIANCE.
Être passionné
Le jaune, c’est la couleur du soleil, c’est éclatant, c’est vif, c’est la lumière, c’est la couleur de la bonne humeur, c’est la couleur de la joie de vivre. La parole jaune, c’est la parole passionnée. Elle est, elle est théâtrale, elle est engagée, elle fait rire, on passe un vrai moment de spectacle, c’est passionné. C’est la parole qui s’intéresse au « qui », avec qui je vais pouvoir passer un bon moment. Donc, la parole jaune peut ressembler à ça : « Alors, on va passer aux fonctionnalités du logiciel hein, je vous cache pas qu’il y a du nouveau et que ça va beaucoup vous plaire ! En deux mots, l’ancien logiciel, c’est la préhistoire, l’homme de Cro-Magnon qui essaie de faire du feu et le nouveau logiciel, c’est le feu d’artifices de toutes les couleurs. Quand j’écoute quelqu’un qui est ludique, spontané, créatif, engagé, je passe un excellent moment. Je me dis : « Waouh, mais quel charisme cette personne dégage ! », je dis : « Ouais, j’en veut encore ! » Et l’oratrice ou l’orateur jaune qui adore être au centre du groupe est galvanisé par les réactions de son auditoire et gère beaucoup moins son contenu. Alors, la parole jaune qui était passionnée devient marron et peut apparaître brouillonne. « Alors, vous inquiétez pas hein, j’ai une roadmap qui est quasi terminée, donc je vais vous la présenter en trois points ; non, disons deux… non ben allez, trois points. Allez, vous allez voir, vous allez, vous allez tout comprendre, ça va être absolument génial. D’ailleurs, pour vous matérialiser la roadmap, je vous ai mis un dessin de Bip Bip et du coyote. » Quand on entend ça, on peut se dire : « Le mec est pas du tout préparé, il a pas la moindre idée de comment il va s’organiser et puis, il nous fait perdre du temps avec ses Bip Bip ! » Le message finira par passer, mais il faudra l’inciter par des questions à clarifier son point de vue. Les gens passionnés sont passionnants ; les gens brouillons ne le sont plus. Soyez passionné sans être brouillon.
Choisir l’arc en ciel
Ça, c’est une œuvre d’art, c’est une photo d’un monochrome d’Yves Kein, c’est le fameux « bleu Klein ». Alors, je sais pas pour vous, je trouve que c’est très, très, très bleu, quoi ! Alors, un très beau bleu, mais… mais c’est tout. Très vite, je suis plus intéressé par ce monochrome, ou un autre d’ailleurs, qu’il soit rouge, jaune, bleu ou vert. Mon attention se perd. Ben, c’est que, en matière d’art pictural, je suis plutôt classique, alors, certains vont dire « paresseux ». Moi, j’aime qu’il y ait plusieurs couleurs. Vous allez me dire : « Mais Pascal, l’art moderne, c’est difficile à comprendre, ça demande un effort, il faut être éduqué. » Et c’est vrai, ça demande un effort et cet effort, on ne le fait que si on est motivé. Quand vous prenez la parole face à un auditoire, est-ce que l’on peut dire qu’il est systématiquement, dans son entièreté, a priori, motivé par votre sujet ? Non. Le cerveau humain est lui aussi extrêmement paresseux. Quand il écoute une parole monochrome, son attention se perd très vite et il pense à autre chose. Vous l’avez toutes et tous vécu, hein ? « Ah oui, une augmentation de 7 % de chiffre d’affaires ? Ah ben ça, ça me fait penser à Blanche Neige et les Sept Nains. Et comment s’appelaient déjà les nains ? Alors attends, il y avait Prof, il y avait Atchoum… euh et qu’est-ce qu’il vient de dire là ? » Eh ouais, la parole monochrome n’est pas vraiment efficace, elle n’atteint pas son but parce qu’elle manque des trois autres couleurs. On l’a vu : chacune des quatre couleurs est une force. En devenant multicolore et en apprenant à chercher le côté brillant de chaque couleur, et en évitant leur côté obscur, vous allez considérablement augmenter votre impact. Il est donc essentiel, nécessaire de faire appel aux quatre couleurs