“Le but du travail sur soi n’est pas de devenir un maitre, ou d’atteindre un niveau de quoi que ce soit. Au contraire, c’est un parcours qui nous mène à ne devenir personne.” — Eduardo Muscara
Confondre concept et Réalité
Confondre concept et Réalité, c’est un énorme piège de développement spirituel.
La Réalité n’est jamais un concept, (La carte n’est pas le territoire).
Même si le concept est manifesté dans la Réalité à un instant donné, ce n’est pas sous la forme de concept, mais de Présence qu’il se manifeste. Le concept est purement une représentation mentale.
Ce piège fonctionne comme ça : Quand tu es bien intentionné, tu t’ouvres sur le monde et tu perçois la Réalité.
Ensuite, tu utilises des Concept pour communiquer ta perception passée, en espérant que les autres perçoivent la même chose que toi.
Le problème c’est que le concept :
- fait référence à du passé et n’est peut-être déjà plus vérifiable (cf. Anicca)
- a toujours été un concept et donc limité par la description (cf. La carte n’est pas le territoire)
En prenant le concept pour une vérité absolue, bientôt tu t’enfermes dans une image de vérité qui n’est en fait qu’une image figée du passé, une mémoire.
Une telle vérité, même si elle est Honnête et factuelle, ne peut pas transmettre l’aspect changeant et vibrant de la Réalité. On parle alors de vérité relative, qui au final est simplement une Croyance !
Plutôt que de valoriser les concepts et croyances (qui deviennent faux avec le temps), il faudrait valoriser l’Ouverture d’esprit (qui reste en Connexion avec le Monde).
Rester ouvert c’est voir la Réalité de L’instant présent. Cependant, être trop ouvert est difficile pour Sapiens car son cerveau a besoin de stabilité pour fonctionner, ainsi les croyances sont utiles.
Cependant, vivre dans tes Croyances, tes Valeurs identitaires, tes quêtes, tes concepts, c’est vivre dans tes propres illusions (tu rêves ta vie). Ça ne te permet pas d’expérimenter la puissance de la Réalité.
Non, ton égo ne va pas mourir
Croire que l’Illumination se fait au prix de Ton égo qui doit mourir… est faux. Vois ce texte de Suyin Lamour
Texte
Un nouveau vent souffle sur le phénomène nommé « éveil ».
Cela me met en joie, et j’ai envie d’appuyer et de soutenir ce mouvement.
J’ai cessé de partager ces deux dernières années sur les réseaux sociaux car je ne pouvais plus adhérer à une certaine mystification. Et je ne savais pas comment en parler autrement – ou tout simplement je n’osais pas.
J’en parlais cependant dans mes stages et j’entendais souvent : « merci, on a tellement besoin d’entendre ça ! »
La plupart des enseignements sur l’éveil se sont appuyés jusqu’à aujourd’hui sur l’advaïta, la tradition indienne de la non-dualité, dans la lignée de Ramana Maharshi, Nisargadatta, Krishnamurti… Qui donnent l’idée d’un état à atteindre, d’un établissement dans une équanimité absolue, un vécu impersonnel constant… Plus d’ego, plus de mental, plus d’émotions, plus de personnage…
Imprégnée de ces enseignements, j’ai cru moi aussi que c’était ça, l’éveil. Quand la Réalisation du Soi s’est produite, j’ai en effet goûté ce plan impersonnel pendant quelque temps. J’avoue, c’est top… Cependant…
Le « petit moi » est revenu. Il y a eu lutte, effort pour s’en extraire, revenir au Soi, décoller la conscience… Allers-retours épuisants et déconcertants… Incompréhension…
La lutte a pris fin quand il a été vu, depuis le Soi, que le désir de « demeurer en tant que le Soi » ne venait pas du Soi, mais du mental. C’était la garantie de ne plus jamais souffrir, c’était le Paradis, le refuge suprême.