quand on prend la parole en public. Partez à la conquête des couleurs qui vous sont difficiles d’accès. Soyez synthétique et rigoureux et connecté et passionné. Concrètement, ça se passe comment ? La prise de parole, c’est quand vous prenez la tête d’un groupe de gens que vous tenez par la main pour les emmener quelque part. Dans la préparation, vous allez être synthétique, rouge, vous saurez déterminer votre message principal et le chemin le plus court pour y faire adhérer votre auditoire. Mais vous allez aussi être bleu dans cette préparation, rigoureux. Des recherches sourcées, des chiffres, vous allez lister des anecdotes, décider de votre accroche, décider de la fin. Et votre rouge synthétique vous aidera à décider aussi de ne pas tout dire, de ne conserver que ce qui est nécessaire. Et puis, vous allez répéter votre intervention, il faudra de nouveau faire appel à votre côté bleu pour être méthodique et laisser le moins de chance au hasard de vous déstabiliser. Vous vous retrouvez devant votre auditoire, mettez en avant votre côté vert : la connexion ; la connexion, c’est l’étape obligatoire avant toute prise de parole. Et votre devoir, c’est de la conserver tout au long de cette prise de parole. Elle se fait via le regard, le sourire, l’ancrage au sol afin de diriger toute votre énergie de communication vers votre auditoire. La conserver, c’est aussi être à l’écoute de celui-ci pour vous adapter dans vos mots, dans votre corps, dans votre voix tout en conservant votre ligne directrice, votre rouge et votre bleu. Et puis la passion, c’est le souffle magique que vous mettez sur tout ça. La passion, c’est l’obligation que vous avez de partager et transmettre l’intérêt que vous avez pour votre sujet afin de faire vibrer votre auditoire. Ça passe par l’invocation des émotions : les vôtres et celles de vos interlocuteurs, ça passe par une forme de théâtralisation de votre intervention en admettant que prendre la parole en public, oui, c’est être sur scène. Vous savez, la parole jaune, c’est la parole de celles et ceux qui savent placer le silence au bon moment. Qui savent créer des ruptures dans le discours, qui savent utiliser leurs mains pour accompagner leurs mots. La parole jaune, cela passe enfin par un investissement à 150 % pendant tout le temps que vous parlez. La passion, c’est la sueur de l’orateur. C’est aussi dans l’interaction avec l’auditoire que vous allez exprimer les différentes couleurs, vous allez chercher votre vert pour être bien à l’écoute de votre auditoire. Votre bleu pour lui répondre de manière précise, mais votre rouge pour être synthétique et revenir sur les rails de votre prise de parole. Et aussi votre jaune pour dédramatiser les situations tendues. Partez à la conquête des quatre couleurs et vérifiez bien : est-ce que vous n’avez pas également les couleurs obscures associées aux couleurs brillantes dans lesquelles vous vous êtes reconnu ? Éliminez ces couleurs obscures qui nuisent à votre parole ; ne soyez ni brusque ni rigide ni timide ni brouillon. Les voici, les outils concrets de votre prise de parole, les secrets de votre prise de parole. C’est pas un monochrome bleu de Klein ça vaut moins cher, mais ça rapporte plus. Ce sont ces outils qui vous permettront d’exprimer votre pleine puissance, d’avoir un véritable impact. La puissance, c’est quand on est exactement aligné de sorte qu’aucune énergie ne se disperse. Soyez préparé à être puissant ! Votre impact sera fort ! Et pour celles et ceux qui ont le sentiment qu’aller chercher des couleurs qui ne sont pas naturellement les vôtres, c’est se trahir, rappelez-vous d’une chose : nous avons les quatre couleurs en nous, nous avons accès à ces quatre couleurs ; y accéder, c’est pas se trahir, c’est se développer. Ça vaut le coup.
Lien : Éloquence Rhétorique