Cependant, depuis le Soi, vivre “en tant que personnage” n’était absolument pas vu comme un problème ou une erreur ou un truc à dépasser ou à transcender ! C’était au contraire voulu, et aimé ! Le désir de l’équanimité absolue n’est pas le désir du Soi, mais celui d’une part du mental qui refuse l’inconfort émotionnel, qui refuse l’incarnation en somme. Ce qui est bien compréhensible… Mais qui est aussi un refus de la vie…
Alors depuis le Soi j’ai pris grand soin de cette part. Je l’ai remerciée, reconnue, réconfortée, rassurée. Ça a pris encore un peu de temps, mais peu à peu cette part a accepté le jeu du je, a accepté de s’incarner, de vivre pleinement la dimension humaine. Avec désormais le regard bienveillant du Soi, avec plus de détachement, avec une paix profonde et soutenante, un « fond sécure », et la joie de l’expérience.
Nous ne sommes pas des indiens. Nous n’avons pas du tout le même rapport à l’individualité que les indiens, nous ne pouvons donc pas vivre l’éveil de la même manière qu’eux.
Selon moi, l’éveil à l’occidentale est un éveil inclusif.
Oui, après la Réalisation, il peut encore y avoir des émotions, du mental, des réactions, des opinions, les conditionnements du personnage, un sens d’individualité, de la douleur (physique ou psychique), de l’inconfort, du refus… La différence avec avant, pour ma part, c’est que c’est accepté. Le sentiment d’être victime a disparu, il n’y a plus de dissociation entre « la vie » et « moi ».
Je crois qu’il y a souvent une confusion de plans. Sur le plan de l’Etre, du Soi, tout est accompli, complet, parfait, c’est un plan hors du monde, vierge de tout système de croyances et de concepts… Le véhicule humain, quant à lui, est complètement conditionné. On ne peut pas demander à une grenouille de voler… Il y a comme une « tyrannie de l’éveil » qui consiste à s’acharner sur cette pauvre grenouille pour qu’elle se transforme en colombe – à défaut de prince charmant - ou pire, qu’elle disparaisse.
Alors, avec ce nouveau vent qui souffle, j’ai envie de dire : « libérons les grenouilles ! »
Prenons soin de notre véhicule humain, libérons-le de ses conditionnements souffrants y compris celui d’aspirer à devenir une colombe, laissons la grenouille déployer tout son potentiel de grenouille et chanter de toutes ses cordes vocales !
Pour moi la réalisation du Soi n’a pas pour but le détachement de la dimension humaine, mais son plein épanouissement. Un humain « de connaissance », c’est à dire un humain qui connaît sa nature profonde, et qui grâce à ce fond sécure peut se libérer des carcans des conditionnements pour devenir « individué », c’est à dire libre de déployer les dons et talents de sa singularité, de l’unicité miraculeuse de sa forme temporaire. Sans saisie, en harmonie avec le flot de la vie, mais pleinement et joyeusement incarné.
Tout est à la fois aussi important que vain, aussi émouvant que dérisoire… Et surtout, il y a tant d’amour à goûter et à faire danser dans cette expérience humaine !
Il n’y a rien à trouver
De façon étonnante, il n’y a rien à prendre pour l’égo, plutôt il y a tout à rendre. Rendre toutes les tensions, arrêter la recherche est la seule chose à faire.
Mais avant cela il faut avoir un aperçu total de Ta conscience, et donc il faut avoir vécu la Présence, et donc avoir fait ce travail de recherche, avoir compris de manière définitive qu’il n’y a rien à chercher car ce que tu cherches est déjà ce qui permet cette recherche dans un premier temps. Le champ de conscience est au-delà du cerveau, du corps, des idées. C’est ce qui permet et contient tout cela. Donc expérimente, essaie de ne plus résister à ce qui est, et ouvre entièrement ton champ de conscience à ce qu’il contient: rend-toi compte avec une Méditation totale de tout ce qui est à l’intérieur de ta conscience. Apprends à rapidement revenir à cet état de conscience ouvert. Quand tu sais y résider, tu es illuminé et pourtant tu ne te vois plus comme un corps ou un égo. Tu prends conscience que le corps et l’égo apparaissent à l’intérieur du champ d’attention, et que tu es en Réalité l’espace conscient qui permet à tout contenu d’apparaître à l’intérieur. Tu es le vide et l’infini dans lequel le Monde et Ton égo apparaissent.
